Justice : Sonko dans le texte
Sonko
Explication de texte
Le tweet de Ousmane Sonko à l’issue du jugement du 14 décembre mérite explication ; il est de la même tonalité que celui du 27 juin, veille de la Tabaski, avec cette bénédiction urbi et orbi : naguère comme aujourd’hui en effet, Ousmane Sonko oublie la mobilisation pour prier pour le Sénégal.
Jeudi, au lendemain de rumeurs persistantes sur un appui extérieur consistant, l’homme se retourne vers ses “soutiens africains et étrangers” après l’inévitable Allahu Wahidoun d’un ancien célèbre marabout politicien ; nommer les Sénégalais de la Diaspora eût ôté tout doute et n’aurait pas donné à interprétation.
D’autres ont en effet essayé de faire une analyse de texte de ce tweet, ce qui suggère une certaine ambiguïté qu’il faut lever dès l’abord : l’interprétation révèle des humeurs parfois éloignées de l’auteur qui écrit avec son âme et ses impulsions morbides.
Le verdict de ce fameux jeudi 14 décembre, s’il aide ainsi à faire baisser la fièvre sociale, intervient au lendemain d’analyses parties fin-mai de “Sonko a été enlevé et conduit manu militari chez lui à la Cité Keur Gorgui, où il est de fait séquestré en toute illégalité’’. Certaines sources avançaient des rumeurs de sécurité physique autour du leader de ce qui était encore Pastef, renforcées, en novembre, de bruits liés à l’intégrité physique de Sonko et de sa famille avec l’échec du projet dont il était porteur et dont les bailleurs rageraient. À quelque temps de là, d’ailleurs, début décembre, l’idée de financements extérieurs devenait de plus en plus pressante. Devant un verdict qui semble signifier la trêve des confiseurs en cette fin d’année, la droite essaie d’enfoncer le clou alors que la gauche prompte à la question orale reste muette sur ce sujet.
Le verdict du 14 décembre ordonnant la réinscription de Ousmane Sonko sur les listes électorales semble donc un appel d’air pour celui donné mourant par ses conseils et alliés et que l’État a maintenu en vie…et pour le pouvoir lui-même surpris par l’accalmie populaire depuis l’emprisonnement de Ousmane Sonko en juillet dernier.
Pourtant, l’ordonnance du 14 décembre est conforme à une position inaliénable du droit du citoyen à choisir ses dirigeants par une participation libre et volontaire aux élections ; ordonner donc la réinscription de Sonko sur les listes électorales, c’est finalement enfoncer une porte ouverte.
Ce qui ne l’absout pas pour autant : si les éternels conseils dissertent encore ab absurdo sur l’abstat et le contumax, les procédures en Cour prendront le train du sénateur avec le temps de la justice. La querelle entre instances basses et haute prendra le temps de la sagesse, meilleure conseillère en définitive. L’alternative est un moment de réflexion et de compromis.
P. MBODJE
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Publié le 17/12/2023 par Seneweb