Senghor-Wade : Le Mélanésien plutôt que l’Hellène

Wade, le Mélanésien hellène

Une Négritude d’émotion         et de raison

Dans le temps des hommes, Me Abdoulaye a plus de cent ans quand on fête son 99me anniversaire ; c’est dire que dans celui du Créateur, Wade est un immortel, un éternel « militant qui n’a pas d’âge », comme disait le Premier Mawdo Mamadou Dia. Compter les âges, c’est chanter la vie, c’est louer la mort, cette forme de vie qui nous rattache à jamais à l’absent qui vit parmi nous ; Wade est un immortel qui brave le temps par un combat qui transcende les siècles, celui de la liberté et de la dignité de la personne humaine. Wade est la condition humaine. Il est partout où il y a injustice, exploitation de l’homme par l’homme, où la culture et la reconnaissance de l’autre sont absentes. Le regard au ciel de la photo de 1956 au Congrès des intellectuels africains à Paris scrutait un futur raisonnable devant un présent et un passé qu’il fallait regénérer.
L’écrivain et l’intellectuel sont des hommes du positif qui se moquent de l’absurde. Albert Camus les campe bien mais l’euphorie du Tiers-Monde avec le Congrès des écrivains de 1956 qui précède Bandung traduit le tsunami des peuples sous domination devant tous ceux qui refusent de reconnaître le besoin inné de liberté de l’homme. Abdoulaye Wade en avait fait le début et la fin de son combat sans fin, partout et de tout temps. Homme de raison, Abdoulaye Wade est avant tout homme de culture, aux sept merveilles. L’absence de culture se vérifie depuis, prolongeant les souffrances humaines des Sénégalais.
Le pouvoir devient anecdote à laquelle s’intéressent certains panégyristes alors qu’il est une parenthèse où le Mélanésien prouve son émotion et sa raison. Grecque, la Mélanésie ? Quelle négritude qui allie émotion et raison au commencement de l’humanité !

La Mélanésie (littéralement « îles noires », du grec ancien : μέλας / mélas, « noir » et νῆσος / nễsos, « île ») est l’un des trois grands groupes « traditionnels » d’îles de l’océan Pacifique ; les deux autres sont la Polynésie et la Micronésie. Wikipedia-

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CARRIERE UNIVERSITAIRE
1951-52 : Mathématiques Supérieures,
lycée Condorcet de Paris
1952 : Certificat d’Etudes supérieures
de Psychologie Générale (Faculté des
lettres de Besançon)
1953 : C.E.S. de Morale et Sociologie –
(Faculté des lettres de Besançon)
1955 : Licence en Droit (Faculté de Droit et Science Economique de Dijon)
Diplôme d’Etudes Supérieures d’Economie Politique, Faculté de Droit et de Sciences Economiques –
1958 : D.E.S. de Sciences Economiques
– D.E.S. de Droit Public
1959 : Certificat d’Etudes Supérieures
de Psychologie de la Vie Sociale (Faculté des lettres de Grenoble – Licence-ès Lettres).
Doctorat de Droit et Sciences Economiques – Grenoble
1967 : Stage de Recherche en Econométrie à l’Université de Boston (USA)
1968 : Assistant à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Paris I, ASSAS
1970 : Agrégé des Facultés de Droit et des Sciences Economiques -section Sciences Economiques – Sorbone, Paris.

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Senghor lui-même le reconnaît en remettant la première bourse à un étudiant sénégalais admis dans une prestigieuse université française qui demandait à prouver que le Nègre était tout aussi doué de raison ; le tout premier ingénieur dans son domaine, sous l’ère de la première République, le raconte encore volontiers aujourd’hui.

La principale contradiction entre Abdoulaye Wade et Senghor réside dans une mauvaise compréhension de la Négritude qui consacrait l’Hellène et pas le Mélanésien : l’homme des Mathématiques supérieures diplômé de Condorcet se veut chair et sang, homme d’émotion et de raison. Cette contradiction principale les accompagnera toute leur vie et sera paradoxalement la base du respect et de la considération mutuels entre Wade et Senghor : moins que l’Article 35 toujours dans l’air qui consacre un différend de taille dans la parole donnée, fondamentale dans la culture nègre, deux grands cerveaux se vouent une admiration presque amoureuse et une répulsion tout aussi forte malgré une différence d’inclinaison dans la conclusion tirant plus sur le noir, du côté de Me Wade. Senghor à l’Académie, en 1983, consacrait la justesse de vue d’un Wade en extase devant ce Mélanésien enfin consacré par l’Hellène qui achève son combat moins par le pouvoir que par les obsèques nationales d’un grand Révolutionnaire devant lequel s’incline le dernier Grand combattant de l’Afrique.

Pathé MBODJE