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Dialogue politique : Aly Ngouille Ndiaye, Dieu Janus ?

Dialogue politique

Aly Ngouille Ndiaye se dédouble

Ministre de l’Intérieur, il savait organiser dans la bonne durée. Une fois dans l’opposition, il a pris le pari d’aider à se retrouver, à se parler et à se préparer sur le double plan de l’organisation et la participation ; c’est le scénario mûri par Aly Ngouille Ndiaye au dialogue politique organisé entre le 28 mai et le 4 juin. Un Dieu Janus qui a été aux deux bouts de la corde ?

Sur le double plan de l’organisation et de la participation, Aly Ngouille Ndiaye a pleinement rempli le rôle dont il a toujours rêvé en la circonstance, qu’il soit du pouvoir ou dans l’opposition : jouer à l’opposant républicain et donner une densité à ses propositions. Et avoir été de l’autre côté, regardant donc à la fois les acteurs sous un double rôle de tenant du pouvoir et d’opposant.

D’où, comme avec Amadou Bâ et Ababacar Khalifa Sall, un silence prolongé qui a pu donner lieu à équivoque face au pouvoir et une intervention publique, à l’ouverture du dialogue le 28 mai, qui a pu prêter à confusion sur les dérives institutionnelles à leurs yeux contraires aux principes fondamentaux de l’État de droit et de la démocratie. Le plus du maire de Linguère aura été d’aider une partie de l’opposition à se retrouver avant pour mieux participer, contrairement aux deux autres ténors de l’opposition.
Aly Ngouille Ndiaye n’est pas seulement de son temps, il est l’homme du temps dans le temps du jeune vieux dans le sens du vent politique. Longtemps organisateur du dialogue national, le ministre d’alors prenait son temps pour peaufiner son affaire ; il donnait également du temps aux congressistes pour une meilleure densité morale des propositions qui sortiraient des assises. “Se préparer et organiser dans la bonne durée” était sa devise.
Il se réjouit certes que “les gens veuillent se retrouver, se parler, se préparer”, mais trouve le temps “court pour négocier “. Il se console ainsi des consensus forts dégagés et ne s’offusque pas du temps promis en prolongation pour peaufiner, le ministre de l’Intérieur ayant lui-même laissé la porte ouverte pour poursuivre et approfondir les accords retenus et discuter des points délicats.

S’offusque-t-il lorsqu’on lui rappelle la parenthèse entre le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité et celle que facilitateur quand l’un et l’autre, devant Oumar Sarr de Dagana rejetant les ukases, affirmaient que l’opposition n’est “pas prête à dialoguer” ou que, de l’autre côté, on se désolait de ne pas avoir l’unanimité des formations politiques autour de la table ? Pragmatique, il constate la bonne volonté des uns et parie sur la bonne foi des autres. Voire.

Au moment de la redistribution de l’électorat sur l’échiquier national, l’attitude de Aly Ngouille Ndiaye pourrait lui valoir un retour sur investissement : renseigné par le score de sa dernière participation à une consultation nationale, il a appris à ménager sa monture et ses efforts pour aller loin. Comme il le dit lui-même dans sa nouvelle logique : se retrouver, se parler, se préparer. Tous ensemble ou pour marcher séparément ensuite ? Alors, comme dans l’olympisme : toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus loin ?

Pathé MBODJE