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Sonko : Un Premier ministre ne devrait pas

Diomaye-Sonko

Un Premier ministre                 ne devrait pas dire ça
Avec ou sans majorité le 17 novembre prochain, les relations seront de plus en plus heurtées entre Sonko et le président Diomaye. Les échanges entre les deux hommes, les 24 et 25 octobre dernier, le laissent suspecter.
Nuages sur le Sénégal ?

Le feu s’est en tout cas invité à la campagne, au second jour, avec ses volutes de fumée, malgré les suppliques du président Bassirou Diomaye Faye.

L’échange à distance entre le Premier ministre Ousmane Sonko et le président de la République Bassirou Diomaye Faye, les 24 et 25 octobre dernier, fausse l’esprit des résultats du 17 novembre prochain : président de Pastef ou pas, un Premier ministre ne devrait pas dire ça, fixer un ultimatum public à son chef, surtout même si les Directeurs généraux entament le même clairon. La réponse du berger à la bergère rassure que nous sommes toujours en République et laisse craindre un froid au sommet de l’Etat quand le président de la République, en réponse à une question, renvoie à l’auteur de la citation évoquée sur une annulation éventuelle d’une décision annoncée en conseil des ministres.
Le célèbre verdict du Roc de Quimper transcende les siècles : Jean-Pierre Chévènement : « Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l’ouvrir, ça démissionne ». Cette vertu ayant disparu depuis Mamadou Seck Mbao, on n’en demande pas autant,  tout juste le respect dû à nos institutions. Ceci consiste à assurer la cohérence d’une équipe soudée, solidaire et respectueuse des décisions du chef. Certes, le pouvoir avait déjà cédé dans l’affaire de cet intendant débarqué avant même que d’être informé de sa promotion mais cet exemple au niveau d’un ministère ne saurait appeler le président de la République à des “mesures correctives idoines”. Même pour verser dans un populisme de bon aloi pour grapiller quelques voix de plus, au moment où on se sent mal barré dans les intentions de vote.
Certes, comme Paris, la bataille pour la majorité au parlement vaut toutes les messes basses, surtout après six à sept mois de gestion chaotique mais appeler un chef d’État à se dédire publiquement est une attitude qu’un Premier ministre ne devrait pas adopter. Depuis, un ange est passé, semblant renforcer un duel à fleurets mouchetés entre celui qui privilégie les citoyens face à celui uniquement soucieux des patriotes. Là résiderait la contradiction principale à la tête de l’Etat quand le président invite à dépasser un certain communautarisme au service de toute la collectivité et l’autre s’ancre dans l’exclusion.

Le début de la campagne électorale renvoie d’ailleurs aux pratiques amnistiées d’actes posés entre 2021 et 2023 avec la case de Birama brûlé par le feu du siège de la coalition Taxawu, autre couac par rapport à l’appel solennel du président dans son khoutba du vendredi 25 octobre face à la presse.
Une majorité absolue pour Pastef pourrait ainsi être dirigée contre la présidence si, déjà à l’origine de la dissolution de l’Assemblée, le parti de Sonko met la pression sur le chef de l’État.
Si Sonko s’agrippe à Pastef en ratissant large, le président de la République s’adosse à la Nation, au service plus du citoyen que du patriote.

Pathé MBODJE