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La friperie au Sénégal: une solution pour mille problèmes: Qu’est-ce que c’est chic et pas cher ! Par Sadany SOW

Marché jeudi, marché samedi, marché lundi et marché mercredi. Les trois plus grands rendez-vous à l’étalage de fripes. “Fëgg-jaay”, terme qui désigne en wolof les vêtements de seconde main, attire la moitié des Sénégalais. Chics, et pas chères, ces fripes représentent un gros poisson pour les Sénégalais.

« Une friperie est une boutique de vêtements d’occasion, la plupart du temps indépendante de réseau de récupération de vêtements. Ils (les vendeurs) se fournissent grâce à des grossistes de vêtements d’occasion, généralement appelés fripiers. La fripe participe à la diffusion de la mode. À l’époque médiévale, le prêt à porter n’existait pas à l’exception de quelques pièces vendues dans les boutiques de merciers. Selon l’historien Manuel Charpy, la fripe aux XIXe siècle était devenue un marqueur central de la fabrication des identités dans une société où les apparences vestimentaires se réinventent ».

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Au Sénégal, certains les préfèrent pour s’habiller classe et pas cher. D’autres plus ambitieux les achètent, les trient, les revisitent puis les revendent. Ils font du business sur business. Tout est une question de choix. En effet, les industries de textiles ne sont pas faciles à remplacer vu leur capacité d’innovation qui attirent les jeunes filles. Même chères, elles sont prisées pour leurs tissus qui assurent leurs cérémonies. Contrairement à la fripe, qui est le “ndimbal-ndiabott” pour bon nombre de Sénégalais.

Les lieux d’où sont vendus ses vêtements de seconde main sont considérés comme un sanctuaire pour les pauvres. Car même avec deux mille francs, parfois ils peuvent remplir un sachet à travers les “morceau 200, morceau 100 f”. À chaque période avec des nouveautés.

En été comme en hiver, les balles changent. Ainsi à l’occasion des ouvertures de classes, les parents se bousculent dans les marchés pour trouver quelques habits à leurs enfants. C’est le cas de Dieynaba Sow. Maman de quatre garçons, elle connaît tous les espaces l’étalage de fripes. Chaque lundi, elle se faufile entre les tentes pour faire son choix.

« D’habitude, j’y vais les matins entre dix-onze heures, histoire de trouver les plus belles qualités de fripes et surtout de pouvoir prendre mon temps à choisir. Avec une somme insignifiante, je peux avoir aussi plus que des vêtements. Des fois, je trouve des objets rares comme des sacs, des abat-jours etc… », dit-elle.

Cependant, il y’a trois ans que plusieurs pays africains ont déclaré ne vouloir plus être la poubelle des Occidentaux en matière de vêtement, comme le cas de Rwanda en 2016. Mais cette décision semble ne pas être prise ou respectée au Sénégal. Ici, le secteur de la friperie émerge de façon extraordinaire. Mêmement, plusieurs jeunes étudiants s’affairent à vendre de la fripe et s’en sortent avec un revenu qui leur permet de payer leurs études. Si ce n’est le problème qu’ils rencontrent en payant les impôts, ces revendeurs ne se plaignent pas.

Par ailleurs, le Sénégal est un pays où le verbe promouvoir n’est jamais promu. S’il était question de promouvoir notre propre industrie de la confection :” Made in Sénégal”, économiquement ; il y’aurait un booste et nous serions épargnés de la question fière : pourquoi porter les vêtements dont les Blancs ne veulent plus ? Mais le problème stagne au niveau des populations : elles ont des préférences. Il est fréquent de voir certains qui peuvent financièrement se procurer des vêtements dans les grandes boutiques de marques, mais ils préfèrent la fripe. Il est donc inutile de leur en vouloir. Puisque les choix sont faits, il est ainsi urgent d’éviter de faire perdre leur boulot aux revendeurs de fripe. Après tout, c’est mieux que de s’engager dans l’émigration clandestine.