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Louga : Fatoumata tanne Lakhbous

Louga

Fatoumata Fall tanne
la peau de Lakhbous Diakhaté

Fatoumata Fall, opératrice économique proche du mouvement “Doli Macky”, a remporté le duel qui l’opposait à Lakhbous Diakhaté  de la tendance Moustapha Diop pour le contrôle du comité de gestion de la tannerie de Louga.

De notre correspondant de Louga

Cette entité tant convoitée a réveillé les rivalités politiques et les vieilles rancœurs.
Daby Diagne, maire puis président du Conseil régional avait saisi très tôt que le Maure, composante importante de la société lougatoise, était bien intégré dans le landerneau politique local en ayant perçu les dividendes que Louga pouvait tirer de cet important électorat. Il fallait donc occuper les franges de cette entité locale. Il créa ainsi la tannerie de Louga avec tous ses blocs administratifs, les salles de stockage des peaux, des unités de traitement équipées de produits composés, d’une filière de vente et un financement conséquent.
Il y avait deux concurrents pour le comité de gestion de la tannerie et Fatoumata Fall s’est payé la peau de son concurrent, littéralement.
La tannerie est une filière porteuse de Louga ; elle est située au cœur de Gade gui des Maures avec son important stock de peaux achetées, conservées dans des chambres climatisées et artistiquement façonnées par des orfèvres de talent des deux sexes.
Une zone industrielle spéciale, des produits, des senteurs, des effluves, un site pittoresque. L’association des Maures de Louga tire l’essentiel de ses ressources financières dans le traitement des peaux des encornés abattus tout au long des 365 jours de l’année ; des cérémonies religieuses phares bien calées dans le calendrier des festivals de Zikr de fins de Ramadan institué par les kourels fédérés des chanteurs confrériques, les gamous et les ziarras planifiés par les divers foyers de guides spirituels. Les grands baptêmes, les mariages somptueux ou les cérémonies funéraires des Modou-Modou sont aussi des occasions d’immoler. Les peaux sont récupérées par les acteurs du secteur des tanneurs regroupés en corporation des métiers du cuir : cette main d’œuvre locale ne chôme pas à Louga.
La capitale de la 8ème région abrite ainsi trois minifleurons industriels que sont la Société des produits alimentaires et industriels -Spia-, la tannerie et l’unité de transformation des niébés.

La reprise des activités de ces secteurs des acteurs spécialisés dans le conditionnement des produits phytosanitaires, la collecte des peaux, des filières et charmes de valeurs de l’exploitation des variétés de semences de niébés a permis de remettre plus de cent chômeurs au travail.

Trois fois ouvertes puis fermées du fait de recrutements massifs supérieurs aux possibilités de traitements mensuels, ces mini unités industrielles, fleurons de Louga, ont vacillé entre le souhaitable et le possible ;  le réalisme économique a prévalu pour limiter le “bourrage” de la clientèle politique ; ainsi, des conclaves d’experts de haut niveau ont pu réintroduire les clefs retirées des paillassons pour réouvrir les portes de ce trois mini-fleurons de Louga. Des séances de capacitation des diplômés recrutés ont sauvé la situation. Les agricultulteurs, les Maures tanneurs de peaux et les marchands des dérivés des niébés sélectionnés ont fait reprendre le travail à plus cent chômeurs traumatisés.

Mamadou Mansour DIENE