Les forces irrésistibles d’Aminata, mère célibataire et ”père’’: À 39 ans, elle assume la solitude et assure les charges de père de famille Chérifa Sadany Ibou-Daba SOW
Pourtant elle a tout pour plaire, mais se retrouve célibataire après trois mariages ratés. Avec des aveux plus ou moins codés, cette mère de famille témoigne et explique les raisons d’une solitude qu’elle n’a pas choisie.
Dans l’Islam, la mère est appelée trois fois avant le père. Est-ce un hasard ? Pour certaines mamans célibataires, non. Elles l’interprètent sous un autre angle ; selon elles, cela veut juste dire qu’elles peuvent effectivement exprimer des qualités souvent considérées comme l’apanage du père : l’éducation des enfants, la sévérité. Pourtant, le père est le gérant d’une autorité constructive qui positionne les limites et qui fait de l’enfant un adulte responsable. Est-ce qu’une mère peut donc le remplacer ?
Trois garçons et une fille, Aminata Sow (nom d’emprunt), 39 ans, est mère qui assume bien son célibat. Elle est la réponse à la question. « Je suis restée célibataire pendant 17 ans avant de me remarier en 2019. Actuellement, je suis encore célibataire depuis 2 ans. Je n’ai pas de problème par rapport à ma situation. Ce sont des choses qui arrivent dans la vie. Ce qui m’aurait fait mal, c’est d’avoir tous ces enfants hors mariage mais Alhamdoulillah ce n’est pas le cas.
« La place de la mère dans notre société est devenue centrale. Dans les régions, l’effectif des filles scolarisées dépasse la moyenne. La révolution silencieuse en marche. »
Mon premier mariage était un mariage forcé. Après avoir mis au monde mon aîné, j’ai divorcé. J’étais amoureuse à mon dernier mariage mais je n’avais pas choisi le bon mari. Mon quotidien se limite à trouver des moyens pour nourrir mes enfants. Ce qui n’est pas difficile vu que j’ai un travail fixe. Je fais aussi de petits commerces par-ci et par-là pour préparer leur scolarité et pour les nourrir. J’ai aussi le soutien de leur grand-mère et oncle. Nous vivons dans la grande maison familiale ».
Son fils semble ne pas avoir souffert de la séparation de ses parents.
Alors, ça ne t’avait jamais manqué, la présence de papa ?
« Je n’ai jamais habité avec lui mais je le voyais quand j’en avais envie, donc non. Ma mère m’obligeait à aller rendre visite à mes demi-frères. Sinon, son absence ne me dérange pas vu que j’ai une maman qui me comble sur toute la ligne », dit-il fier.
Et vous, Aminata, comment vous faites pour qu’il se retrouve aussi compréhensif et surtout qu’il ne ressente pas un vide ?
« Je le responsabilise, il a 19 ans maintenant. Je lui fais comprendre qu’il est l’ainé de la famille, qu’il doit prendre soin de ses petits frères ».
Il est pourtant toujours très difficile de se résigner au divorce et notamment quand il y a des enfants en jeu. Les conséquences ne sont pas toujours que positives. Aminata est consciente de tout cela mais ça ne l’empêche pas de se fixer tous les jours des objectifs pour réussir l’éducation de ses enfants.
« Je prive l’organisation d’abord. Voir comment passer du temps avec eux en cumulant mon travail et en surveillant leurs études ».
Vous n’essayez pas de vous trouver un autre mari ?
« Pas pour l’instant », dit-elle catégorique. « Être maman célibataire avec des enfants demande une profonde remise en question et beaucoup de confiance en soi. Avec trois mariages ratés, je n’ai ni l’envie ni le temps de chercher de la compagnie. Heureusement que ma famille ne me met pas la pression. À la maison, ils oublient même que je suis encore célibataire ; donc je ne vis pas la pression sociale ».
Et vous n’avez jamais eu de regret ?
« Si ! Je n’ai jamais souhaité être mère célibataire. Étant jeune fille, j’avais du mal à imaginer ma vie sans époux. Mais les circonstances ont complètement influencé mon opinion. Je garde toujours la foi en tant que bonne musulmane de rencontrer, bien que ce n’est pas encore ma priorité, un mari responsable, « dieukeurou ndieukeunté » qui saura combler mes fragilités. Dieu exaucera mes prières », termine-t-elle avec de l’espoir voilé aux yeux.