GMT Pile à l'heure, Génération Média&Technologies,la ligne du Devoir.

« Une ligne éditoriale très soixante huitarde, une approche iconoclaste sur fond de culture humaniste ».

Présidentielle française : Bruno y pense

Présidentielle française : Bruno Le Maire en réserve de la République

« Mon intelligence est un obstacle »

Génie en lui-même malgré ses dérapages et ses yoyos, Bruno l’Africain reste le grand mystère de la prochaine Présidentielle ; il devrait toutefois en être, selon certaines confidences.

Pour un candidat disparu des radars mais qui y pense chaque matin derrière les rideaux en se rasant, les critiques sont vives ; adulé en Afrique, Bruno Le Maire est regardé de haut par ceux qui sont heurtés par “sa trop grande intelligence”. Surtout si la position politique est un grand yoyo, à l’instar de ses réalisations à Bercy, siège du ministère de l’Economie où il a réalisé la prouesse de se maintenir pendant un septennat. 

De notre correspondant en France

Bruno Le Maire a quitté le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie en septembre 2024 après sept ans à la tête de Bercy. En 2016, il avait voulu être le chef de la Droite et incarner le renouveau. Il a présenté sa candidature à la primaire des Républicains et finit à la 5ème place. Il signe ses débuts d’une phrase maladroite qui lui vaudra beaucoup de railleries : « Mon intelligence est un obstacle ».

Cette intelligence lui a permis de prendre d’abord ses marques à la Droite : « Nous avons un candidat, François Fillon. Une élection majeure en mai 2017. Moi je soutiens François Fillon totalement. Je pense qu’il est le meilleur candidat pour redresser notre pays. La page des primaires est tournée. Maintenant, il faut écrire la page des présidentielles. Moi je préfère l’écrire avec François Fillon. », sur BFMTV le 04 janvier 2017.

Macron était également candidat et les propos de Bruno Le Maire sur Europe 1, 19 février 2107 : «Emmanuel Macron ? C’est l’homme sans projet, parce que c’est l’homme sans conviction ». Sur France 2, le 20 janvier 2017 : « La réalité est qu’Emmanuel Macron, c’est une coquille vide ».

Après l’annonce de la victoire de Macron, Bruno Le Maire change d’avis à son propos et son intelligence toujours le porte volontaire pour travailler dans une majorité de gouvernement autour du nouveau président de la République : « Je suis un homme de Droite et je le revendique. Mais y a-t-il une incompatibilité majeure avec le projet d’Emmanuel Macron ? Non. ». Son comportement a conduit certains membres républicains à l’accuser de traitrise. Faisant fi des critiques, il se présente aux législatives sous l’étiquette de la République en Marche et gagne et dans la foulée il est nommé ministre de l’Economie. Ses propos : « Emmanuel Macron is Jupiter. I am Hermes, the messenger ». Inlassablement, Bruno Le Maire affiche sa loyauté sans faille envers Macron : « Je le soutiens, je continue à le soutenir, avec le même enthousiasme et la même détermination », sur CNEWS le 07 octobre 2018.

Un ministre de l’Economie qui ne connaît pas bien l’Economie : « Je connais bien Bruno, c’est un camarade de promo, donc on se connaît depuis très longtemps maintenant. Je ne pense pas… Enfin Bruno n’a pas de formation en économie, c’est sûr. Ça, il n’y a pas de doute, maintenant il a des conseillers. Mais les conseillers de Bercy malheureusement sont très très endoctrinés avec une espèce de doxa qui n’a juste rien à voir avec le monde réel. », Gael Giraud, économiste, camarade de promo de Bruno. Il intègre Normale Sup, obtient l’agrégation de Lettres, sort diplômé de Sciences Po Paris puis de l’ENA.

_____________

Reculer pour mieux sauter

L’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, tente de se faire oublier avant d’envisager un retour sur la scène politique et médiatique. Devenu professeur à l’université de Lausanne, en Suisse, après son départ du gouvernement fin septembre 2024, puis, plus récemment, nommé « conseiller stratégique extérieur » du groupe néerlandais de semi-conducteurs ASML, il observe une très stratégique traversée du désert pour mieux revenir le moment venu. « Le Maire se voit un destin présidentiel. Il réfléchit, il observe. La seule manière pour qu’il s’en sorte, c’est de se faire oublier », rapporte un maire dont il est proche.

Accusé d’avoir laissé filer les déficits en France, l’ex-patron de Bercy continue de soigner ses réseaux. « Je l’ai tous les trois jours au téléphone ! »...

