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Médiation africaine en Ukraine : Derrière les lignes

Médiation africaine en Ukraine

Le jeu arrière des Etats-Unis et de l’Otan

L’hommage aux victimes de la guerre est une condamnation implicite de la Russie, ce qui fausse une neutralité quand l’Occident fait tout, Occidentaux qui sont allés jusqu’à menacer ceux parmi eux qui s’étaient abstenus, lors d’un vote sur la condamnation de la Russie pour fait d’invasion de l’Ukraine

Était-il opportun pour les Africains de s’engager dans cette médiation dans le conflit russo-ukrainien?
Certes il est légitime de penser que cette démarche des chefs d’État participe de la bonne volonté des africains quant à l’apaisement des tensions. Toutefois il peut leur être reprochée une certaine candeur voire une naïveté.
Cette guerre est, en réalité, un affrontement entre les Occidentaux et la Russie alliée plus ou moins fortement à d’autres puissances dont la Chine, la Corée du Nord, l’Iran etc…
Les Wolofs disent que si un bébé arrive à danser à peu près correctement, c’est parce que ses parents lui tiennent les épaules.
Les affrontements entre la Russie et l’Ukraine n’auraient jamais eu lieu si ce pays de l’ex-URSS n’avait pas derrière lui les États-Unis et ses alliés de l’OTAN et quelques autres du bloc occidental.
Pour voir clair dans ce conflit, il faut savoir que les États-Unis se sont fixés un objectif qui est l’affaiblissement de la Russie et la séparation de celle-ci de l’Europe dans le domaine économique notamment.
Cette attitude est dictée par la stratégie de conservation de la suprématie américaine dans presque tous les domaines obtenue à l’issue de la seconde guerre mondiale.
Toutefois, cette stratégie, au grand dépit des Américains, est contrecarrée par les évolutions/révolutions du monde dans les domaines scientifiques, technologiques, économiques et démographiques notamment.
Dans les domaines de l’armement, où la suprématie américaine est encore une réalité, les écarts quantitatifs et qualitatifs se réduisent de plus en plus.
Ainsi l’élaboration des charges militaires, leurs transports et guidage sont des domaines où nombre de pays disposent d’un savoir-faire indéniable. Penser par exemple à la Corée du Nord, l’Iran, le Pakistan et l’Inde et l’arme des sanctions utilisée pour les empêcher de poursuivre leurs activités en ces domaines semble, jusqu’à présent, peu efficace.

Les abus, on est bien obligé de les appeler ainsi, en matière judiciaire, avec l’application extraterritoriale des lois américaines et des sanctions déraisonnables infligées à des entreprises étrangères mêmes de pays “amis”, ont fini par convaincre leurs partenaires et alliés que le slogan “America first” n’est pas un vain mot.
On se souvient des menaces à l’endroit des entreprises étrangères qui avaient voulu relancer et développer leurs activités en Iran après la levée des sanctions suite à l’accord international sur le nucléaire iranien. Le président américain de l’époque avait renié, sans raison juridique valable, la signature de son pays.
Ces événements ont alors remis le curseur des tensions, dans cette zone, à un niveau plus élevé que jamais. Il y’a même eu des incidents entre les forces armées américaines et iraniennes particulièrement graves et qui auraient pu déclencher une guerre.
Les USA ont aussi été très méthodiques dans le sabotage des relations économiques russo-européennes, notamment dans le commerce des hydrocarbures.
Il n’est pas besoin de revenir sur le sabotage mystérieux des gazoducs Nord stream 1 et de l’arrêt du projet Nord stream 2 qui était en phase de certification laquelle n’a pas eu lieu et ce à l’initiative de l’Allemagne suite à des pressions américaines.
Tout cela montre bien que les Africains auraient dû persévérer dans leur approche de neutralité tout en étant constructifs lorsque le conflit russo-ukrainien est abordé à l’ONU, notamment au Conseil de Sécurité. Ils devraient s’en tenir à cette position, même si, comme cela s’est déjà produit ils doivent encourir le courroux des Occidentaux qui sont allés jusqu’à menacer ceux parmi eux qui s’étaient abstenus, lors d’un vote sur la condamnation de la Russie pour fait d’invasion de l’Ukraine.
Expert en manipulation, le gouvernement ukrainien, tout en refusant toute suite favorable à la démarche africaine, a exploité habilement la venue de la délégation en lui ” imposant ” un hommage aux victimes de la guerre qui n’en n’est pas moins une condamnation implicite de la Russie.
En Russie l’accueil de cette délégation a été moins problématique compte tenu de la volonté du président Poutine de réussir le prochain sommet Russie Afrique.
On voit bien qu’il valait mieux peut-être de ne point entreprendre cette missions de conciliation qui par ailleurs est l’objet de critiques parmi l’intelligentsia africaine.
Les Wolofs disent que séparer deux personnes qui se bagarrent est plus aisé lorsqu’elles sont toutes deux épuisées. Peut-être que la méditation africaine pourrait être opportune et efficace lorsque les vrais protagonistes voudront arrêter cette guerre.

Ababacar Sadikhe DIAGNE

Ancien élève des classes préparatoires aux Grandes écoles,
Ingénieur diplômé de l’école nationale de l’aviation civile (ENAC) Toulouse,  France,

et du Massachusetts Institute of Technology (MIT) Cambridge USA