Y’a-t-il une race française ?
Pureté d’un peuple
Un concept maléfique et infondé, notamment en France
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella aurait des ancêtres berbères algériens. Avec ses prises de positions anti-immigrés et anti-immigration, un tel héritage serait lourd à porter, surtout que ces ancêtres-là, comme les immigrés d’aujourd’hui, étaient mus par le désir de se soustraire à la précarité et à l’indigence.
La France a connu historiquement des vagues d’immigrations très souvent suscitées voire encouragées par ses gouvernements.
Il faut rappeler que le pays des Le Pen à connu des saignées démographiques sévères, avec la mort d’innombrables hommes à la fleur de l’âge, lors des deux conflits mondiaux du vingtième siècle. À ces morts s’ajoutaient les mutilés de guerre inaptes aux travail. La solution trouvée a été le recours à l’immigration.
Ce fut d’abord avec les Polonais puis les taliens avec les Espagnols, les Portugais et dans les années cinquante à soixante-dix les ressortissants du maghrébins et même subsahariens. L’industrie et l’économie françaises avaient besoin de cette main-d’œuvre dont la France ne disposait pas. Même sans parler de ces vagues d’immigration les plus récentes, il faut se souvenir que le sud de la France compte une importante population d’origine arabe plus ou moins métissée avec les Sarrasins pour ne pas dire Arabes ou Berbères.
Après des défaites mais aussi victoires des armées musulmanes lors des nombreuses batailles dont celle de Poitiers, celles-ci se sont installées ou disloquées. Une bonne partie des troupes sont restées dans la région et y ont fait souche ; ces musulmans arabes et berbères se sont alors regroupés dans des hameaux dont les toponymes rappellent l’origine de leurs habitants. Il en de même pour leurs patronymes qui souvent portent le radical Maur.
Au vu de toutes ces péripéties historiques, la pureté d’un peuple comme celui de la France est un mythe parfois au service de l’idéal républicain mais aussi, dans d’autres cas, une référence pour propager des idéologies d’exclusion.
Ce qui est ironique, c’est que les deux porte-drapeaux de l’extrême-droite xénophobe les plus en vue ont leurs origines hors de la France métropolitaine.
Les frontières sont des constructions artificielles. La diversité humaine les transcende. Il n’est pas plus grande cécité politique que d’ignorer cette réalité
Ababacar Sedikh DIAGNE