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Sommet de la Cedeao sur la crise au Mali – Ne faut-il pas laisser les Maliens gérer leurs propres contradictions ?

Par Mohamed Bachir DIOP

Qu’on le reconnaisse ou pas, la crise au Mali a trop duré. Et seuls les Maliens peuvent y mettre un terme. Sous l’influence d’un Imam de renom, les populations se sont soulevées, ont érigé des barricades et mis à mal le pouvoir déjà assez fragile du  débonnaire Ibrahim Boubacar Keita. Pour lui venir en aide, une délégation restreinte du «syndicat des chefs d’Etats» de la sous-région s’est rendue à Bamako afin de rencontrer les parties en conflit pour tenter d’éteindre le feu. Peine perdue. Car les différents protagonistes ne parlent pas le même langage. Le président IBK s’accroche à son pouvoir puisqu’ayant été élu à la régulière, tandis que les populations et leur Imam souhaitent sa démission pure et simple. Mais, en filigrane, il y a bien une lutte de succession qui ne dit pas son nom. Comme Eyadéma, Bongo et Wade, IBK voudrait bien que son fils, Karim lui succède. Les Keita croient dur comme fer que le Palais de Koulouba est leur propriété ancestrale et les Maliens, dans leur grande majorité ne sont pas du même avis. Comment, dès lors concilier les positions ?

La tentative de réconciliation de Macky Sall et de ses pairs de la sous-région a été un échec. Pour ne pas perdre la face, les chefs d’Etats de la Cedeao ont décidé d’organiser un sommet extraordinaire ce lundi afin d’arrondir les angles. Naturellement ils feront des déclarations grandioses, prendront des résolutions «fermes» mais ils ne pourront, en aucun cas trouver une solution durable à la crise malienne qui est multiforme. Il s’agit d’une crise sociale, ethnique, militaire et frontalière qui dure depuis plusieurs années. Aucun sommet de la Cedeao ne peut y mettre un terme et les effets de manche des chefs d’Etats de la sous-région ne serviront à rien. Il faut bien laisser les Maliens faire face à leurs propres turpitudes, ils ont assez de ressources intellectuelles, ils sont assez raisonnables pour parvenir à surmonter leurs montagnes de contradictions.