Tabaski : A pas de caméléon
Tabaski 2024
Les acheteurs au compte-gouttes
Et cela chauffe entre vendeurs et acheteurs : l’augmentation du prix de l’aliment bétail oblige les premiers à élever les prix pour s’en sortir, surtout que ce n’est pas encore le grand rush/
A quelques jours de la Tabaski, les pères de famille se promènent partout pour se trouver un mouton. Au niveau des points de vente, l’approvisionnement est notoire. Les opérateurs de Tabaski s’impatientent d’accueillir les clients. Juste que, du côté des acheteurs, la situation économique pèse énormément sur eux avec les dépenses élémentaires. Quoi qu’il en soit, le mouton reste la priorité.
Par Khadidiatou GUEYE Fall,
Cheffe du Desk Société
Le mouton est actuellement le souci des pères de famille. Partout dans la région de Dakar, les points de vente sont débordés de moutons. Les uns plus grands que les autres, à chacun son prix.
Ndiaga Tall est un père de famille polygame. Cette année, il a décidé d’acheter deux moutons pour chacune de ses femmes. Le budget prévu ne lui permet pas d’obtenir plus d’un mouton. “Les moutons coûtent vraiment cher. J’ai appelé un ami qui est dans l’opération Tabaski. Il me propose 175.000 francs pour un seul mouton. C’est trop cher franchement. J’ai économisé pendant des mois pour réunir les 250.000 fr. Dans les points, les moutons sont à 200.000 fr et pas la peine de marchander. Il est impossible qu’ils acceptent 5.000 fr de moins” dénonce Ndiaga Tall, un homme de la soixantaine rencontré au premier rond point de Tivaouane Peulh en train de marchander en vain. Les moutons, bien que présents et en quantité, désorientent les acheteurs à cause de leurs prix.
Au terrain Sensero de Hamo 5, l’ambiance est attrayante : les moutons sont à perte de vue ; sous des tentes bien proportionnées, les vendeurs s’installent au milieu de leur bétail. Avec des cordes, ils séparent leur propriété.
Retrouvé à l’extrémité de sa tente, un homme de la vingtaine nous fait un accueil chaleureux. Il met une chaise à notre disposition et nous sert à boire. Dans un climat de taquinerie, il installe une aisance de faciliter l’interrogation. Cheikh Macky Diallo, de son vrai nom, est un jeune opérateur de Tabaski qui habite à Guédiawaye, hamo 5 commune Ndiarème Limamou Laye. Son teint clair le rattache directement à l’appartenance d’une famille peulh. Depuis 5 ans, Cheikh Macky évolue dans les opérations de Tabaski mais il avoue que cette initiative n’est pas une chose facile : “Faire une opération Tabaski n’est pas une chose facile. On reste des jours dans la rue, on passe la nuit sous la tente avec les moutons. Parfois avec une insécurité totale. C’est très difficile côté investissement, les moutons coûtent cher”, confie-t-il.
Le coût de la ration alimentaire des moutons est exorbitant, d’après Cheikh Macky. “La cherté du foin et du tourteau impacte sur le prix de vente. Le sac de ripass qui coûtait 9.000 fr est vendu à 12.500 voire 13.000. Le ngogn qu ‘on pouvait avoir à 3.500 est à 5.500 maintenant. Ce n’est pas facile de notre côté.” fait savoir le jeune vendeur. En effet pour les prix, le montant est entre 150.000 fr et 800.000fr.
En parallèle, un voisin de tente à Cheikh Macky nous donne des prix similaires. “Les moutons valent entre 150.000 ,175.000,200.000 jusqu’ à 400.000, cela dépend du mouton choisi par le client”, affirme Khadim Mar, un éleveur expérimenté dans l’opération tabaski. Depuis 7 ans, il participe aux opérations tabaski. Khadim Mar soutient que depuis leur installation, les clients viennent au compte gouttes : “On ne vend presque rien et c’est compréhensible : les moments sont durs et l’argent manque aux acheteurs“. Cette rareté de la clientèle ne désespère pas Khadim Mar qui reste convaincu que même à huit heures de la tabaski, ses moutons seront vendus.
L’offre est là, car dans toutes les ruelles ou espaces publics, les vendeurs font office de point de vente ; c’est le fonds qui pose problème chez les acheteurs. Du côté des vendeurs, l’augmentation du prix de l’aliment bétail les oblige à élever les prix pour s’en sortir.
Khadidiatou GUEYE Fall