Législatives : Un seul peuple, enjeux multiples
Sénégal-Législatives
Des enjeux multiples
L’État doit fonctionner et le Sénégal doit coïncider devant des renversements d’alliances et des majorités souvent difficiles à obtenir ; avec la dissolution de l’Assemblée nationale, la coalition qui sera créée autour du Premier ministre sera pleinement consciente de l’objectif politique à atteindre.
Le président de la République, M. Bassirou Diomaye Faye, a annoncé le 12 septembre 2024, dans une adresse à la Nation, la dissolution de l’Assemblée nationale. Celle-ci avait été mise en place à l’issue des élections législatives du 31 juillet 2022. La date des prochaines élections législatives est fixée au 17 novembre 2024.
Il faut rappeler que la coalition BBY avait remporté le plus grand nombre de sièges (82) sans obtenir la majorité absolue (83 sièges) ; la coalition Yewwu Askan Wi dirigée par M. Ousmane Sonko venait en seconde position avec 56 sièges. Une troisième coalition, Wallu Sénégal, a obtenu 24 sièges, le nombre total de sièges à pourvoir étant de 165.
Les jeux et alliances de cette troisième coalition (Wallu Sénégal) ainsi que de certains autres partis et coalitions n’ont pas été toujours faciles à comprendre, politiquement parlant… Des « renversements d’alliance » ont conduit à des résultats souvent surprenants au sein de l’Assemblée nationale.
Le taux de participation enregistré lors des élections législatives du 31 juillet 2022 était de 46.64%
Les Sénégalais ont voté en masse le 24 mars 2024, lors de l’élection présidentielle; et en faveur de la coalition « Diomaye Président ».
M. Bassirou Diomaye Faye a été élu président de la République à l’issue du scrutin du 24 mars 2024 avec 54,28 % des suffrages exprimés.
La composition de l’Assemblée nationale et surtout le « déplacement des alliances » ont rendu difficiles les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif : des projets de loi présentés par l’exécutif n’ont pu être votés dans le sens souhaité.
L’Etat doit fonctionner. Cette situation politique ne pouvait perdurer… Le Sénégal « doit coïncider » ; or les blocages se multipliaient du fait de majorité(s) difficile(s) à obtenir.
La coalition Benno Bokk Yakaa ne se présentera pas unie aux prochaines élections législatives car des départs ont été annoncés et le candidat de cette coalition, M. Amadou Bâ, qui avait obtenu lors de l’élection présidentielle 35.8% des suffrages, a annoncé son retrait et la création d’un nouveau parti. Il briguera, dans une coalition à créer, le suffrage des électeurs. D’autres départs de la coalition BBY ne nous surprendraient pas.
La coalition Yewwu Askan Wi a connu également des évolutions notables.
Les deux coalitions citées totalisaient à elles seules 138 sièges à l’Assemblée nationale, soit 83.6%
Le président de la République et l’actuel Premier ministre ont pris la mesure des enjeux multiples des prochaines élections législatives. La coalition qui sera créée autour du Premier ministre sera pleinement consciente de l’objectif politique à atteindre : la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, soit 83 sièges. Seule cette majorité absolue lui permettra de stabiliser les institutions et de lancer véritablement son programme de développement économique et social, en d’autres termes, le « Projet » annoncé.
Réalisme politique…Le taux de participation aux élections législatives du 17 novembre 2024 devrait constituer un objectif majeur et être proche de celui de l’élection présidentielle du 24 mars 2024, soit 61.3% Un tel taux de participation devrait permettre à la coalition formée autour du Premier ministre de remporter le plus grand nombre de sièges de députés.
La coalition qui sera formée autour du Parti démocratique sénégalais–PDS– devrait peser politiquement sur la balance.
Pour l’heure, les partis qui se réclament ouvertement de l’opposition n’ont pas décliné leur stratégie politique et électorale.
Plusieurs dirigeants politiques écartés de la dernière élection présidentielle du 24 mars 2024 feront leur retour mais l’analyse des écarts de voix entre les « deux premiers » de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 et les autres laisse peu de « marge électorale » aux futurs partis et coalitions.
La « position politique » des dirigeants de Taxawu Sénégal et du Pur sera intéressante à suivre mais le taux de participation sera décisif pour la coalition au pouvoir.
La mobilisation devra être forte et orientée et la campagne électorale, lorsqu’elle sera ouverte, menée tambour battant à l’échelle des quatorze régions du Sénégal.
Nous devons comprendre que l’électeur sénégalais qui a élu massivement M. Bassirou Diomaye Faye, le 24 mars 2024, ne devrait pas se tromper et devrait lui donner les moyens de mettre en œuvre son « Projet » ; le doute est permis quant au score qui sera réalisé par BBY si la coalition est maintenue sous la forme actuelle.
Le « jeu politique » du nouveau chef de parti, Amadou Bâ, devra être fin s’il entend prendre toute sa place sur l’échiquier politique ; son parti, lorsque sa création sera officielle (attention aux délais administratifs); ne pourra aller seul aux futures élections législatives. Des alliances devront être nouées mais les discussions et autres négociations devraient commencer « hic et nunc »… Son avenir politique dépendra beaucoup du score que sa coalition pourra réaliser Sa coalition devrait remporter plus de suffrages que l’ancienne coalition – ce qui en restera- BBY. Nous pouvons le constater ensemble : le règne des coalitions a pris le pas sur le règne des partis…
Le Sénégal produit et exporte depuis le 12 juillet 2024 du pétrole brut en provenance du champ de Sangomar. Le Sénégal produira du gaz naturel et exportera bientôt du gaz naturel liquéfié à partir du champ de GTA L’article 25-1 de la Constitution sénégalaise amendée le 20 mars 2016 par voie référendaire dispose que « Les ressources naturelles appartiennent au peuple…. » Les élus du peuple seront choisis le 17 novembre 2024 ; ils devront désormais veiller également sur les ressources naturelles qui appartiennent au peuple sénégalais. La production de pétrole, l’extraction du gaz naturel et sa transformation en gaz naturel liquéfié créent des responsabilités nouvelles pour les élus du peuple.
Ils devront comprendre ces questions souvent complexes et être totalement en phase avec les politiques mises en œuvre par le gouvernement dans le secteur de l’énergie, sauf à retarder le développement économique et social du pays et l’amélioration des conditions de vie des populations.
« Alea jacta est… »
Le Sénégal « doit coïncider »…
Mébévé
15/9/2024