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Trois figures marquantes de la période des luttes collectives pour les libertés fondamentales : Valdiodio Ndiaye, Abdoulaye Ly, Assane Seck El Hadji Ibrahima Ndao

El Hadji Ibrahima Ndao est un historien et homme politique : au sein du Parti socialiste, il a joué un grand rôle dans les années de braise au Sénégal ; il est également l’auteur du livre intitulé « Sénégal, Histoire des conquêtes démocratiques ».

La présente étude est sa contribution à un ouvrage collectif dont elle est la principale épine dorsale : Les évolutions politiques de Valdiodio, d’Abdoulaye Ly et d’Assane Seck dans la période des luttes collectives pour les libertés fondamentales au Sénégal jusqu’à la crise de décembre 1962.

V-Me Valdiodio Ndiaye, l’homme du 26 août 1958

À Dakar donc, l’accueil du Général de Gaulle fut mouvementé avec des jeunes porteurs de pancartes reprenant les mots d’ordre de l’UPS section sénégalaise du PRA donnés par le congrès de Cotonou : « Indépendance immédiate ! », « Diot Sa Rew ! » auxquels faisaient écho les slogans de « Mom Sa Rew ! » du PAI qui résonnaient des quatre coins de la Place Protêt (Place de l’Indépendance actuelle).

Déploiement frénétique des pancartes à l’accueil du Général de Gaulle

Ambiance surchauffée

L’ambiance déjà suffisamment surchauffée par les slogans, les chahuts, les sifflets, la bousculade indescriptible sur l’immense place Protêt et difficilement maîtrisée par les forces de l’ordre, devient subitement survoltée par les propos de Me Valdiodio Ndiaye résolument en phase avec les attentes de l’immense foule de jeunes gens, particulièrement ceux qui brandissaient des pancartes aux mots d’ordre de l’UPS-section territoriale du PRA.

C’est dans cette atmosphère survoltée que Lamine Guèye, en tant que Maire de la Ville, pris le premier la parole pour souhaiter la bienvenue au héros de la France Libre, en ces termes :

« C’est avec joie et fierté que la population de Dakar accueille en ce jour le chef du Gouvernement de la République, au terme de son voyage historique à Madagascar et en Afrique Noire, avec, à ses côtés, un grand ami des Africains, M. Bernard Cornut-Gentille. Voyage d’information, certes, mais aussi et surtout, voyage d’amitié qui vous aura permis, mon Général, de constater, comme en 1944, à Brazzaville, la même foi dans la destinée des peuples de France et des populations des Territoires d’Outre – Mer et leur volonté de déterminer une association d’Etats égaux en droits et en devoirs. C’est à un tournant de l’histoire que vous avez été emmené sur le sol même de l’Afrique ».

Le sénateur-maire évoque ensuite 1940 et le Gouverneur Félix Eboué, seul et unique Gouverneur Général de race noire, 1943 et le retour des libertés démocratiques, 1944 et la conférence de Brazzaville, 1945 et l’accession aux assemblées parlementaires métropolitaines de tous les anciens sujets, la France grand pays de la Démocratie et des Droits de l’Homme. Puis il rappelle les décisions du congrès de Cotonou rappelant qu’un OUI n’a de valeur que si on a le droit de répondre NON, ajoutant :

« Votre présence ici, mon Général, lève tous les doutes à cet égard. C’est en toute liberté que le peuple sénégalais se prononcera le 28 septembre.
Honneur au Général de Gaulle !
Vive la République
Vive l’amitié franco-africaine »

Puis ce fut le tour de Valdiodio Ndiaye, ministre de l’Intérieur, assurant l’intérim du Président du Conseil de Gouvernement Mamadou Dia empêché, de prendre la parole pour lire, au nom du Conseil de Gouvernement, sur un ton à la fois ferme et courtois, et en des termes explicites et revendicatifs, un discours en faveur de l’indépendance nationale.

