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Octobre Rose: Fatou Warkha Samb, activiste féministe: « Le Sénégal connaîtra son véritable essor économique avec une femme aux commandes » Par Charles SENGHOR

Qui, mieux qu’une femme présidente du Sénégal, pour l’autorisation de l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste, conformément au protocole de Maputo ?

Féministe dans l’âme, Fatou Warkha Samb, militante du respect des Droits des femmes, ne demande qu’une chose : que la femme occupe sa vraie place dans la société. Cette activiste qui lutte pour l’autorisation de l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste, conformément au protocole de Maputo, signé par le Sénégal pense que le Sénégal ne prendra véritablement son envol que quand il sera dirigé par une femme. Car, la capacité de management de la femme n’est plus à démontrer.

Entretien

Que pensez-vous du mois d’octobre consacré à la lutte contre le cancer du sein et du col de l’utérus ?

C’est une très bonne chose. Aujourd’hui, de plus en plus, avec des activités pour faire des sensibilisations, nous sommes arrivés au stade de la consultation gratuite. Ce sont des maladies taboues et je pense que si on consacre un mois pour en parler et sensibiliser, c’est une excellente chose, même si nous avons mis du temps à nous y mettre. Ce serait encore mieux d’élargir ces activités à plus d’un mois.

Pensez-vous que les droits des femmes ne sont pas assez soutenus au point que vous vous engagiez à les défendre ?

Ce n’est pas cela la question ; moi je suis féministe et c’est donc normal et légitime, quand on est dans un pays comme le Sénégal où l’inégalité concernant les femmes est la chose la mieux partagée, de m’y mettre.  Les femmes ont encore beaucoup de droits à revendiquer. Donc, pour moi, c’est naturel de les défendre. Je me dis que des gens comme moi, si nous avons le privilège d’être un peu éclairés, un peu conscients de cette inégalité-là, nous ne devons pas nous taire, nous ne devons pas croiser les bras. Nous devons mener le combat pour sensibiliser davantage afin d’arriver à inverser la tendance. Pour moi, toute femme éclairée, consciente de cette situation doit porter ce combat car c’est à nous de changer les choses.

Comment voyez-vous la condition de la femme au Sénégal ?

Nous devons reconnaître qu’il y a des acquis par rapport à d’autres pays. Si on fait la comparaison avec des pays comme la Mauritanie, le Congo…, on peut se glorifier. Toutefois, il reste beaucoup de choses à faire. Il faut davantage de droits et de considérations à l’égard des femmes. Il y a le problème de représentation des femmes.

Si on prend le plan médiatique, les femmes ne sont pas bien représentées. L’absence des femmes dans des débats intellectuels en économie, en gestion ou autre choses importantes, est notée. Ce qui veut dire qu’il y a beaucoup de choses à faire par rapport à la condition de la femme au Sénégal. Nous notons cela dans le cadre de la représentativité dans les institutions. Nous voyons tous que la parité n’est pas respectée partout alors qu’elle est un acquis. Il y a le combat pour l’égalité des salaires sur les postes occupés ;  sur le droit des congés de maternité, cela commence de plus en plus à être respecté…

Qu’est-ce qui est à l’origine de  campagne pour l’autorisation de l’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste que vous avez initiée ?

Ma motivation est très simple : je pense que si en plus du viol/et ou de l’inceste, on doit supporter une grossesse dont on ne veut pas, c’est intenable. C’est pourquoi, ce combat doit être gagné.

Le Sénégal a ratifié le protocole de Maputo qui stipule qu’en cas de viol ou d’inceste, l’avortement médicalisé doit être autorisé. Mais, au Sénégal, depuis plus de dix ans, on en parle sans rien obtenir dans la pratique. Il est normal et légitime de suivre  ce protocole parce que le fait d’être victime de viol ou d’inceste est difficile.

Qu’est-ce reste à faire pour gagner ce combat ? 

Il y a déjà nos réalités sociétales qui sont défavorables. On est en train de sensibiliser les gens. Récemment, il y a une étude réalisée qui dit que 75% des Sénégalais interrogées veulent l’application de l’avortement médicalisé. Donc, les autorités qui avaient peur de la réaction de la société peuvent être rassurées. Elles doivent donc nous écouter en sachant que c’est une demande sociale. Elles doivent avoir l’audace d’appliquer le protocole de Maputo qu’elles ont signé partout à travers le monde.

 

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