GMT Pile à l'heure, Génération Média&Technologies,la ligne du Devoir.

« Une ligne éditoriale très soixante huitarde, une approche iconoclaste sur fond de culture humaniste ».

Poème : Pluie de maux

Poème

Pluie de maux

De notre correspondant en France

Comme à la guerre

Où tout est en l’air

La barbarie des hommes

Comme les assauts des marées

Une pluie de pierres

Sur une mare de mon sang

Versé sur les champs de bataille

Où pataugent les -Saï-Saï-

En haillons en frocs Sur le sable ocre

Couleur de cirrus

Pour éclabousser les us

Cette furie aveuglante altérité

Quand les haches sont déterrées

Hommes vêtus de désespoir

Qui empruntent l’adret de l’espoir

Les rires jadis étouffés

Sous l’effluve des souffles

Pour laisser la place

Tachetée de traces

De lueurs

Et de pleurs

Dans l’incertitude des ondes

Déferlantes qui moutonnent

A -Soumbédioune-
A -Banuxba-
A -Xembé-

A côté des plages salaces

Où s’étalent les rivages

De silices obliques

Les murmures burlesques

Le vent sur la chaleur de vendredi

Fait écho en appels du midi

Jusque dans la cour des prés

Il pleut des cailloux catapultés

Au milieu des ruelles dégradées

Sous les vents d’alizé

Contre le flanc des murs glauques

Des geôles qui braquent Leurs miradors pantelants

Aux barrières incohérentes

Pleines de jérémiades

Il pleut des gouttes d’eaux cantiques

Sorties du flanc brisé des digues

De jeunes intrépides

D’étudiants dévêtus
D’adultes battus
De femmes brutalisées

Il pleut des rêves brisés

Au fond des voix gutturales

Sorties des terres latérales
Loin des puits taris aux moineaux

 

Et les chaumières en lambeaux

Il pleut des souffles dissimulés

Entre la vie et les morts énumérées

Sous l’attente funèbre

Pour tous les êtres

Il pleut des lamentations

Au bord des révolutions

La révolte des hommes

Debout sous les ombres

Sous le rire des brigadiers

Sous le regard froid des policiers

Sous la complainte des sapeurs

Sous le rictus des caporaux
Sous la complicité des magistrats
Sous la complicité des avocats
Sous l’abandon des religieux fanatiques
Sous la connivence des politiques
Sous les délires des journalistes
Sous l’artifice des artistes
Sous la clameur des invalides

Aux visages livides

Et il pleut le refrain des Koristes

Qui endorment les attentistes
Les philosophes qui lorgnent
Les penseurs aux esprits borgnes
Les intellectuels sur les pistes
Des artistes pauvres activistes
Les naïfs doucement rêveurs
D’un soleil qui flamboie de lueur
Sous le vaste regard
Hagard mais plein d’art
Il pleut des vœux pieux en larmes
Il pleut la raison d’être des êtres

Il pleut des souvenirs fantastiques

Il pleut des chimères dramatiques

Pour dorloter un peuple

Ambulant

Et mourant

Qui n’a plus peur de son destin.

Tidiane SENE,

Toulouse