« Monsieur le Président,

Le Sénateur-Maire de Dakar vient de vous adresser au nom de la ville qui vous a accueilli aujourd’hui, et avec toute l’autorité qui s’attache à sa double qualité de premier magistrat municipal et de doyen des hommes politiques sénégalais, des paroles de bienvenue aux quelles veut d’abord s’associer le conseil de gouvernement du Sénégal, dont je suis aujourd’hui l’interprète en l’absence de Monsieur le Président Mamadou Dia retenu en Suisse par une cure que ses médecins lui ont déconseillé d’interrompre.

Pour la ville de Dakar, et le Sénégal tout entier, votre visite a trop de préoccupations pour que nous puissions simplement nous réjouir de recevoir un hôte illustre, nous féliciter de l’honneur qui nous est fait et vous remercier d’être venu personnellement nous exposer vos projets.

Le peuple d’Afrique, comme celui de France, vit en effet des heures qu’il sait décisives et s’interroge sur le choix qu’il est appelé à faire. Dans un mois, le suffrage populaire, par la signification que vous avez voulu donner à sa réponse outre-mer, déterminera les rapports franco-africains.

A la veille d’une telle consultation, sur un tel projet, vous n’avez pas craint d’entreprendre, pour nous informer et pour vous informer, un voyage long et exténuant.

Une telle initiative a d’autant plus de prix que votre temps est mesuré et nos climats incléments. Aussi, pensons-nous que le meilleur témoignage que nous puissions vous rendre est de nous imposer à nous-mêmes le devoir de vous donner ici, du haut d’une tribune suffisamment sonore, en toute franchise et en toute clarté, sans passion mais sans équivoque, notre position à l’égard des grands problèmes qui se posent à nous.

Ainsi, lorsque vous quitterez demain Dakar pour regagner Paris, nous saurons mieux les uns et les autres quelles sont les aspirations de ce pays et les données du choix qui nous est proposé. Ainsi pourrons-nous, pendant le peu de temps qui nous sépare du jour où sera annoncée la version définitive du projet constitutionnel, procéder aux ultimes mises aux points et préparer les dernières décisions.

Le programme et les revendications du Gouvernement du Sénégal, si elles doivent être rappelées, ne devraient pas surprendre, car elles ne sont pas nouvelles.

Par des vœux unanimes et répétés, le Conseil de Gouvernement et l’Assemblée territoriale du Sénégal, expressions authentiques de la volonté populaire, n’ont pas manqué de faire connaître les grandes lignes et les détails des réformes qu’ils jugeaient immédiatement nécessaires. Leurs revendications essentielles, leurs appels les plus pressants n’ont alors reçu aucune réponse.

C’est alors que le Congrès de Cotonou s’est réuni et a défini la doctrine et le programme du Parti du Regroupement Africain auquel appartiennent, je dois le rappeler, tous les parlementaires du Sénégal, tous les conseillers de son Assemblée territoriale, tous les ministres de son Gouvernement.

Il ne peut donc y avoir aucune hésitation. La politique du Sénégal, clairement définie, s’est fixé trois objectifs qui sont, dans l’ordre où elle veut les atteindre : l’indépendance, l’unité africaine et la confédération.

C’est dire, et nous ne devons pas nous le dissimuler, que ce que nous avons pu jusqu’ici savoir des avant-projets constitutionnels ne nous laisse pas sans inquiétude, ni même sans angoisse, en raison des malentendus qu’ils permettent et des fausses alternatives qu’ils semblent imposer.

Nous disons indépendance d’abord mais en nous fixant ce préalable nous ne faisons qu’interpréter l’aspiration profonde de tous les peuples d’Afrique noire à la reconnaissance de leur personnalité et de leur existence nationale. L’indépendance est un préalable. Elle n’est pas une fin en soi. Elle n’est pas un idéal en elle-même. Mais pour ce qu’elle rend possible. Elle ne véhicule pas une volonté de sécession. Elle ne recèle aucune intention d’isolement ni de repliement sur soi.

C’est pourquoi le dilemme fédération ou sécession nous paraît un faux dilemme et qu’à cet égard notre réponse court le risque de recevoir arbitrairement une interprétation qu’elle n’implique naturellement pas. Je peux, et j’ai même le devoir de déclarer que demain tous les “oui” ne comporteront pas une renonciation délibérée à l’Indépendance et que tous les “non” ne traduiront pas une volonté de rupture complète. Il y a là une possibilité de malentendu, aussi grave dans l’un ou l’autre cas.

