Législatives : Le nouvel ordre politique religieux
Législatives
Le nouvel ordre politique issu des élections de novembre sera religieux ou ne sera pas, sur fond de soupçons de complotisme
Une large lame du refus se dessine devant le glissement de la société sénégalaise vers l’intolérance et le complotisme politique de tout bord : toutes les formations politiques en lice risquent de connaître la surprise de leur vie avec la réticence de l’électeur et du militant à avaliser les crises suscitées au sein des formations politiques pour assouvir certains desseins ; du Parti démocratique sénégalais originel de Me Abdoulaye Wade à Pastef dans sa course solitaire en passant par la rupture au sein des Socialistes dispersés entre Amadou Bâ et la solide coalition de Khalifa Sall, des revers historiques pourraient enterrer définitivement certaines carrières politiques naissantes ou au firmament. Sous la bénédiction du religieux.
Le Pds lui-même n’en revient pas et parle d’un revirement à 360 degrés. L’ordre doit venir d’en haut et accrédite aux yeux de certains la thèse de complot contre Amadou Bâ avec cette grossière accusation en janvier contre certains membres du Conseil constitutionnel. L’ordre vient d’en haut, combattu comme de juste par le Parti démocratique originel des septuagénaires, ordre inversement proportionnel à cette tradition de crises qui venaient du bas, généralement suscitées par le pouvoir de Diouf et de son mentor Jean Colin, de Serigne Diop à Ousmane Ngom, en passant par Fara Ndiaye.
Pour la grande majorité des militants historiques du Parti démocratique sénégalais, même venant de Wade lui-même, elle ne suivra pas cette alliance avec la formation de Macky Sall qui traduit le complot : “Cela signifie que le soutien de l’Apr n’était pas sincère : Macky Sall était le mentor de Amadou Bâ et Karim Wade était avec Diomaye” avance une source.
Pourtant, Amadou Bâ s’égosille encore à évoquer Karim Wade, comme dans son discours du 9 septembre dernier. Pourquoi ? “C’était pour dire qu’il ne l’avait pas bloqué ; s’il se retrouve avec Macky Sall, cela accrédite la thèse du complot pour empêcher la tenue de la Présidentielle. Le Conseil constitutionnel a permis d’éventer le deal en imposant l’élection“, précise la même source.
Les différentes recompositions observées avec la mise en branle des Législatives tracent beaucoup de possibles. Entre Pastef, Amadou Bâ et Khalifa Sall, accessoirement avec le front libéral.
Le maillon faible de la coalition libérale est paradoxalement le Parti démocratique sénégalais lui-même ; il est éclaté en plusieurs particules dont une qui compétira sous les couleurs originelles. Les différentes cellules font de la formation de Me Wade plus un wagon qu’une locomotive, ce qu’elle a toujours été, depuis 1974, au point de susciter l’intérêt de l’empire russe en déclin qui somme ses satellites sénégalais à se rallier au panache de Me Abdoulaye Wade ; c’était le bon vieux temps des alliances de la carpe et du lapin, la Ligue démocratique de Bathily et le Parti africain de l’Indépendance et du Travail en particulier de Amath Dansokho–ci contre. Wallu nouvelle formule sera cependant un contre-poids lourd.
Moins que leurs résultats à la Présidentielle qui en font la force majeure face à Pastef, Amadou Bâ et l’ensemble avec le Pur font d’autant plus sérieux que le religieux s’y mêle. Non point tant seulement avec le mouvement Moustarchidine de Moustapha Sy qu’avec l’Église et certaines familles religieuses qui ne digèrent toujours pas les attaques avant et après le 24 mars.
Ce front du refus est religieux, politique, économique qui commence à se dessiner avec les divers mouvements d’humeur de l’Église, du Pds, les frustrés de Pastef au double plan de la gestion du pouvoir et des législatives ; les vœux pieux sous forme de projet ou de discours néophyte aux Nations-Unies les 25 et 26 septembre servent uniquement à amuser la galerie quand le parti de la demande sociale est encore là, sans perspective de solution.
En face, ils sont obligés de pousser à la roue, ces alliés dans le gouvernement et dehors, bien que laissés en rade au lieu du gué : Pastef a décidé de faire cavalier seul pour les Législatives. Il se devra à lui-même et à lui seul le gain de la bataille. Ajoutant à sa propre crise envers les populations, la demande sociale, et les religieux, l’Église en premier. Surtout que le Premier ministre ne semble pas comprendre le rôle dirimant de l’exagération qui a toujours caractérisé l’homme Ousmane Sonko.
Sa stratégie de communication ? Broder autour d’un fait réel pour y ajouter son grain de sel avec humour et exagération et cela séduit l’immense majorité de la jeunesse ; à la réflexion cependant, ses affirmations intempestives sont d’autant plus sujettes à caution que les contradicteurs éventuels sont sous la menace de représailles ou, comme aujourd’hui qu’il est verni par le pouvoir, de poursuites ou hors de portée juridique, irresponsables constitutionnellement durant leur mandat. La future tête de liste de Pastef aux Législatives devra donc se méfier de la maturité de l’électeur.
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Bisbilles marron à Louga
On a frôlé les listes parallèles
Configuration de listes dissidentes de l’Apr et de candidatures parallèles à la composition des alliés de l’ex-président compromise.
L’interdiction d’accès à la salle de conférence du centre culturel régional à vivement courroucé voire outré le coordinateur départemental de l’Alliance pour la République Mberry Sylla. Qui a démasqué avec courage la configuration naissante des éléments dissidents de l’Apr qui sont en train de former des entités de mouvements de soutien parallèles. Ou des listes de candidats à visage découverts.
Un fait inattendu à la rencontre du 24 septembre dernier finalement délocalisée dans un réceptif hôtelier de la capitale de la 8ème région.
Les maires des communes du département, des représentants des formations fidèles à Macky Sall, en présence de missionnaires de l’ex-président, ont réaffirmé leur ancrage à l’Apr.
MMDIÈNE
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La pyramide des âges sera en effet déterminante quand les plus de 60 ans pourraient voter ailleurs que pour la formation au pouvoir ; éclater l’électorat, jeune ou vieux, devient ainsi une clé de réussite…ou d’échec. Il reste cependant un puissant soutien, le religieux. Catholique dans sa grande majorité, islamique ensuite. Les différentes polémiques avec les religieux laissent de la place à un optimisme plus prudent que béat. L’Église ne votera pas Pastef, les Moustarchidines non plus et il faut pourtant capter cet électorat. D’autant que le pouvoir nourrit la contradiction avec les familles religieuses qui jurent de lui rendre la pareille : il a fallu beaucoup de diplomatie pour freiner certaines marches de protestation, par exemple, et l’inutile polémique sur le voile vient s’ajouter à un tableau déjà pas brillant.
À ce stade des prospectives, aucune majorité claire ne se dégage. Comme le parallèle de 2012 entre la France et le Sénégal, la prochaine assemblée nationale pourrait avoir la même configuration que celle de la France de Macron : liquider le Front national et Marine Le Pen, garder un tiers bloquant et maintenir son gouvernement en place. Le président français aurait pu faire de Attal son Edem Kodjo, comme Mobutu confronté à pareille situation.
Que fera le président Bassirou Diomaye Faye auquel cas ?
Pathé MBODJE