GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Université de Matam: Une nécessité prioritaire De notre correspondant régional, Habib KÂ

Un Institut supérieur d’Enseignement professionnel délivrant un diplôme de technicien supérieur dans les filières de l’agriculture-élevage-production forestière, de l’agro-alimentaire, des Mines, de l’Aquaculture et de l’Artisanat. Est-ce suffisant pour Matam, région d’avenir appelée à promouvoir des projets innovants pour un développement durable, intégré ?

Pour saluer la mémoire d’illustres savants et érudits et de ses nombreux  grands savants, grands universitaires, Matam mérite une Université.

 Et ce ne serait que justice pour Thierno Yéro Baal de Nguidjilone, Thierno Moussa Camara de Ganguel Soulé, Thierno Alpha Oumar Thierno Bayla de Kanel,   Thierno Abdarahmane de Banadji, Thierno Abdoul Karim Diawandho de Seno Paalel, Thierno Ahmadou Boyinaadji,  Thierno Siick de Doumga Wouro Alpha, Thierno Hamidou de Ndendoori.

De l’indépendance à nos jours, les autorités administratives sont toujours confrontées aux mêmes difficultés pour offrir un enseignement de qualité à une population jeune qui se bouscule chaque année devant les portillons des centres des orientations pour accéder au Temple du savoir. Un casse-tête que les gouvernements locaux peinent à résoudre du fait certainement de mauvais choix des politiques publiques ou d’une gestion malsaine des ressources publiques de l’Etat.

Une opportunité est ainsi toute offerte gracieusement aux privés d’investir sur les carences du système éducatif de l’État sénégalais et de se sucrer sur son dos.

L’Université de Dakar date de 1957 ; ce n’est que trente-trois après que le régime toujours aux commandes depuis les indépendances, daigne en construire une seconde, Gaston Berger à Saint-Louis en 1990.

Le président Abdoulaye Wade, en fin de son premier mandat, a ouvert en 2007 trois fronts à Ziguinchor, Bambey et Thiès qui restent à améliorer et consolider.

Son successeur, le président Macky Sall,  en est à une, virtuelle, en plus de celle du Sine Saloum et de Amadou Moctar Mbow de Diamniadio.

Est-ce suffisant ?

La demande est toujours là, pressente.

Même si Matam se revalorise d’un Institut supérieur d’Enseignement professionnel (ISEP) créé par décret présidentiel du 14 juin 2016, l’ISEP de Matam est plutôt  une alternative aux cursus universitaires classiques. Aux bacheliers et assimilés tels, il délivre après deux ans d’études un diplôme de technicien supérieur dans les filières de l’agriculture-élevage-production forestière, de l’agro-alimentaire, des Mines, de l’Aquaculture et de l’Artisanat.

Située entre les régions de Louga et Kaffrine au sud, Saint-Louis à l’ouest, la Mauritanie au nord qui borde toute cette bande septentrionale communément appelée vallée du fleuve Sénégal, Tambacounda à l’est faisant carrefour frontalier avec le Mali et la Guinée Conackry, la région de Matam, de par sa position de choix dans la sous-région est toute indiquée pour abriter des projets innovants pour un développement durable, intégré.

Aussi, il faut le souligner tout de suite, construire une université publique dans cette région serait qu’un hommage rendu, à titre posthume, à d’illustres savants et érudits qui dispensaient depuis l’aube des temps, des cours coraniques de très haute volée, du charia (droit musulman), du nahwou (grammaire) et d’autres disciplines sans qu’il y ait une académie institutionnalisée. Et ils sont nombreux ces grands savants, grands universitaires, de Thierno Yéro Baal de Nguidjilone, Thierno Moussa Camara de Ganguel Soulé, Thierno Alpha Oumar Thierno Bayla de Kanel, en passant par Thierno Abdarahmane de Banadji, Thierno Abdoul Karim Diawandho de Seno Paalel, thierno Ahmadou Boyinaadji, jusqu’à Thierno Siick de Doumga Wouro Alpha, Thierno Hamidou de Ndendoori.