Il serait également contraire au droit et à l’équité de considérer comme en état de sécession le territoire qui fait aujourd’hui partie intégrante de la République et qui demain voterait “non”, alors que la Constitution offre à des Etats aujourd’hui étrangers à la République d’entrer avec elle dans une association des peuples libres. A tout le moins, cette dernière possibilité, que les avant-projets semblent refuser aux territoires d’Outre-mer, devrait-elle leur être ouverte.

Nous disons indépendance, et nous disons ensuite unité africaine.

Si l’indépendance que nous voulons n’est pas la sécession, elle n’est pas davantage l’indépendance dans le cadre de chaque territoire, la rupture de toutes les solidarités fédérales existantes, le repliement à l’intérieur de frontières dont nous n’avons jamais cessé de dénoncer le caractère artificiel.

Aussi, les avant-projets dont nous avons eu connaissance, et qui ne semblent vouloir envisager l’avenir des pays d’Outre-mer que territoire par territoire, comportent-ils un grave danger: celui de briser les unités fédérales d’Afrique occidentale et d’Afrique équatoriale dans l’hypothèse où tous les territoires n’apporteraient pas la même réponse le 28 septembre. Certes, ils ont également prévu que les territoires ainsi dissociés pourraient, par le choix de leurs Assemblées territoriales, se grouper ou non entre eux en fédérations primaires. Mais commencer par briser l’unité de l’A.O.F., l’unité de l’A.E.F., qui aujourd’hui nous paraissent non seulement nécessaires, mais encore insuffisantes, ce serait pour l’Afrique un recul d’un demi-siècle alors que tout lui commande d’aller de l’avant.

A cet égard aussi, le choix qui nous est proposé n’est donc pas pleinement libre et notre réponse n’aura pas pleinement le sens que vous en attendez.

Ou bien nous voterons selon nos seules convictions au risque de retarder la réalisation de l’unité africaine ou bien nous définirons avec les autres territoires de la Fédération une position commune, faite de compromis tactiques, et qui laissera dans l’ombre, sans les supprimer, les vrais problèmes.

Enfin, au-delà de l’indépendance et de l’unité, le Gouvernement du Sénégal, avec le congrès de Cotonou, propose la négociation avec la France d’une confédération multinationale de peuples libres et égaux. Cette solution apparaît comme la seule réaliste et la seule durable parce qu’elle est la seule qui tienne compte à la fois du sentiment national des masses africaines. De leur aspiration à l’unité et de leur volonté d’entrer dans le monde moderne au sein d’un ensemble plus vaste encore. C’est pourquoi nous regrettons de voir écarter la confédération, avec toutes les perspectives d’association qu’elle contenait.

Car avec quel peuple l’Afrique indépendante et unie pourrait-elle plus librement et volontairement s’associer qu’avec le peuple de France, qu’elle connaît et qu’elle aime? Avec lui, elle a non seulement des liens d’interdépendance économique et culturelle, mais encore tout un passé de souvenirs qui, dans le meilleur et le pire, sont des souvenirs communs. Avec lui, elle partage un idéal de liberté et de dignité humaine, une même conception du progrès et de l’avenir du monde.

Voilà, Monsieur le Président, quels sont nos buts et quelles sont nos inquiétudes.

Nous pensons que certaines perspectives ne méritaient pas d’être écartées, que certaines options devaient être différemment proposées et surtout que les réponses ne pouvaient pas être à priori, interprétées au delà de leur sens le plus immédiat. Mais nous ne sommes pas non plus sans espoir.

Notre espoir se fonde sur le fait qu’en venant ici pour nous informer et pour vous informer, vous avez créé un climat de discussion et avez, par là même, tourné le dos à cette nouvelle philosophie de la vieille Europe, qui si l’on en croit Albert Camus, a répudié le dialogue pour épouser le communiqué. Une Europe qui ne dit plus: “voici ma vérité, peu m’importe que vous la discutiez, l’armée et la police se chargeront d’établir que j’ai raison.”

