Sexualité : Ce produit sème la terreur
Tababa/Kandjénou
Le « tababa », fidèle compagnon des femmes et rival des hommes
De l’utilité ou de la nuisance
Depuis quelques jours, des spécialistes alertent sur l’utilisation d’un produit vaginal par les femmes. Les dégâts sont énormes après utilisation, cela n’exclut pas l’utilité que le produit avait pu servir avant. Certaines femmes en abusent, freinant ainsi la stabilité de leur couple. Pourtant, le tababa d’avant en a soulagé plusieurs, d’après une dame originaire de la sous-région, fidèle utilisatrice du produit.
Par Khadidiatou GUEYE Fall,
Cheffe du Desk Société
Le tababa alimente tous les débats ces derniers jours. L’approche qu’on lui a donnée impose une attention médiatique. Depuis plusieurs années, le tababa qui circulait juste en Casamance a franchi l’entrée de la capitale dakaroise. Des originaires de la Casamance résidant à Dakar l’utilisent et le vendent entre eux, facilitant la propagande du produit.
Préférant garder son identité secrète, cette femme de la trentaine est appelée familièrement Marie. Cette originaire de la Casamance travaille comme lavandière dans une cité de la région de Dakar. Interpellée sur le sujet, elle fait savoir qu’elle utilise le Kandjénou, une autre appellation de tababa. Contrairement à ce qui est médiatisé, Marie utilise le tababa pour soigner la fatigue après avoir fait la lessive et repassé les habits de ses clients. « Nous, on l’appelle kandjénou. C’est un produit composé d’herbes sèches vendues en petites portions sur une fine partie de sachets plastiques. Quand quelqu’un le voit, il va penser que c’est du tabac à rouler utilisé dans la clandestinité » explique Marie.
L’utilisation n’est que cutanée pour Marie : « Quand j’ai des douleurs musculaires ou si une autre partie du corps me fait mal, j’en fais une pâte à appliquer sur la peau tout en massant. Il suffit de quelques dizaines de minutes pour se sentir mieux ».
Marie fait savoir que l’usage n’est pas uniquement cutané. « Certaines femmes le mettent dans leurs parties intimes pour plusieurs raisons. Pour soigner l’infertilité, le tababa original ne vous trahit pas. Beaucoup de femmes ont procréé grâce à ce produit. Mais aussi beaucoup de femmes excisées l’utilisent. Car il procure plus de plaisir que l’homme. C’est pourquoi d’ailleurs certains couples se séparent » fait savoir Marie.
Le Kandjénou d’autrefois, disponible qu’en Casamance, constituait un remède contre la fatigue, les douleurs musculaires et l’infertilité et ne coûtait que 100 fr. Alors qu’actuellement, le tababa circule dans la capitale et certains médias comme Rfi confirment son exportation vers la France.
Sur une publication d’un forum de Facebook, une internaute sous un nom masculin explique : « Tout ça, c’est à cause de l’excision des femmes. Une femme excisée m’a confié qu’elle n’a pas d’orgasme et elle ne sent rien lors des intimités avec son mari. C’est à cause de ça qu’elles prennent le tababa ».
Une autre poursuit que c’est en Gambie qu’elle a vu des proches l’utiliser sous prétexte que ça soigne et que ça diminue la graisse au niveau du ventre. L’internaute ajoute que le tababa favorise la perte de poids. « Elles deviennent ivres après avoir pris le médicament et s’endorment. Elles m’ont même dit que «soko gnamé doko bayi »; traduisant la dépendance est automatique après la première prise ». Le tababa devient un addictif chez les femmes qui l’utilisent pour procurer du plaisir. Cet usage répétitif de la drogue vaginale devient maintenant la cause de plusieurs problèmes gynécologiques
En effet, des médecins ont signalé des conséquences terribles dues à l’utilisation de ce produit. Déjà en 2019, Cheikh Ameth Tidiane Diarra, un gynécologue-cancérologue de l’Institut Curie, a été interpellé sur cette question. Le gynécologue avait avancé l’hypothèse d’un rapport entre ce produit et les cas de cancer du vagin. Docteur avait affirmé qu’il était confronté à treize cas de cancer du vagin tout en sachant l’utilisation du tabac est facteur qui développe le cancer. Pour le docteur, les femmes qui utilisent ce genre de produit ne sont pas à l’abri des infections vaginales.
Khadidiatou GUEYE Fall