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Ousmane Sonko, l’arbre qui cache la forêt Par Habib KA, Bureau régional de Matam Thilogne

Avant que ne soit portée à l’attention du public la macabre révélation d’une histoire de mœurs entre Adji Sarr, jeune masseuse d’un salon de beauté et Ousmane Sonko, leader de Pastef, l’actualité sénégalaise était riche en rebondissements de sujets existentiels. Citoyens, classe politique, journalistes se donnaient à fond parce qu’intéressés au plus haut niveau.

Dans l’affaire Boubacar Sèye, le président de l’ONG « Horizon Sans Frontières » (HSF) est accusé de diffusion de fausses nouvelles pour avoir parlé de l’existence de fonds de l’Union européenne (UE) destinés à la lutte contre l’émigration. Il fut maintenu dans les liens de la détention préventive et ne dut son salut qu’à la confirmation de l’UE et du président Macky Sall himself en conseil des ministres de l’existence de tels fonds.

Ce donneur d’alerte a eu au moins le mérite de mettre la puce à l’oreille de ses concitoyens, qu’ailleurs des ressources sont mobilisées pour créer l’emploi des jeunes et des femmes pour décourager l’émigration clandestine.

Diary Sow-La fugueuse.  Meilleure élève du Sénégal qui tenait toutes les populations en haleine pendant quelques bonnes semaines d’inquiétudes, de supputations, de pistes toutes désignées, des plus tendancieuses aux plus loufoques sur des lobbies, des francs-maçons, des enlèvements, d’envoûtement. Finalement les faits se sont tassés, l’auteur du roman “Visage d’ange” et de celui en cours d’édition “Lorsque les masques tombent” est revenue se terrer, semblable à un ermite, chez son parrain le ministre Serigne Mbaye Thiam, déprimée, complètement sonnée.

Les populations avaient fini de découvrir, elle avec, que le Sénégal avait, en tout temps, meilleurs que Diary Sow et qui ont fait les beaux jours du Sénégal en années préparatoires de très prestigieuses écoles étrangères, sans tambours ni trompettes, dans l’anonymat total.

Autre affaire, le ralliement programmé, un jour de Toussaint, de Idrissa Seck, président du parti Rewmi et candidat de la coalition Idy 2019, arrivé deuxième à la dernière présidentielle avec 20 % des suffrages exprimés qui le plaçait de fait chef de l’opposition.

Idrissa Seck enrôlé président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), deux de ses proches collaborateurs nommés ministres du gouvernement, tout est fait pour lui faire miroiter les allées du palais de la République. Oumar Sarr leader de And Suxali Askan Wi, neutralisé au ministère des Mines et de la Géologie.

Ces nouveaux alliés donnent à penser que Macky Sall est en train de concocter une nouvelle majorité autour de sa personne, une nouvelle coalition plus bancale, en roue libre pour remporter avec une écrasante majorité, toutes les élections à venir.

Le dialogue national et le dialogue politique en cours dont les décisions lient et engagent toute l’opposition, notamment les reports successifs sine die de la tenue des élections. A ce jour, aucun calendrier électoral n’est fixé, l’année 2021 sera une année blanche sans consultation aucune. Les maires voient ainsi, chose inédite, leurs mandats prorogés d’au moins de deux ans et demi, l’équivalent d’une semi-mandature. Leurs confrères, honorables députés, si les Législatives et la Présidentielle sont couplées pour le mois de février 2024, seront gratifiés d’un bonus de vingt mois au moins.

L’actualité c’était aussi la pandémie de la Covid-19, elle l’est encore et domine toutes les autres. Circonscrite d’abord à Dakar, Thiès et Touba, elle a fini d’installer ses quartiers partout à l’intérieur du pays, dans toutes les localités. Pire : peu ou prou de logistiques de riposte sont disponibles sur place, pendant que la récurrente Ébola est dans les cités.

Ce pays avait besoin de paix, de sérénité, de respirer pour que la campagne de vaccination soit la mieux préparée, la mieux organisée pour éviter l’amateurisme, les détournements et autres combines malsaines à la base qui avaient fait capoter la campagne de distribution de l’aide alimentaire à plus d’un million de ménages économiquement faibles.

L’on verra mal sur fond de crispation politique cette campagne se dérouler comme souhaitée.

Macky Sall avait réussi à fédérer autour de sa personne toute l’opposition en guerre contre la Covid-19. Aujourd’hui, une bonne partie de celle-ci, des activistes comme des membres de la société civile s’est démarquée de lui certainement par instinct de corporation pour se joindre au combat des pastefiens pour la défense de la souveraineté républicaine, des libertés démocratiques, de la justice sociale, etc . . .

Ousmane Sonko, leader des Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité (PASTEF) s’est retrouvé enveloppé de sales draps dans un scandale judiciaire l’opposant à une dame sénégalaise. L’affaire pouvait au plus être exploitée par ses adversaires à des fins politiciennes pour discréditer son image et s’en arrêter là.

Mais quand certains du pouvoir veulent en faire une occasion pour éliminer politiquement un présidentiable, le citoyen lambda ne fera pas longtemps pour comprendre que c’est une pure machination politique, comme les précédentes qui ont détruit les carrières de Karim Wade, et du maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall.

Le Devoir