Cesaria Evora : une mer bleue au Cirque d’Hiver…
Cesaria Evora
Une mer bleue au Cirque d’Hiver…
Mar Azul : toutes les mers sont bleues,
même au Cirque d’Hiver à Paris…
Cesaria Evora, la Diva aux pieds nus, a laissé sa voix en héritage à Paris, à la France, au monde, et surtout à Mindelo où elle repose, face à l’Atlantique, face à l’horizon de l’Atlantique que ses yeux ont longtemps scruté, à la recherche du moindre sursaut des vagues, des vagues qui déferlaient comme les sons de sa voix, cette voix qui venait des profondeurs abyssales de l’océan comme autant de messages codés, comme autant de bouteilles à la mer…
” Message in the bottle…’’
Il était une voix, chaude comme la rumeur, ” ma chaude rumeur d’Afrique, ma terre d’énigme et mon fruit de raison’’ (David Léon Mandessi Diop) qui monte et envahit la terre et l’eau…
Il était une fois, Cesaria Evora et Mindelo, deux destins, deux couleurs et une seule mélodie : tous les mots viennent du littoral…
Il était une fois, au Cirque d’Hiver à Paris, plusieurs voix : Mayra Andrade, Nilza, Angélique Kidjo, Bonga, Renato, Ismaël Lô, Teofilo Chantre et Camane le Portugais…
Et toutes les voix entonnèrent, dans un bel ensemble, ” Angola’’, le pays lointain, le pays du Dr Agostino Neto, et Angélique Kidjo dansa haut et bien, sur la piste basse du Cirque d’Hiver …
” Et mes larmes coulèrent doucement vers la mer’’… (Léopold Sédar Senghor)
Il était une fois, la Morna, il était une fois la Saudade, il était une fois la Coladera, il était une fois le Fado, il était une fois la guitare, le violon, le saxophone et la mer bleue…
Il était une fois Mindelo…
Cesaria Evora a laissé, tout près de nous, tout près de tous les mélomanes du monde, son ” Conjunto’’, ses musiciens talentueux et attachants qui perpétuent sa mémoire et nous font chanter, à tue-tête, les grands refrains de l’Atlantique, son Atlantique à elle, celui qui porte sa ville natale dans ses bras, Mindelo – Mindelho de Deus – la ville bénie des Dieux qui ‘” flotte’’ dans son sommeil, sur l’île de Sao Vicente, dans l’Archipel du Cap Vert…
Nous sommes nombreux à être allés à la rencontre de Cesaria Evora à Dakar, au Centre Culturel Français de Dakar, au Grand Rex à Paris et dans toutes les grandes salles du monde et du Japon…
Parfois, elle est venue à nous, sur la terrasse d’une maison simple de la Sicap Fann Hock à Dakar où la musique coulait à flots, dans sa simplicité légendaire et sa démarche lourde, la démarche des artistes accomplis qui ont porté la mer bleue dans leur cœur, et qui l’ont chantée et aimée comme seule Cize – son surnom – savait le faire, avec des accents empreints de nostalgie, une nostalgie qui vous fend le cœur et vous laisse des ” bleus à l’âme’’…
Ames marines où êtes-vous ?
Des voix puissantes et chaudes ont résonné l’autre dimanche – c’était le 30 septembre 2012 – au Cirque d’Hiver à Paris, pour rendre un vibrant hommage – le tout premier des premiers – à la Miss Perfumado, à Césaria de Mindelo…
Il était une fois à Paris, un cirque et sa scène bleue, il était une fois un jeune chanteur, Renato – retenez bien ce nom – que l’on conduisait, en le tenant doucement par le bras, vers le micro, et qui chantait superbement sur des airs connus de Cesaria Evora….
Et Bonga chantait et dansait à Montmartre et il disait : ” Si c’est ça Paris, je reste…’’
Il était une fois Ismaël Lô qui a chanté ‘’Tajabone’’, au cirque d’Hiver, en mémoire de la Diva aux pieds nus, et qui a accompagné dans les coulisses, dans un geste empreint de fraternité et de pure bonté, le jeune chanteur Renato, qui ne voit plus depuis longtemps la couleur bleue – Mar Azul – de la mer d’en face, la mer de Mindelo…
Mindelo, qui est ta mère ?
Il était une fois à Mindelo, il était une seule voix à Paris : la voix Atlantique de Cesaria Evora…
Voix Atlantiques, Mar Azul…
Appelez-moi simplement ” Cize’’, disait la Diva…
Jean Michel SECK
Paris, Octobre 2012