Niger : Désaccords de solidarité
Niger
Le Sénégal rejoindrait les troupes de la Cedeao en cas d’intervention communautaire au Niger ; il avait déjà dirigé les casques blancs en Gambie il n’y a guère. L’Algérie, le Burkina Faso, la Guinée et le Mali, de l’autre coté, considèrent toute agression contre les nouvelles autorités de Niamey comme une déclaration de guerre de la Cedeao. Enfin, l’Union européenne refuse toute intervention dans une guerre du sable même si, au niveau bilatéral ou multilatéral, on peut penser qu’elle appuierait les troupes au niveau de la logistique. Bref, tout le monde se met d’accord sur l’essentiel : il n’y a pas d’accords sur les solidarités pour ou vers le pays du grand Hamani Diori et l’ultimatum court jusqu’à ce dimanche 06 aout. Une entité locale, le Sénat nigérian, a cependant décidé de laisser une chance à la paix en demandant la poursuite des négociations.
Dans la géopolitique, les États doivent baser toute stratégie sur le réalisme.
Sans avoir des accords de défense avec le Niger, trois pays de l’Afrique de l’ouest, le Burkina, la Guinée et le Mali, ont dit que toute intervention militaire étrangère, dans ce pays, serait considérée comme une déclaration de guerre contre eux. On peut se demander si ceux qui font ces déclarations en ont mesuré les potentielles conséquences.
Il ne faudrait pas commettre des erreurs qui conduiraient à des situations pires que celles qui sont vécues présentement.
La Serbie, l’Irak, la Libye en ont fait l’amère expérience.
Les tailles des armées de ces pays et les niveaux de leur armement, qualitativement et quantitativement, étaient de loin supérieurs à ceux de ces pays prêts à s’engager dans une guerre contre des puissances militaires de premiers plans.
Vu sous cet angle, ces déclarations semblent bien téméraires.
Ce qu’il faut changer dans les relations entre la France et ses ex-colonies au sud du Sahara est connu : il faut aller vers le respect réciproque et des échanges gagnant-gagnant.
Actuellement, l’issue d’un affrontement entre d’un côté les pays de la Cedeao appuyés certaines puissances militaires majeures et de l’autre les militaires nigériens, actuellement au pouvoir, ne fait aucun doute : le bilan serait tout simplement des malheurs et des désolations dont les victimes seraient les pauvres populations déjà en souffrance avec des causes et des origines qui ne sont pas toujours extérieures.
Autant opter pour une diplomatie discrète et apporter des arguments convaincants permettant à tous de sauver la face.
Les grandes puissances, en première desquelles la France, doivent savoir que le monde a changé et que les relations déséquilibrées que naguère le président Senghor désignait par l’euphémisme : « la détérioration des termes de l’échange » doivent évoluer.
Dans nos relations avec la France, nous devons être deux cavaliers avançant ensemble et non un cavalier et sa monture.
Ababacar Sadikh DIAGNE,
ancien élève des classes préparatoires aux Grandes écoles,
Ingénieur diplômé de l’ENAC Toulouse, France, et du MIT Cambridge, USA.