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La Ligne du Devoir

Ousmane Sonko et le sexe des anges: Le feu de l’action envoie des éclairs dans la rue P. MBODJE

Éculé. Excusez le terme : la première réaction manuscrite a laissé un goût d’inachevé ; il fallait alors redresser par une déclaration publique devant une réplique écrite deux jours avant qui semblait semer plus la confusion ; dimanche, Ousmane Sonko est monté sur les grands chevaux, a accusé gratuitement le pouvoir de vouloir bien exploiter outrancièrement un péché de chair et appeler à un soulèvement populaire : il faut être de mauvais conseil pour adopter cette stratégie avant plaidoiries. Mal    droit, emprunté, il a été aussi à l’origine des émeutes inacceptables du lundi au Sénégal et ailleurs lorsqu’il appelle à la révolte contre Macky Sall.

Devant ses épouses, l’émotion s’est manifestée ce dimanche 7 février et il y a eu des trémolos dans la voix ; parce que le fait constant est là : Ousmane Sonko fréquente le salon de message de la « sweet, sweet Fanta Diallo kissing me on the burning rocks » qu’il a confondu avec « Home, sweet home », et a été en présence physique avec la plaignante qui l’accuse de l’avoir violée. Ces faits sont constants en Droit : dans une affaire criminelle, ils justifient l’ouverture d’une enquête, surtout si des preuves biologiques sont versées dans le dossier avec la plainte.

Le plaidoyer pro domo de l’incriminé (c’est le cas de le dire) est faible qui crie au complot et appelle à la révolte populaire. Puérile, enfantin comme l’est celui qui apparemment refusé de grandir.

Surveillé comme du lait sur le feu par un pouvoir décidé à le liquider, Sonko devait savoir que tous ses faits et gestes étaient rapportés, disséqués, analysés aux fins d’exploitation : la rencontre avec Sweet Fanta Diallo dans un salon plus lupanar suscite forcément des idées. C’était du pain béni pour un président cherchant un moyen de rebondir, encerclé par la pandémie à la Covid-19 depuis un an et incapable de susciter désormais quelque espoir que ce soit. D’autant plus rejeté qu’il cherche à se maintenir coûte que coûte, au mépris du bon sens et de l’éthique. Autant, ici aussi, comprendre la furie d’une jeunesse sacrifiée, celle qui s’est manifestée bruyamment lundi, et pas seulement qu’au Sénégal.

Supposer un complot venu d’en haut revient cependant à disserter sur le sexe des anges et épiloguer sur un viol en lieu et place des Cours et Tribunaux et des laboratoires ; Sonko lui-même avoue que nul ne peut prouver un viol, renvoyant ainsi explicitement son accusatrice dans les cordes qui semblent l’attacher. Surtout si le pouvoir peine à se faire crédible.