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Le quotidien monotone des retraités: Ils se trouvent une activité ludique ou fructueuse pour « gérer » Khadidiatou GUÈYE Fall

Travailler pendant plusieurs années et se retrouver à la retraite n’est pas facile pour certains pères de familles. Ces derniers qui avaient l’habitude de s’activer toute une journée, à leur retraite, subissent un quotidien monotone, différent de leur temps d’activité. Certains retraités arrivent à se départir de la routine en se trouvant une activité quelconque leur permettant de ne pas ressentir la monotonie de leur quotidien.

Au Sénégal, l’âge de la retraite est fixé à 65 ans. Cette limite d’âge coïncide avec des charges supplémentaires en plus. Le quotidien des retraités devient presque sans occupation et les conduit à d’autres activités soient ludiques ou génératrices de revenus.

Ce père de famille est chauffeur professionnel à la retraite depuis plus de 5 ans. Sa retraite lui a permis d’évoluer dans le secteur de l’élevage, qui a été pour lui une passion.

« Je n’ai jamais senti ma retraite parce que je suis toujours en activité. Depuis ma retraite, je me suis intéressée à l’élevage des moutons. C’est ma principale occupation,  bien sûr avec la marche qui est pour moi le meilleur sport pour une personne âgée » affirme le chauffeur à la retraite.

Il s’est arrangé pour s’occuper de ses moutons et faire de la marche le soir : « J’ai un emploi du temps bien organisé avec mon élevage et mon sport. Cela ne m’empêche pas de vivre avec ma famille. Le travail nous détachait un peu de nos proches. Le temps passé au travail était plus long que le moment passé en famille. Donc la retraite est une période qui doit nous rapprocher de notre famille ». Ce père de famille ressemble de loin à ces retraités qui abandonnent leur devoir de chef de famille. Il s’occupe toujours de ses enfants même si parfois certains de ses fils sont devenus autonomes et arrivent à gérer quelques besoins familiaux. « L’élevage que je fais n’est qu’une passion mais je n’y vois pas un intérêt financier. Je le fais juste pour occuper mes journées », soutient le retraité. Néanmoins, il déclare que la retraite n’est pas un moment facile pour eux car c’est une phase de la vie très difficile.

Pour d’autres retraités, c’est le moment de se reposer, de laisser les enfants prendre la relève et de cultiver la complicité avec la famille. C’est le cas du père de Ndèye Sokhna parti à la retraite il y a 8 ans. D’après Ndèye Sokhna, son père travaillait en Europe pendant une vingtaine d’années. « Il était basé à l’extérieur du continent. On pouvait rester une année sans le voir,  juste avoir ses nouvelles par téléphone. C’est à la retraite qu’on a commencé à vivre carrément avec lui » , soutient la fille de l’émigré à la retraite.

Ndèye Sokhna fait savoir qu’avant la retraite, son père n’avait pas une vie familiale : « Il n’y avait pas de complicité entre lui et nous ses enfants. Mais maintenant ça va. Il a plus de temps pour discuter avec ses enfants, et mieux nous connaître ». Depuis sa retraite, le père de Ndèye Sokhna vit dans la routine. Il se lève tôt le matin pour prier. Après son petit déjeuner, il passe au grand-place. A son retour, sa fille lui tient compagnie jusqu’à 13h pour prendre le déjeuner avant de faire sa sieste. Mais pour sa fille, il n’y a rien qui dérange son père à vivre sa retraite normalement.

« A mon avis, c’est avec la retraite que les parents parviennent à retrouver le sens de la famille. Quand on travaille, on passe la plupart de son temps au travail. La famille n’a que la tranche de 19 h et 21 h pour passer du temps », avoue Ndèye Sokhna.

Quand certains en profitent pour regrouper la famille autour de l’entente et de la complicité, d’autres comme Baye Alassane Sylla, un ancien enseignant, cherchent à raffermir les liens avec les proches qu’on a perdu de vue depuis des années.

« J’étais du genre casanier, mon travail était mon seul compagnon. Donc avec la retraite je n’avais rien à faire. La meilleure chose à faire c’était d’aller de région en région retrouver des parents auxquels je n’avais pas rendu visite à cause de mon travail », confie le retraité. Son problème,  c’est le manque d’activité qui lui permettra de se changer les idées. L’enseignement était son seul passe-temps favori.

Contrairement Mame Farma, une dame de la soixantaine qui vit sa retraite comme les autres femmes. Son activité est basée sur les travaux ménagers ne nécessitant pas beaucoup d’effort et la garde de ses petits-enfants : « Depuis que je suis partie à la retraite, j’ai demandé à ma belle-fille d’arrêter les nounous car je suis tout le temps à la maison avec la femme de ménage. En quelque sorte, je suis devenue la gardienne de la maison et c’est une activité qui m’enchante vraiment ». Mame farma était sage-femme mais maintenant, elle se trouve la passion d’aider la femme de ménage à trier le riz et à garder ses petits-enfants pour perpétuer son envie d’apporter soutien aux personnes qui l’entourent.

La période de la retraite est un moment que les concernés vivent difficilement. Etant une phase de transition de la vie professionnelle, beaucoup de retraités se trouvent une occupation leur permettant de gagner une somme complémentaire à leur pension de retraite. Certains se débarrassent de la routine en rassemblant la famille pour rattraper le temps perdu.