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“Sénégal 2050” : Copier-coller

“Sénégal 2050”

Copier-coller

Durant les 5 ans à venir, on notera des performances sur les indicateurs économiques mais le bien-être social ne sera pas au rendez-vous

Malgré le copier-coller entre le “Programme Sénégal émergent” et “Sénégal 2050”, le “Projet” n’est pas encore au point et Sonko demande la clémence du jury populaire réuni à Diamnadio, comme il avait promis. Les prévisions météorologiques et financières restent encore sombres, comme la saison hivernale de cette année que le ministre des Eaux rejette vers le passé. Sûr : on a du pétrole mais pas d’idées. En attendant de dépasser le cap de 2029, il va falloir se serrer la ceinture devant la destruction du bien-être des populations.

Le commentaire suffit à lui seul pour résumer la cérémonie de présentation du “Projet” le 14 octobre au centre international Abdou Diouf de Diamniadio : “Var : La seule différence qui existe entre le programme Sénégal 2050 et le PSE se trouve sur le look de Victor Ndiaye avec barbe et sans barbe.”

Pour le professeur en Économie Djiby Ndao, les résultats sont à attendre plus dans le long terme que le court, un court terme correspondant au mandat et durant lequel les populations vivront dans des difficultés sans fin avec les hausses de l’énergie et le souci de ramener la dette de 83,7% à70% et le déficit budgétaire à 3%. Son commentaire.

Sénégal horizon 2050 : quel impact économique ?

“Pour l’horizon 2050, les chiffres fournis par le régime sont prévisionnels. Le gouvernement n’a pas encore précisé les politiques économiques qu’il compte mettre en œuvre ainsi que les modes de financement pour atteindre ces objectifs. Cependant, comme l’a précisé le Premier ministre  Ousmane Sonko, le document est peut-être provisoire.
Par contre, dans la première phase (2025-2029), le gouvernement table sur une croissance annuelle comprise entre 6,5 et 7 % ; il entend ramener la dette de l’État de 83,7 % du PIB en 2023 à 70 % du PIB, et le déficit budgétaire à 3 %. Le délai est raisonnable. Cependant, pour réaliser ces objectifs en un temps record, il faut la nécessité d’augmenter les recettes fiscales en élargissant l’assiette ainsi que le besoin de maîtriser les dépenses courantes et de mieux cibler les subventions à l’énergie, qui représentent 4 % du PIB. Ces mesures auront sans doute des conséquences sur le bien-être des populations sénégalaises.

En effet, la hausse des recettes fiscales engendre une augmentation du prix des denrées, réduisant ainsi le pouvoir d’achat des ménages. De plus, la baisse de la subvention sur l’énergie que le FMI a recommandée au régime ( qu’il a promis de faire d’ailleurs) va entraîner la hausse du prix de l’électricité, du carburant, des inputs (facteurs de production) …et in fine la destruction du bien-être social.

Le FMI qui est aujourd’hui le principal partenaire du régime mise plus sur l’atteinte des objectifs tant macroéconomiques que microéconomiques. Ce qui laisse croire que durant les 5 ans, on notera des performances sur les indicateurs économiques mais que le bien-être social ne sera pas au rendez-vous. La population doit encore patienter la deuxième phase pour espérer une baisse du chômage, une baisse du coût de la vie…”

Le message est ressorti des tiroirs à la veille de la présentation officielle de “Sénégal 2050” que ce serait une copie actualisée du programme “Plan Sénégal émergent” : le même cabinet de naguère est remis à l’honneur aujourd’hui, “les ressources humaines locales”, dit Ousmane Sonko, à quelques variantes près dans la cartographie des intervenants.
On reprend donc les mêmes, mutatis mutandis, qui disent environ les mêmes choses, avec les mêmes résultats mitigés et contestés, qui ressemblent à des vœux pieux ou à la méthode Coué pour groupuscules s’étant élevé au niveau de leur incompétence (principe de Peter). On a du pétrole, pas d’idées. Mais on sait faire du copier-coller.

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Récapitulatif des visions des présidents sénégalais vers l’An 3000

  • Durant les Indépendances, Léopold Sédar Senghor avait misé sur l’An 2000, en rêvant qu’à cette date Dakar serait comme Paris..
    – Abdou Diouf se consacra à la fondation d’une administration rodée et efficace, durant deux décennies..
    -Au début des années 2000, Abdoulaye Wade avait prophétisé un Sénégal futuriste en 2025 développé et prospère, avec des autoroutes, de grands ponts et des aéroports modernes..
    Cela m’avait inspiré la création d’un tableau d’art allant dans ce même sillage, œuvre dessinée et accrochée contre un des murs de sa cuisine afin qu’il la contemple chaque jour, tout en dégustant son onctueux café matinal..
    -Macky Sall se lança vers l’horizon 2035, avec son PSE pour faire émerger le Sénégal.
    -Aujourd’hui arrive Diomaye Diakhar Faye qui nous propose un Projet qui se déroulera dans 50 ans, pour pouvoir goûter aux délices d’un pays développé.
    Demain, à qui le tour ? Pourvu que nous n’attendions pas l’an 3000, pour devoir nous mettre définitivement, sur les rampes du développement tant attendues.

Tidiane SENE

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Le spectacle de ce lundi 14 octobre renvoie d’ailleurs à la promesse de Sonko de tenir sa Déclaration de politique générale au Grand théâtre, le centre Abdou Diouf en l’occurrence et bonjour la palabre à longueur de journée qui revient sur toutes les certitudes de ces savants et amovibles théoriciens de développement ; ils servent la même salade à tous les régimes, s’enrichissent plus qu’ils n’aident les populations.
À entendre d’ailleurs principalement Élimane Kane, on n’est pas sorti de l’auberge pour aller demander aux populations à qu’elle sauce elles devaient être mangées. Ces échanges ont permis de voir que le “Projet” n’est pas encore au point et le Premier ministre compte sur l’indulgence des populations pour regarder passer le train de l’émergence.

Les prévisions contenues dans le document “Sénégal 2050” ne permettent pas de saisir le comment assurer les investissements et  le pouvoir n’est pas encore en phase avec son “Projet” qu’il ne maîtrise pas hors de tout doute raisonnable.

 

Pathé MBODJE