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« Une ligne éditoriale très soixante huitarde, une approche iconoclaste sur fond de culture humaniste ».

Ter-minus à Bargny 

Environnement
Ter-minus à Bargny 
Césaire répondant :  “Saviez-vous que construire des routes, ponts et autres ouvrages de développement équivaudrait à faire de la poésie” ?
Vision bornée pour un Ter minus, occupation irrégulière d’un domaine public maritime qui pouvait accueillir une corniche vers Kaolack, en parallèle avec une ligne de transport maritime.
Tronçon de T.E R d’un surcoût outrageusement prohibitif ! Un ouvrage avant sa mise en service promu à cor et à cris aux fins avortées de briguer un troisième mandat présidentiel par hold-up électoral !
Peu importera donc la livraison de ce bout de…T.E.R en version “prose” sans s’encombrer d’esthétique poétique à rimer toute l’architecture inter-gares avec les charmes paysagers naturels de part et d’autre du corridor ferroviaire !
L’évocation d’une telle approche holistique, en termes de déroulement de plans d’aménagement et d’équipements structurels, cadre parfaitement avec ce point de vue d’Aimé Césaire : en réponse à une journaliste d’Antenne 2 au début des années 1980, relativement à sa fonction de poète-maire de Fort-de-France, en Martinique, depuis 1945 qu’il occupait le fauteuil : “Comment le poète-maire entendrait-il développer avec succès son territoire communal…?”
 “Eh bien Madame”, Césaire répondant, “saviez-vous que construire des routes, ponts et autres ouvrages de développement équivaudrait à faire de la poésie ? Et que l’harmonie avec l’environnement et la biodiversité naturelle à préserver, c’est comme écrire des poèmes en vers rimés” ?
Ce qui aurait dû s’appliquer de bout en bout à la conception du T.E.R pour lequel l’État n’avait qu’une fixation bornée sur une ligne ferroviaire à l’abandon dont la viabilisation technologique de pointe exigeait une hauteur de vision conséquente pour qu’un chantier de cette envergure ratissât large bien au-delà  du périmètre de passage des trains, pour prendre en compte la touche artistique environnementale du projet.
Entre Rufisque et Bargny par exemple, la zone marécageuse en bordure du littoral est un site balnéaire stratégique aux immenses potentialités éco-touristiques certaines ;  le rail et la route, jusqu’à la cimenterie voisine, se devaient de mutualiser leurs réflexes environnementalistes à en faire un cadre d’activités récréatives : parcours de mini-randonnées pédestres et cyclables, sports nautiques…
Cette même fibre de responsabilisation sociétale d’entreprise (rse) engageant le ferroviaire et le routier aurait dû se traduire par une prise en charge de leur part des travaux de creusage et de dragage du plan d’eau qu’enjambent leurs ponts respectifs à la sortie est de Bargny. De ce qui fut en effet un majestueux marigot prenant sa source au-delà des confins broussards de Bargny et finissant sa course sur la baie tampon avec l’océan, il ne reste que ce déversoir d’ordures ménagères et d’eaux usées formant un cocktail explosif microbien ambiant. Viennent s’y greffer les inondations pluviales récurrentes dans la cuvette densément peuplée, en contre-bas du pont routier ! Tandis qu’au nord du pont ferroviaire, c’est la croix et la bannière maintes fois que le trop-plein d’une digue, dans une précarité absolue, envahit les habitations riveraines avant de forcer son passage dévastateur !
Le T.E.R est synonyme de gain de temps à cheval sur l’horaire. Chose jusque-là pas dans le vécu quotidien sénégalais. Il faut s’en réjouir tout de même !
Dans les années 1990, fidèle à mes relations épistolaires avec le président Abdou Diouf, l’objet d’une suggestion “Pour désengorger Dakar et banlieue” portait sur la réhabilitation de l’axe ferroviaire qui pouvait être surmonté jusqu’à Thiès, avec des rampes d’entrée et de sortie, d’un couloir routier à péage (petits gabarits) à double-voies dans les deux sens séparées d’une médiane. Cette suggestion portait également sur l’exploitation d’une ligne maritime Dakar -Kaolack avec des escales Rufisque-Bargny, Dialaw, Sally…
De mon point de vue, la Sotrac (avant Dakar-Dem-Dik) pouvait exploiter cette ligne maritime conjointement avec le Port autonome de Dakar et la Société nationale des Chemins de Fer du Sénégal (S.N.C. F.S).
    Par Gorguez DIOP