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Ministère de la santé: Pourquoi pas un diplômé du corps à sa tête ? Par Habib KÂ, Bureau régional de Matam

Thilogne-Abdoulaye Diouf Sarr est-il vraiment à sa place au ministère de la Santé ?

Autrement, la Santé a-t-elle l’homme ou la femme qu’il faut pour redéployer le secteur, gérer les récurrentes épidémies, la Covid-19 notamment ?

Sans entrer dans les critères de choix du chef de l’État, on peut toutefois tiquer sur le limogeage le 07 septembre 2017, suite à un remaniement ministériel, du Pr Awa Marie Coll Seck et son remplacement par Abdoulaye Diouf Sarr, économiste de formation.

Le professeur, chercheuse spécialiste en bactériologie-virologie et en maladies infectieuses et tropicales, face au virus Ebola en août 2014, s’était distinguée avec son équipe, par leur savoir, leur savoir-faire pour le bouter hors du territoire, sans toute cette cacophonie qui nous est servie présentement.

C’est bien possible, pour l’expert financier qu’il est, d’améliorer la gestion des structures sanitaires, d’optimiser leurs performances ; mais, quant à la santé stricte,Il est comme un éléphant dans un magasin de porcelaines, un étranger dans le corps professionnel et en terrain inconnu.

S’il y’a des frictions, des frustrations, des susceptibilités, jusqu’à faire éclater la Dream Team mise sur place sur le socle de l’unité nationale obtenue autour du chef de l’État, Macky Sall en porte l’entière responsabilité pour avoir fait le choix délibéré de mettre la politique au-devant de la santé des populations.

Celles-ci avaient fini de prendre en star et projeter toute leur confiance sur cette équipe scientifique de communication, loin des lumières et bris dorés, et ceux dans les ombres des laboratoires, dans le silence moribide des couloirs et pavillons d’hôpitaux, et qui exécutent avec abnégation et pugnacité la plus noble des sacerdoces : sauver des vies, même au péril des leurs.

La gravité de la situation sanitaire au Sénégal et la tournure du combat épique contre la pandémie autorisent à donner plus de responsabilités et d’autorité au Comité scientifique. Un remaniement ministériel nécessaire pour étoffer le groupe avec un ministre aux compétences avérées, des nominations exclusives aux postes sanitaires très stratégiques de professionnels de sciences de la médecine et de la pharmacie.

Abdoulaye Diouf Sarr n’est pas vraiment à sa place, au ministère de la Santé du gouvernement, surtout en cette période de croissance exponentielle de la pandémie, du variant Delta en continuelle mutation.

Le ministère de la Santé a besoin, lui aussi, d’un homme du sérail, comme commandant de bord, un homme ou une femme du métier, en osmose parfaite avec ses collègues et collaborateurs, où seule la connaissance de la science et l’obsession de réussir l’exaltante mission de vaincre le coronavirus, font foi.

En temps de crise sanitaire, le président de la République doit s’appuyer sur les avis des experts pour gouverner, c’est-à-dire anticiper sur la crise et la gérer. Donner donc la parole à la science et “écouter celles et ceux qui savent” pour paraphraser le président français Emmanuel Macron. Ce n’est ni le lieu, ni le temps de la politique, ici, mais ceux de l’action consacrée à la riposte contre la Covid-19.

La controverse de Abdoulaye Diouf Sarr avec le Professeur Moussa Seydi, président du Comité scientifique Covid-19 du ministère de la Santé, n’a pas sa raison d’être, tout comme les départs de son ex Directeur de Cabinet, Dr Aloyse Waly Diouf pour l’OMS, du Dr Abdoulaye Bousso, ex-Directeur du Centre des Opérations d’Urgence sanitaire (COUS), pour la Fondation Bill Gates.

Dr Ousmane Guèye, limogé du Service national de l’Education et de l’Information pour la Santé (SNEIPS), Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, Directrice générale de la Santé publique, présidente du Comité de Gestion des Epidémies (CGE), écartée, le ministre de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) Abdoulaye Diouf Sarr reste seul, privé de ses spécialistes face à l’esprit d’un mutant qui n’a pas encore livré toute la panoplie de ses variants.

Le décor donne l’image surréaliste d’un navire qui coule, que le capitaine et le personnel de bord qualifié laissent à l’abandon des eaux profondes.

Le constat c’est que la prise rationnelle en charge de la gestion de la pandémie s’est heurtée à la présence trop personnelle et politique d’un ministre qui ne conçoit que des rapports de hiérarchie et de subordination avec des experts, mus par la Science et la Santé des populations, qui ont une autre religion du Comité scientifique pour la bataille contre la Covid-19.

La démotivation est générale dans le corps scientifique et la 3ème vague est là, déferlante