Réformes : La reddition n’est pas un programme
Réformes
Mettre tous les Sénégalais
sur le même pied devant la loi et les biens de la Nation
La reddition n’est pas un programme ; c’est une tâche ordinaire qui incombe à la justice et exécutée par elle. Les urgences sont ailleurs, entre mettre tous les Sénégalais sur le même pied devant la loi et les biens de la Nation et procéder à des réformes sérieuses et audacieuses qui renforcent les acquis de la démocratie, dans son acception la plus large.
Par Mandiaye GAYE
Tout d’abord, le président Bassirou Diomaye Faye doit, dans son rôle de président de la République, se tenir droit dans ses bottes, comme le président de tous les Sénégalais. Et à cet effet, il doit respecter rigoureusement son serment fait à la Nation lors de sa prestation devant toute la nation sénégalaise. À savoir respecter et faire respecter par tous, la Constitution ainsi que toutes les lois de la république en vigueur, sans aucune discrimination. Autrement dit, il doit peser de tout son poids pour, impérativement, mettre tous les Sénégalais sur le même pied devant la loi et les biens de la Nation.
Le président Diomaye Faye étant le garant de la Constitution a la responsabilité donc de garantir à chaque citoyen sénégalais ses droits et libertés inaliénables. Et globalement, il doit garantir toutes les libertés, notamment celles d’opinion, d’expression et de presse, comme il est défini par la Constitution et les lois en vigueur. Le constat que nous avons fait dans ces domaines précités, pour les premiers mois en tout cas de son magistère, les choses ne vont pas dans le bon sens. C’est plutôt un recul sans précédent des libertés démocratiques, au regard de toutes ces arrestations d’opposants qui défient les règles de préséance.
Le président Diomaye Faye doit par conséquent procéder à des réformes sérieuses et audacieuses qui renforcent les acquis de la démocratie, dans son acception la plus large, dans notre pays. Et les assises de la Justice sont une coquille vide, puisqu’elles ont accouché d’une minuscule souris. En tout cas les conclusions sont en deçà de ce qu’il y avait avant. Objectivement, celles-ci sont bien loin d’une justice équitable pour tous les justiciables. En dehors d’un remue-ménage, chamboulement et jeu de chaises musicales dans la magistrature, le tout teinté d’un parfum de règlement de comptes ou de sanctions qui ne disent pas leurs noms, les justiciables ne se retrouvent pas dans les conclusions, et ne savent pas non plus quel était l’objectif véritable que les assises de la justice visaient.
Le président Bassirou Diomaye Faye doit, toutes affaires cessantes, faire l’inventaire des priorités nationales à résoudre, dans les meilleurs délais, ne pouvant plus attendre davantage, compte tenu de l’urgence pressante, de la demande sociale, des engagements électoraux envers les populations. Le président Diomaye doit formuler tout cela sous forme de feuille de route qu’il remettra à son gouvernement qui devra s’atteler à les exécuter dans les meilleurs délais. Pour ce faire, son gouvernement doit cesser la politique politicienne et le verbiage inutile, pour prendre à bras-le-corps l’exécution de ces tâches urgentes et prioritaires pour lesquelles lui, Diomaye, a été élu et, c’est sur celles-là qu’il devra rendre compte et faire son bilan en fin de mandat. Oui, car c’est seul qui doit rendre compte au peuple qui l’a élu.
La reddition des comptes n’est pas un programme spécial d’un gouvernement, loin s’en faut. C’est une tâche ordinaire qui incombe à la justice et exécutée par elle. Il en est ainsi dans tous les cas de changement d’administration ou bien même en cours, en cas de besoin. Mais il est quand même curieux de constater que le gouvernement a sabordé toutes les priorités et urgences de l’heure, au profit de la reddition des comptes et à la chasse des présumés détourneurs de fonds publics. Alors que le gouvernement a beaucoup de pains sur la planche à régler d’urgence. Citons par exemple les conditions de vie intenables pour les populations qui attendent leur amélioration, l’emploi des jeunes, l’éducation et la santé, deux secteurs qui sont en ébullition et j’en passe. Tout cela ne semble pas retenir l’attention du président, comme des priorités et urgences capitales. Alors, c’est comme qui dirait que le gouvernement met la charrue avant les bœufs. Quand, dans le même temps, des urgences et priorités nationales sont gelées ou en attente indéfinie. Le président Diomaye doit secouer le gouvernement pour aller au charbon et faire la différence entre ce qui essentiel, primordial et l’accessoire.
Les réformes urgentes sont d’ordre politique, notamment l’anarchie qui règne dans les partis politiques. La rationalisation de ces associations politiques est une réforme urgente qui est venue à son heure et doit être faite, afin que l’on sache qui est qui et représente quoi. Cette rationalisation, faite dans les règles de l’art et dans une parfaite impartialité, permettra de les limiter sur une base légale et objective. Ainsi, les partis issus de cet examen seront soumis au respect des obligations strictes, comme la participation aux consultations électorales au moins une fois en tant que parti sous sa bannière au cours d’une période donnée à définir. De même, ces fameuses coalitions « suupu kandja » éphémères et une sorte de tontine politique électorale, dont la durée de vie est juste le temps d’une rose, c’est-à-dire une élection donnée pour aussitôt se disperser à jamais ou à une prochaine consultation. Ces coalitions ne sont pas loin d’une sorte d’arnaque déguisée. Voilà pourquoi elles doivent être réformées.
Le Code électoral aussi, à la merci des politiciens qui en font une pâte à modeler, en le modifiant, par entente cordiale et à leur convenance personnelle, à chaque consultation électorale. Parfois d’ailleurs en violation de la loi pour permettre à des exclus de participer illégalement, ce qui n’est loin d’une combine entre politiciens au pouvoir comme ceux de l’opposition. Ce qui justifie l’instabilité de ce code qui est modifié indéfiniment par la simple volonté des politiciens. Il doit être réformé une bonne fois pour toutes pour le rendre stable et difficilement modifiable pour ne pas dire le verrouiller.
Le mode de scrutin actuel des élections législatives est inique, antidémocratique et ne reflète pas le respect du vote des électeurs en matière de voix, comme le montre le résultat des dernières élections et d’avant. Tout le monde s’accorde et reconnaît cette réalité au vu du décompte des voix. Tous les politiciens, dans l’opposition, le décrient, dénoncent et réclament, en lieu et place, la proportionnelle intégrale avec l’obligation d’avoir la majorité absolue, à défaut, organiser un deuxième tour de scrutin. Mais tous ces politiciens, dès qu’ils accèdent au pouvoir, n’en font plus cas. Là aussi, une réforme adéquate avant les prochaines consultations est indispensable. Le président Diomaye a, maintenant, toutes les cartes en mains, comme il l’avait sollicité, c’est-à-dire qu’il lui fallait avoir la majorité à l’Assemblée nationale, pour pouvoir procéder à toutes les réformes nécessaires qui sont venues à maturité.