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Le gouvernement face à la presse: Une rencontre sans interaction avec une litanie de discours vides Par Fanny Ardant

Dans sa nouvelle forme de communication, le gouvernement du Sénégal a décidé de faire face à la presse désormais tous les 14 jours. Le premier exercice s’est tenu ce mardi 24 novembre 2020 avec neuf (9) ministres, au Building administratif, Mamadou Dia, situé au centre-ville de Dakar dont le modérateur, le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires, porte-parole du gouvernement, Oumar Guèye.

Les questions abordées ont porté notamment sur l’émigration clandestine, la maladie mystérieuse chez des pêcheurs, la Covid-19, le manque d’eau à Dakar, l’emploi des jeunes, la commercialisation du sucre et de l’arachide.

Cette opération de charme qui a duré trois (3) tours d’horloge où s’attelaient bon nombre de ministres reste la moins convaincante. D’abord pour le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, qui en était à sa première sortie politico-médiatique, et qui a complètement raté son baptême du feu. Son absence n’aurait même pas eu d’incidents majeurs. Étant donné que sur les questions liées aux élections locales et les chiffres de l’émigration clandestine, le premier flic de ce pays n’a pas su donner de réponse. Flou total !

Le ministre de l’Intérieur a maintenu le flou sur la date des prochaines élections locales, reportées à quatre reprises. « Il s’est agi, lorsqu’il a fallu reporter ces élections, d’aller devant les députés. C’est donc une loi qui a été votée à l’Assemblée nationale et qui a prévu ce report suite à un consensus noté dans le cadre de la commission politique du dialogue national. Lequel consensus a été fait autour de la nécessité selon les différents acteurs impliqués », a expliqué Antoine Félix Diome. D’ailleurs, ce n’est pas le seul aveu d’échec de Antoine Félix Diome. Sur la question de l’émigration clandestine, le ministre a avoué que le gouvernement n’a pas suffisamment d’éléments pour déterminer le nombre de morts exacts. Pis, il relativise en indiquant que le gouvernement n’est pas là pour dénombrer le nombre de morts mais pour apporter des solutions.

Bref, il n’est pas le seul à ne pas avoir de réponses aux questions des journalistes. Car, un autre de ses collègues a fait pire ; il s’agit du ministre de la Jeunesse Néna Fatoumata Tall qui, au lieu de s’appesantir sur sa politique de jeunesse, sort ces incongruités : ” Les journalistes doivent cesser de parler d’échec de la politique de Jeunesse. Parce que cela va encourager les jeunes à prendre la mer”, aura-t-elle accusé les médias.

Un autre qui se cherchait dans les filets des pêcheurs atteints de la maladie dermique dont jusque-là aucune réponse sur l’origine n’est fournie. C’est le ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall qui tout au long de son temps de parole n’a fait que répéter ce qu’il avait déjà raconté, la veille, à savoir les analyses se poursuivent, la maladie pourrait avoir une origine algale. Idem pour le ministre du Commerce qui a surfé sur les généralités concernant l’importation du sucre, sa brouille avec la Compagnie sucrière sénégalaise.

En fin de compte, seul le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a su tenir droit dans ses bottes. Lui au moins a rassuré les Sénégalais sur une éventuelle deuxième vague de la Covid. ” Si l’on se fie aux recherches et résultats dont nous disposons, la deuxième vague du Coronavirus est écartée ” sous nos cieux. N’empêche : “L’hypothèse pessimiste est développée”.

Au final, les journalistes sont restés sur leur fin. Car le format adopté par le gouvernement ne permettait aux hommes de médias d’interagir.