Violences politiques : Noir sur blanc
Violences politiques
Livre blanc
sur une journée noire
Le gouvernement renfermé sur lui-même a réagi à la vitesse de l’éclair en fermant l’université et les consulats sénégalais à l’étranger. Le rappel subséquent d’une partie du personnel suggère aussi des relents politiques quand les rappelés évoquent des liens avec une formation politique. L’annonce de la réouverture 48 heures après la présentation d’un livre blanc au corps diplomatique semble attester cependant une meilleure maîtrise de la situation sur l’international dont il ne faut pas se quitter, ni de ses racines externes, quelle que soit leur qualité : le service du ne saurait souffrir des errances de quelques éléments de la société en rupture morale.
Le livre blanc semble l’œuvre d’un homme ou d’une femme de l’art qui fait la genèse de
l’affaire Sweet Beauté mais refuse les ramifications externes ; il est vrai qu’on ne fait pas de diplomatie sur la place publique. L’expulsion de certains ressortissants étrangers renforce cependant la connexion établie depuis quelques années d’appuis financiers étrangers conséquents qui ont donné l’ampleur des violences politiques de juin 2023.
Déjà, l’alerte avait été donnée à la suite de collectes de fonds en 2021 et l’émergence d’un « Commando Pastef » en juin 2022. Certaines traçabilités ont également permis de fixer quelques points sur la mappemonde d’où des sommes ont été collectées pour aider à la « résistance », doux euphémisme pour couvrir une insurrection.
Après le président qui a parlé d’une conspiration sur l’international, des remontées et une exploitation suspecte et intéressée des informations sur le Sénégal suggèrent des biais dans l’appréhension des faits relatés : aucune analyse balistique n’a établi hors de tout doute raisonnable la nature et le calibre des armes utilisées pour en relever l’imputabilité ; la justice américaine rejetterait toute allusion à ces faits non étayés quand nous journalistes nous extasions devant les affirmations intéressées de la presse étrangère. Il est par ailleurs établi que la sécurité exige souvent des éléments non en tenue, comme lors des taxis brousse conduits par des agents de renseignements généraux, les “thioyes“, comme on les appelait naguère, experts en camouflage et efficients sur le plan des résultats ; on refuse aujourd’hui leur existence pour en faire des nervis.
Un intérêt démesuré cache mal une volonté de la France et des États-Unis en particulier de réguler le jeu politique sénégalais à l’aune d’un respect constitutionnel valable au Sénégal mais pas en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Congo d’un président à vie depuis la victoire d’une milice de Denis Sassou Nguesso sur l’Armée, ou même au Gabon et au Togo dynastiques des seuls Bongo et Éyadéma. Au demeurant, les exemples libyen et maghrébin d’un printemps arabe devraient amener à plus de prudence devant la déstabilisation de l’Afrique orchestrée à partir de l’Occident.
Certains estiment tardive la réponse de l’État dans la gestion de l’affaire Ousmane Sonko.
Le temps de la justice n’est pas le temps de la politique : les différents ruisseaux convergeant vers le delta du fleuve Sénégal doivent être consolidés dans un moment de discrédit total du pouvoir ; de la pandémie de la Covid-19 à l’affaire Ousmane Sonko, les populations ont refusé de suivre en aveugle un gouvernement gestionnaire d’un malaise social persistant qu’il n’a pas su mettre en perspective à partir de 2012 pour gérer la résilience face aux grandes crises de la maladie et de la guerre qui renferment les populations sénégalaises dans le lugubre ghetto de Varsovie.
A l’arrivée, l’incurie dans la gestion de Force-Covid et le plongeon dans l’abime du dénuement avec la guerre en Ukraine ont démontré les limites d’un pouvoir plus préoccupé par le spectaculaire des infrastructures devant la paupérisation des populations sénégalaises. Gouverner, c’est prévoir : Abdoulaye Wade ou Ousmane Sonko, ” En réalité Sonko n’est que le catalyseur d’une jeunesse en mal de vivre. L’année 2012 a été un tournant décisif après l’échec du “Yonu yokute”, un projet qui avait qui avait permis beaucoup d’espoir à l’époque. Sonko a réussi a rallumer et fortifier la lueur vacillante d’espoir qui sommeiller en chacun de nous “, El Hadji Ibrahima Ndaw dixit.
P. MBODJE