Monsieur le Président, l’étendue des pouvoirs que détient votre Gouvernement vous permet d’apporter au projet sur lequel les peuples de France et d’Afrique devront se prononcer, tous les aménagements qui, après ce périple africain, vous paraîtraient nécessaires. Nous espérons que vous entendrez nos arguments et que vous pourrez vous en souvenir avant d’arrêter votre décision.

Le Gouvernement du Sénégal, pour sa part, ne se prononcera que lorsqu’il aura connaissance du texte définitif. Très sincèrement il souhaite y trouver la réponse aux préoccupations que j’ai eu en son nom, le devoir, de vous exposer. Très sincèrement, il souhaite de pouvoir alors apporter, le 28 septembre, la réponse qui permettrait à la France et à l’Afrique, l’une et l’autre indépendantes, de s’associer librement pour affronter ensemble le monde de demain et pour écrire ensemble une nouvelle histoire.

Vive l’amitié franco-africaine! »

L’ambiance déjà suffisamment surchauffée par les slogans, les chahuts, les sifflets, la bousculade indescriptible sur l’immense place Protêt et difficilement maîtrisée par les forces de l’ordre, devient subitement survoltée par les propos de Me Valdiodio Ndiaye résolument en phase avec les attentes de l’immense foule de jeunes gens, particulièrement ceux qui brandissaient des pancartes aux mots d’ordre de l’UPS-section territoriale du PRA.

Passablement énervé par tout ce vacarme, le Général de Gaulle encore sous le choc de sa mésaventure en Guinée et devant un tel spectacle inattendu, en prenant à son tour la parole, ne put s’empêcher d’interpeller la foule, non sans quelque exaspération. Le passage suivant de sa déclaration « s’ils veulent l’indépendance qu’ils la prennent ! » fut saluée par un hourra général.

Voici le texte intégral de la réponse du Général de Gaulle:

« Je vois que Dakar est une ville vivante et vibrante; je ne me lasserai pas de la saluer en raison des souvenirs qui m’y attachent, en raison des espérances que j’y ai placées.
Je veux dire un mot d’abord aux porteurs de pancartes. Voici ce mot: s’ils veulent l’indépendance, qu’ils la prennent le 28 septembre! Mais s’ils ne la prennent pas, alors qu’ils fassent ce que la France leur propose: la Communauté franco-africaine.

Qu’ils la fassent en toute indépendance, indépendance de l’Afrique et indépendance de la France. Qu’ils la fassent avec moi, pour le meilleur et pour le pire! Qu’ils la fassent dans les conditions que j’ai évoquées d’une manière précise en particulier l’autre jour à Brazzaville, conditions que je n’admets pas qu’on mette en doute la précision ni la sincérité.

Nous sommes à l’époque de l’efficacité, c’est-à-dire à l’époque des ensembles organisés. Nous ne sommes pas à l’époque des démagogues.

Qu’ils s’en aillent, les démagogues d’où ils viennent, d’où on les attend! Nous sommes à l’époque de ceux qui veulent construire pour le bien de l’Afrique, pour le bien de la Métropole, pour le bien de tous les hommes.

Nous sommes à l’époque où tout nous appelle à travailler de concert, à mettre en commun notre effort, librement, par notre libre détermination.

Mais nous ne contraignons personne. Nous demandons qu’on nous dise “oui” ou qu’on nous dise “non”.

Si on nous dit “oui”, nous serons des frères pour prendre la route côte à côte, la route des grandes destinées.

J’ai dit ce que j’avais à dire. Je l’ai dit à Dakar comme ailleurs. Je salue Dakar et le Sénégal depuis 300 ans liés à la France et réciproquement. Je salue l’Afrique, l’Afrique qui est libre, l’Afrique pour la liberté de laquelle l’homme qui vous parle a fait tout ce qu’il a pu et est prêt à continuer de le faire. Mais si la France interroge l’Afrique, elle répondra aussi à ce que l’Afrique lui dira, suivant que l’Afrique décidera de s’associer à elle, ou suivant que, selon une hypothèse que je rejette absolument, elle se refuserait à le faire.