Thierno Yéro Baal Hanne de Nguidjilone pour ne nommer que celui-là, était un homme de Dieu, un saint. Un waliyou qui dispensait ses cours à des waliyous ; Seydi El Hadj Malick Sy de Tivaouane, Thierno Hamet Baaba Talla de Thilogne, Thierno Alpha Hasmiou Taal (petit-fils de Oumar Al Foutiyou) ont bénéficié de ses enseignements

Foyer d’érudition

Ceci pour rappeler aussi que le Fouta, de tout temps, a été un foyer d’érudition, de perfectionnement, de dévotion, que l’Islam et la langue arabe y ont trouvé le terreau nécessaire pour s’implanter durablement, s’épanouir, se propager.

L’enseignement rigoureux du Coran et d’autres disciplines associées, transmis sans altération de génération en génération, confère aux maîtres des spécialités confirmées des disciples qui viendront de partout de l’intérieur du Sénégal ou des pays limitrophes pour quérir le savoir, la sagesse, le chemin de la repentance et de la foi en Dieu.

En effet, les disciples viennent de partout, des quatre coins des pays voisins pré-cités, de petits enfants, des jeunes, des moins jeunes qui se retrouvent présentement chez Thierno Samassa à Matam, Thierno Aliou Thiam à Ourossogui, Thierno Mody Diallo à Bokkidiawe, Thierno Siradji Talla et Thierno Abdoul Wahab Ly Sahrane à Thilogne.

Matam est sans conteste un pôle de convergence du savoir, pour avoir été un carrefour de développement où les infrastructures routières, aéroportuaires, sanitaires sont présentes et en nette amélioration. Aussi pour ses richesses minières, ses phosphates riches en teneur en cours d’exploitation et qui affleurent partout jusqu’à les dénommer phosphates de Thilogne.

Le Daande Maayo n’est pas en reste.

Le tocsin a sonné pour le retour des émigrés, un véritable retour à la terre est en train de s’organiser pour aussi s’adapter aux techniques modernes de l’agriculture, de l’élevage, de la pisciculture. Matam les canicules, la poussière, l’enclavement, la soumise veille bien sur son aura, ses richesses, ses potentialités inextinguibles et remplir d’ores et déjà des critères objectifs pour être une région éligible pour la coopération décentralisée avec des partenaires extérieurs. La Fédération des Associations pour le Développement de la Région de Matam y travaille depuis des lustres.

Le Conseil Régional doit savoir oser prendre des initiatives et rompre avec la mentalité attentiste du “Tout Etat” ou rien.

C’est dire que les conditions objectives et subjectives pour construire une Université publique sont réunies : la région fournit chaque année un bataillon de bacheliers qui, s’ils étaient orientés sur place, auraient plus de chance de suivre normalement leur cursus et permettraient aussi d’avoir des résultats probants. Ce qui est vrai pour l’enseignement coranique l’est davantage pour les études académiques de l’école publique française.

Depuis la colonisation, la région de Matam a joué loyalement sa partition comme pourvoyeuse de main-d’œuvre locale et de jeunes recrutés pour l’école des fils de chefs qui avait pour destination de suppléer à un déficit de personnel administratif local : interprètes, moniteurs d’enseignements, agents sanitaires, agriculture, élevage.

Plus tard Matam, comme pour le Coran et l’arabe, s’est révélée être un foyer d’intellectuels, de cadres de haut niveau qui ont su mettre à la disposition de l’État et de la Nation leur savoir dès les premiers soleils des indépendances.

Nous ne saurons clore ce chapitre sans insister que la construction d’une université est aussi une compétence du Conseil régional. Le CR est bel et bien habilité à traiter de l’Université.

Qu’en sera-t-il du Groupement d’Intérêt Communautaire (GIC) Bossea regroupant les quatre communes de Orefonde,  Agnam Civol, Thilogne et Dabia qui bénéficie d’une enveloppe financière de 700 milliards de francs cfa ?

Si Yaya Abdoul Kane,  le président du Gic et les maires associés le souhaitent, l’Université est dans la poche sauf s’il y a des contraintes dans les clauses d’un contrat que nous ignorons.

 

Que pensez-vous de cet article ? N’hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire».