GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Tatouage – Un héritage surpassé par le henné artificiel exposé sur les marchés Khadidiatou GUÈYE Fall

Malgré les conséquences néfastes, certaines l’appliquent sur leur peau

La mise en valeur de sa personne a bien existé depuis la nuit des temps. Les femmes prenaient soin de leur personne avec les moyens du bord. Le henné est l’un des compagnons des femmes le plus lointain et archaïque.

Ce produit naturel conçu par le biais de plantes naturelles donne une couleur brune ou marron à la section de la peau appliquée. Comme dans d’autres pays, le henné fait partie des us et coutumes de certaines occasions cérémoniales. Le mariage est l’un des évènements pour immortaliser l’importance du henné.

Au Sénégal, ce produit de beauté était l’apanage des personnes âgées. En d’autres termes, les femmes âgées, les grandes dames. Ces dernières appliquaient le henné sur les mains et les pieds afin de leur donner un aperçu éblouissant.

Le henné est un colorant d’origine végétale obtenu à partir des feuilles séchées d’une plante odoriférante (Lawsonia inermis, appartenant à la famille des Lythracées). Ce produit est principalement issu du sous-continent indien et d’Afrique du Nord. Il est utilisé depuis des milliers d’années pour la coloration des cheveux et la peinture corporelle. La molécule extraite des feuilles est commercialisée sous forme de poudre à préparer en pâte. La durée du henné sur la peau est temporaire ; les pigments sont appliqués sur la peau et disparaissent au bout de quelques semaines.

Mame Ngoné Ndiaye, une dame de la soixantaine, applique le henné depuis toute petite : “J’applique le henné depuis plus de 30 ans et je l’applique toujours d’ailleurs quand j’ai un évènement à préparer. C’est un produit que j’utilise plusieurs fois dans l’année sans un quelconque effet secondaire néfaste pour ma santé. Je ne sais pas pourquoi maintenant les jeunes veulent se faire se tatouer où se faire tatouer par des produits chimiques similaires au henné”.

La grand-mère a remarqué la mouvance des futures mariées vers le tatouage à henné au détriment des ongles artificiels : “Les nouvelles mariées ont pris la tendance d’appliquer du henné artificiel pour ressembler un peu aux mariées indoues qui ont le tatouage à henné dans leur culture matrimoniale”.

Pour Mame Ngoné, les autres types de tatouage ne le sont que de nom. Le meilleur tatouage est celui fait avec le henné sans laisser sa santé en pâtir. “Quoi qu’il en soit, rien ne sera meilleur et sans effet nocif que le henné naturel. Avec le henné, tu n’as pas besoin de mettre du dissolvant pour l’enlever car on peut bien prier avec. “Donc le produit ne m’empêche pas de pratiquer ma religion. Les mariées en ont fait une tendance mieux que le tatouage à vie”, ajoute-t-elle.

Elle salue la tendance que les filles en ont qui révèle, d’après elle, la référence aux ancêtres.

D’autres femmes comme Ndella portent leur choix sur l’artificiel. Ce qui l’intéresse, c’est la splendeur de sa mise relevée pour le tatouage. “J’aime beaucoup le tatouage au henné. Ça nous met en valeur quand on s’habille pour une occasion de fête. Mais je préfère le tatouage noir fait avec le produit de teinture. C’est un produit chimique mais c’est plus rapide que le henné et tu peux avoir des motifs de dessins quelconques. Contrairement au tatouage à henné, le temps de préparation du henné est abusé. En plus du temps de l’application du henné sur la peau et les ongles qui nécessite 3 heures minimum, c’est une journée à perdre pour se tatouer”.

Très utilisé de nos jours, le henné artificiel ne manque pas d’effets nocifs. Connaissant bien les conséquences qui en découlent, Ndella s’intéresse toujours à l’application du henné artificiel. “ Certaines personnes sont allergiques aux composants du produit équivalent du henné, mais moi je n’ai remarqué aucun signe d’allergie à part de petits boutons qui se manifestent quand le produit s’estompe avec le temps” affirme Ndella.

Autre point souligné par Ndella, le henné ne donne qu’une couleur brune alors que le produit de teinture octroie un dessin visible, net avec une couleur noire. Il s’agit du henné noir, issu de l’Indigofera tinctorium, de la famille des Fabaceae. D’après Le Figaro, l’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé déconseille l’usage de ce dernier en raison des risques importants d’allergie.

Ni pour ni contre, Amanatou utilise tous les types de tatouage à henné malgré les polémiques : “ D’habitude, je mets le henné quand j’ai du temps. Mais parfois, quand je suis trop coincée par le temps et qu’un événement m’attend, je me promène juste au marché Ndiarème chez le tatoueur à henné artificiel. En 15 minutes, j’ai les pieds et les mains bien tatoués et les sourcils bien tracés. C’est une question de temps ”.

Amanatou calcule le temps malgré le fait qu’elle a plus confiance sur le henné. “ Nos grands-mères préfèrent le henné parce qu’elles avaient du temps mais nous jeunes dames, on a beaucoup de choses à faire. Autant le henné dure sur la peau, autant la couleur est foncée pour le tatouage à henné. Alors que pour le produit de teinture dit henné artificiel, il suffit juste que le tatoueur dessine les motifs pour que la couleur soit visible et disparaisse après quelque jours”, fait savoir la femme d’affaires au teint clair.

En plus d’être un produit de beauté, le henné est utilisé par les guérisseurs traditionnels pour traiter certaines maladies. Pour des soins capillaires, il est utilisé pour la coloration des cheveux. Il augmente le volume et protège les cheveux contre les pellicules et la chute des cheveux.  Mais depuis quelques années, le tatouage fait du henné artificiel prend de l’ampleur, promouvant l’emploi des jeunes et entrainant des retombées néfastes pour ces femmes voulant améliorer leur féminité. D’un autre côté, les tatouages à vie commencent à percer le milieu avec force. Mais ce type de tatouage renvoie à une mauvaise image de ceux qui l’appliquent sur leur corps.