GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Al Makhtoum «  ouvre le ciel et la mer » de La rose et le papillon…​

Al Makhtoum de Tidiane Sène

 

Un beau poème qui

« ouvre le ciel et la mer »…

Un beau poème qui « ouvre le ciel et la mer »…
Le « message des eaux » est un message universel…
Marcher sur l’eau (Jésus Christ), prier sur l’eau ( Khadimou Rassoul, Ahmadou Bamba), écarter les eaux ( Moïse), le « message des eaux » est un message profond, un message à méditer, au milieu de la «  cinquième saison »…
Al Makhtoum, guide religieux qui a marqué son temps, a « marqué la mer » et toutes les eaux primordiales…
Ses paroles ont été « bues »
« une pensée auréolée de roses », celle de Al Makhtoum, est une « pensée sans épines »….
«  la rose et le papillon »…
Écoutons le « message des eaux… »…
Le « message des eaux » est un message pluriel…
Les eaux parlent…
Un poème salvateur…

 La rose et le papillon…​

La rose est née sur les contreforts arrosés du Fouta Djalon ; une abeille rose qui cherchait la voie lactée a changé son destin de fleur épanouie.

Les épines de la rose durent aussi longtemps que les rêves de jeunesse nourris de gelée royale ; toutes les ruches sont riches de vie pour les reines amies.

Au bout de la fleur jaillit une pensée pieuse comme l’avenir de l’index tendu vers le mirage célèbre de Thèbes.

Le sage arpente la colline rouge et aperçoit dans le filament ondoyant, la rose illuminée…

Le rouge n’est pas la couleur préférée de la rose et chaque pas franchi sur la terre ferme bat la mesure du temps marqué au compas.

Le chemin des coquelicots est une découverte de la deuxième vie de la rose ; s’envoler sans fleurs est un choix continental. L’Afrique a précédé l’Europe dans le ciel dévoilé des nocturnes de Ségou.

Le nom donné à la rose est sorti de l’urne matinale que tenait entre ses mains le sage de Bandiagara ; les hommes de la falaise réclament la prière de l’absent mais El Hadj Omar ne reviendra pas dans son royaume car la fleur – la rose – ne se porte pas au fusil !

Le voyage de la rose de Djiguibombo à Mopti a duré une heure, une heure tardive ; le temps d’escale n’a jamais été compté car l’air du temps était frais, à peine quelques gouttes de sueur qui perlaient sur le front d’épices.

L’or fin de Mopti a servi de couleur provisoire à la rose qui flottait sur le Bani ; main promise du fleuve qui cherche son lit entre l’hippopotame et le lézard emblématique…

Mopti est une onomatopée ; le nom construit de la ville malienne mais sahélienne est un code secret, l’esprit Dogon veille sur le grand livre hermétiquement fermé du savoir…

La rose a emprunté la pinasse, à la tombée de la nuit, pour s’enfuir vers Tombouctou ; tous les comptes sont faits et nul crocodile du Nil n’a été associé à la manœuvre américaine de l’oncle Tom, le noir d’ébène qui se démène comme un beau diable près du puits retrouvé.

La rose est devenue blanche devant la mosquée célèbre de Sankoré ; le savant a parlé pour la seconde fois sur sa terre rivale, le Docteur Ahmed Baba a donné sa dernière leçon de botanique à la rose…

Le jour du départ avait sonné et la rose posa une aile translucide sur la gazelle assoupie ; une limonade chez les nomades du Nord ?

Quel continent choisir pour gratter sa guitare ? La rose a conservé – dans les airs – la couleur d’un souvenir du Sud : l’argile verte de Djenné…

La rose s’est transformée derechef en fleur au moment de dire adieu à l’Afrique ; les yeux ne regardent jamais le front bombé, l’horizon est la limite périssable du regret !

La rose est un papillon qui dessine au crépuscule dans le ciel le visage huileux de l’initié…


​Vovo Bombyx
​ Paris le 14/8/09