Allons! La route est claire et la lumière est devant nous. A Dakar, je constate avec une certaine satisfaction qu’en tout cas le sujet paraît vous intéresser. On crie “De Gaulle! De Gaulle!”. Je constate aussi que, quand il est là et qu’il parle, les choses sont claires, et qu’on ne s’ennuie pas…

Et, ceci dit, je prends congé de Dakar. J’aurais préféré, bien sûr, que ce fut dans un silence plus complet, mais je n’en veux à personne. Je tiens à répéter à cette Afrique que j’aime l’expression de mon amitié, l’expression de la confiance de la France, et je suis sûr que, malgré les agitations systématiques et les malentendus organisés, la réponse du Sénégal et de l’Afrique à la question que je lui pose au nom de la France sera: Oui! Oui! Oui!

Vive le Sénégal!

Vive la République!

Vive l’unité franco-africaine!

Vive la France!”

Le discours de Gabriel d’Arboussier, Président du Grand Conseil de l’AOF a suivi l’allocution de Valdiodio Ndiaye. En guise d’introduction, il déclare:

« M. le Sénateur-Maire de Dakar, M. le Président du Conseil de Gouvernement du Sénégal vous ont dit ce que leurs collectivités pensaient du problème aujourd’hui posé à la fois à la France et aux peuples vivant avec elle.

Cette aspiration maintes fois exprimées par notre Assemblée de voir préserver la cohésion qui s’était établie entre nos Territoires sans doute sous une forme autoritaire dont le corollaire fut une concentration excessive des pouvoirs de gestion, mais nous pensons que l’autonomie de gestion territoriale peut parfaitement s’exercer dans le cadre d’une fédération primaire… Le Grand Conseil pense pour sa part que ces problèmes ne souffrent plus de discussions après votre discours de Brazzaville, après l’option ouverte immédiatement et à tous moments à toute entité participant à la Communauté de choisir sa séparation d’avec cette Communauté. Nul ne peut contester la reconnaissance de portée historique de ce droit à l’indépendance pour tous les peuples vivant aujourd’hui encore dans la République française… »

Dakar changement de climat (Agence France Presse)

« A leur réveil, hier matin, bien des Dakarois ont trouvé sur le seuil de leur porte, des tracts de l’UPS réclamant sur fon jaune : « Indépendance immédiate, Nation fédérale africaine, Confédération multinationale avec la France, Diotsarev ».

L’accueil fait par Dakar au général de Gaulle tranche sur les explosions d’enthousiasme qui ont marqué l’arrivée du Chef du Gouvernement dans les autres capitales africaines.

Dans les milieux officiels, on s’attendait à ce changement de climat, mais les envoyés spéciaux des journaux ont été surpris de voir des manifestants crier frénétiquement « Indépendance » et lancer des tracts reprenant ce slogan, principalement sur la partie du parcours qui longe la Médina.

Vivats presque toujours couverts, et spécialement depuis Ouakam par le slogan : In–dé-pen- dance, etc…

Le Général, accompagné de Me Lamine Guèye, gardait un calme imperturbable. Cette manifestation était organisée par le Comité dit Défense des Libertés démocratiques, qui groupe plusieurs organisations dont l’Union Progressiste Sénégalaise (Section territoriale du PRA), des organisations de jeunesse et des syndicats. Tracts et pancartes avaient été distribués en grand nombre par les organisateurs. Les observateurs, qui ne minimisent aucunement l’importante signification de cette démonstration, notent que la concurrence permanente qui oppose les deux grands partis africains, le RDA et le PRA, explique pour une large part, la manifestation d’hier matin. Les ailes extrémistes de ces deux partis luttent en effet pour gagner « la bataille de l’indépendance » et le discours prononcé la veille par M. Sékou Touré à Conakry en avait été une nouvelle preuve.

D’autre part, l’absence de MM. Léopold Sédar Senghor, député du Sénégal et Président du groupe parlementaire PRA, et de Mamadou Dia, Président du Conseil de gouvernement du Sénégal, a été remarquée et largement commentée par les observateurs, qui pensent que, pris entre ses amis français et ses troupes du PRA, M. Senghor a préféré ne pas être là au moment de l’arrivée à Dakar du général de Gaulle.

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Prochain, le 27 Décembre

Les grands absents : Mamadou Dia et Senghor