Le Point. 20 mars 2025

_______________

Sa politique est très libérale et son bilan désastreux avec un déficit public d’environ -5,6% du PIB. Il est accusé d’avoir cramé la caisse. Lors de son audition par le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale : « Nous avons des visions économiques, financières et budgétaires différentes et je crois que pendant ces 7 années, nous avons pu les exposer de manière sereine, respectueuse aux services de nos compatriotes. », BLM. Le député Gauche démocratique et républicaine du Val-d’Oise Emmanuel Maurel lui remonte les bretelles : « Je peux comprendre que quand on s’apprête à quitter un poste qu’on occupe depuis longtemps, on ait tendance un peu à enjoliver son bilan, voire même à verser dans une forme d’autosatisfaction. Mais là quand même, parfois, on a l’impression que vous exagérez carrément même si la situation économique prétendument florissante de la France, la persistance du chômage de masse, c’est une réalité ;  le nombre de faillites d’entreprises qui a dépassé la barre des 50.000 cette année, c’est une réalité ; le déficit commercial qui reste préoccupant, c’est une réalité ».

Les Macronistes n’ont cessé de clamer leur sérieux budgétaire au nom de la sacro-sainte règle d’or budgétaire qui impose un déficit inférieur à 3%. Ils ont justifié des coupes toujours plus importantes dans les services publics. Les ministres macronistes se sont alors lancés dans un exercice très difficile : défendre leur bilan. La fin de leur mandat leur a inspiré une défense tout en poésie : ils sont des Mozart des finances et les problèmes ne sont pas de leurs fautes : c’est la conjoncture.

Bruno Le Maire justifie son septennat par 3 grandes phases : 

α La première est le rétablissement des comptes publics de 2017 à 2019 : un déficit de 3,8% qui chute à moins de 3% pour enfin atteindre 2,3%.

β La deuxième est le temps des crises : les gilets jaunes avec des demandes légitimes de meilleure rémunération du travail, la brutalité de la covid avec un effondrement du PIB de -7,5% en 2020.

Ω La troisième est le dynamisme des dépenses des collectivités locales avec un endettement qui pèse sur l’endettement global de la France.

En citant ces 3 phases, Bruno Le Maire s’est tout simplement fabriqué un collier d’immunité par un tour de passe-passe bien connu de la Droite : la dépolitisation de la question.

A Bercy depuis 7 ans avec 5 années consécutives de liberté budgétaire totale et 2 années de grande liberté budgétaire depuis 2022, ils parviennent à expliquer que ce déficit n’est pas de leur faute. La macronie règle les crises avec toujours plus de néolibéralisme. Les crises financières, sanitaires, économiques et écologiques sont politiques tant par leurs causes que par la méthode pour les résoudre, en imposant souvent par la force leur philosophie budgétaire. La méthode Macron n’est rien d’autre que réduire la pression fiscale sur les riches et se rattraper sur les pauvres. En effet, le gouvernement d’Edouard Philippe avait supprimé l’ISF, une mesure très favorable aux fortunés, et a rattrapé le coup en taxant les produits énergétiques dont les classes moyennes dépendent beaucoup. De plus, la décorrélation de l’évolution des dépenses de l’Etat et celle de ses recettes est assez factuelle entre 2018 et 2023 : les recettes de l’Etat ont progressé de 10,8 milliards d’euros et les dépenses ont progressé de plus de 100 milliards d’euros.

Par ailleurs, Bruno Le Maire a proposé plus de liberté aux collectivités locales alors que c’est l’Etat qui gèle leurs recettes, par exemple par la suppression de la taxe d’habitation pour 20% des ménages les plus aisés ; ce qui est un manque à gagner. Son intelligence l’a mené à la sortie de l’arène politique. Ainsi, après une carrière politique marquée par des responsabilités de premier plan, Bruno Le Maire se tourne désormais vers l’enseignement supérieur à Lausanne et le conseil stratégique, tout en s’éloignant de la scène politique active. Son intelligence qui l’a fait basculer de la Droite Républicaine au Centre macroniste pourrait bien le faire revenir en 2027. Ce n’est que parole de politicien !

Séga Fall MBODJI,

MOA Pôle ALM DFINF/Trésorerie chez Groupe Caisse des Dépôts
Ingénieur Statisticien – Mathématicien du risque & Actuariat, aide à la décision
06 50 54 72 75 Segafall.mbodji@gmail.

Paris