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Par les infrastructures et le transport: Macky Sall en croisade contre Vilane, Sonko et Guirassy Rédaction Le Devoir

Les apparences sont sauves à Kaffrine, au nom de l’élégance républicaine, quand les autorités politiques accueillent le chef de l’Etat selon le protocole officiel. Mais la guerre entre Abdoulaye Wilane et Macky Sall est totale.

La tournée du président de la République à Kaffrine et Kédougou du 29 mai au Premier juin ressemble fort à un combat personnel de Macky Sall contre Abdoulaye Vilane (Wilane, selon la terminologie officielle, Ousmane Sonko et Moustapha Guirassy : sous couvert de tournée d’inauguration de chrysanthèmes, Macy Sall répond au maire de Kaffrine qui s’époumone depuis quelque temps autour de la loyauté au sein de la majorité présidentielle, surtout avec l’arrivée du clone présidentiel local en la personne de Abdoulaye Sow.

Mais Wilane aura bien manœuvré une semaine durant, mettant à profit les médiats sociaux, les foyers religieux et les militants en Vert pour éviter l’humiliation d’une mise à l’écart évoquée dans la presse et qui n’est finalement pas vérifiée

L’itinéraire, au-delà de l’équipement des infrastructures sanitaires, suggère que « Macky Sall mène un combat personnel contre le seul à pouvoir fédérer le Parti socialiste ». D’ailleurs, à lire Vilane entre les lignes, on sent l’ironie de la situation entre un socialiste républicain respectueux des institutions et la situation antérieure d’un Khalifa Sall qui n’a su se plier au protocole d’Etat en tant que maire de Dakar.

Ce samedi 29 mai 2021, le président de la République Macky Sall a inauguré l’hôpital régional Thierno Birahim Ndaw, hôpital de niveau 2 pour un coût global de plus de 20 milliards de francs cfa, d’une capacité de 150 lits, d’un plateau technique relevé : cardiologie, orthopédie, blocs opératoires, imagerie de dernière génération.

Des voix s’élèvent comme celle du maire socialiste Abdoulaye Wilane pour dire que tout n’est pas fin prêt pour accueillir des malades, malgré l’insistance de M. Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) qui rassure les Kaffrinois et voisins, que la structure sanitaire sera bien fonctionnelle dès la remises des clés ; il y a eu effectivement des hospitalisations avant inauguration officielle.

La cérémonie d’inauguration de l’hôpital de Kaffrine se déroule dans un contexte politique assez chargé, le maire Abdoulaye Wilane reprochant au président Macky Sall, d’armer son ministre de l’Urbanisme Abdoulaye Saydou Sow pour le contrer à la tête de la commune de Kaffrine pour les toutes prochaines électorales.

Le maire de Kaffrine devait s’attendre à des représailles pour avoir été aussi brut dans ses propos envers Macky Sall mais aussi pour avoir commis le péché mortel de lui denier la légalité d’un troisième mandat.

Pour le porte parole du PS, le déni, surtout d’un président de la République, clé de voûte des institutions, est inacceptable ; pour lui, “la parole d’un chef d’État à une valeur”.

Il considère que Macky Sall n’a pas le sens de la parole : “Il ne respecte pas ses promesses. Je l’ai donc surpris en flagrant délit de non respect de la parole donnée et non respect aux principes républicaines.”

En réalité, Abdoulaye Wilane sentait le mal venir

En fin politicien, il comprenait que Macky Sall, après les avoir utilisés pour combattre Khalifa Ababacar Sall, les avoir réduits à vivre accrochés à ses basques et déshérités de leur base, avait encore des ressources et de la lucidité pour rebondir sans eux :  Aminata Mbengue Ndiaye n’avait-elle pas perdu la ville de Louga au profit de Abdoulaye Diop ? Osera-t-elle même se présenter pour les prochaines municipales ou se solidariser avec Abdoulaye Wilane au risque de perdre son poste juteux de présidente du Haut conseil des Collectivités territoriales ?

Dans sa nouvelle entreprise de consolidation de son pouvoir, en perspective de la Présidentielle de 2024, après avoir su contenir, pour un temps, certains ministres de son gouvernement qui nourrissaient l’ambition d’être présidentiables avant de les chasser, Macky Sall se retourne pour les Municipales et les Législatives pour placer ses hommes, directement à lui, plutôt que venus de coalitions qui peuvent éclater dès la première crise. Vu le traitement qui est réservé au porte parole du Parti socialiste (PS), il est fort à parier que plusieurs maires PS et AFP risquent de ne pas rempiler le 23 janvier, et la coalition Bennoo Bokk Yaakaar, fortement ébranlée.