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Unité africaine : Manu Military

Unité africaine version Pastef

Manu militari

Le prétexte d’une relance de l’unité africaine par cercles concentriques chère à Senghor se heurte du côté de Pastef à la tenue Kaki par laquelle Ousmane Sonko veut commencer avec le voisinage ; l’allégeance transitive à Moscou relance la Guerre froide, ou, plus exactement, réchauffe la Guerre froide. Mais le Premier ministre insiste sur la part du feu qu’il faut établir entre l’Etat et le parti. Voire ! “Comment expliquer le voyage du président Diomaye en Côte d’Ivoire et l’orientation du Premier ministre Sonko vers les putschistes du Sahel et la “France Insoumise” de Mélenchon ?”, se demande Modou Sarr Arsa, un vieux militant libéral des années de braise.

Simplement par souci de diversifier les partenariats, dans le cadre de la “rupture systémique”,  mais en même temps de dissocier le parti et l’État : “Lui, c’est lui, moi, c’est moi”, air connu depuis l’An 2000. Telle est à l’analyse la philosophie du parti au pouvoir de chercher l’unité africaine en adoucissant les mœurs militaires par cercles concentriques, comme aurait dit le président Senghor. Bamako vient d’administrer une douche froide en prolongeant le mandat des militaires invités à être candidats éventuellement. Retour à Amadou Toumani Touré dans un éternel retour du balancier : des centaines de participants à des consultations nationales ont émis des recommandations dans ce sens. Les observateurs aussi.

Ce souci heurte cependant la morale : les régimes autour du Sénégal excluent les populations dans le jeu politique, expression de la liberté ; l’unité des peuples vaut mieux que celle des régimes autoritaires, ce que semble oublier Ousmane Sonko. Autrement dit, Sonko et son parti, pas l’État du Sénégal, peuvent-ils prendre prétexte d’une relance de l’unité africaine pour prêter indirectement allégeance à Moscou à travers des régimes reposant pour l’essentiel sur l’assistance directe ou indirecte de Moscou ?

Au vu du passif social, politique et économique de ces dernières années, il y a lieu cependant de se poser la question centrale, comme aurait dit l’autre : Sonko et son parti peuvent-ils ramer à contrecourant d’un processus démocratique et se séparer de l’État au nom de la souveraineté du parti ? Renvoient-ils l’ascenseur à ceux qui auraient pu participer aux curieuses levées de fonds de ces dernières années en faveur d’un parti qui a frisé la dissolution pour financement extérieur avant rétropédalage du pouvoir de l’époque ?
Moscou a ravivé la flamme du mouvement “Mir” depuis la crise ukrainienne qui avait secoué le monde dans années 80 pour appeler à la Paix.

“Pendant la guerre froide (1947–1991), lorsque l’Union soviétique et les États-Unis étaient engagés dans une course aux armements, l’Union soviétique a promu sa politique étrangère par le biais du Conseil mondial de la Paix et d’autres organisations de façade. Certains auteurs ont affirmé que cela avait également influencé les groupes de paix non alignés en Occident, bien que la CIA et le MI5 aient douté de l’étendue de l’influence soviétique”. (Wikipedia)

Cette paix, Mir, née dans la Russie tsariste, rejoint la théorie eugénisme de Poutine et celle d’un Adolf Hitler ; elle vaut aujourd’hui l’épuration ethnique autour de la Crimée, du Donbass et de l’Ukraine, comme naguère le fit Hitler avec la crise des États baltes avec le corridor de Dantzig, comme aujourd’hui les Juifs en Palestine autour d’un prétendu peuple élu.
Moscou a relancé l’idée, sous la même appellation ou sous le nom de “Parade” initié récemment en France, parallèlement au développement d’une stratégie de conquête du pouvoir par certaines forces.

Moscou elle-même s’épuise aujourd’hui dans sa recherche d’union ethnique et fait appel à des supplétifs venus de tous les coins du monde, comme naguère elle avait armé les Cubains contre les États-Unis d’Amérique et pour la Corne de l’Afrique et les Etats de la ligne de front pour faire face à l’apartheid. 

La réconciliation dans l’empire Arc-en-ciel doit convaincre d’un préalable à l’unité africaine : la libération et la liberté des populations. Sans le kaki, même sous la forme d’un trois-pièces.

Pathé MBODJE