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Infiltration de l’administration par des partisans de Sonko: Pastef est-il dans le fruit ? Mame Gor NGOM, Rédaction centrale, Le Devoir

Des arrestations de gendarmes et de policiers annoncées, des greffiers affectés, un capitaine démissionnaire. L’Etat qui soupçonnerait Pastef d’avoir de “longues oreilles” au sein de l’administration entamerait une ” désonkoisation “. Jusqu’à quel niveau ?

Avant la thèse de “l’infiltration étrangère” évoquée respectivement par le ministre de l’Intérieur et le ministre des Affaires étrangères, il y a cette thèse de “l’infiltration de Pastef”, au sein de l’administration sénégalaise, dans la Gendarmerie et la Police. Des éléments seraient à l’origine de “fuites assidues d’informations capitales” vers Ousmane Sonko. C’est ainsi qu’un policier et un gendarme auraient été arrêtés, nous annonce le Quotidien dans sa livraison du Premier mars 2021.

Leur “crime” ?

Soupçonnés d’avoir joué un rôle dans l’affaire de viol qui oppose Ousmane Sonko à Adji Raby Sarr.

Comment l’État a-t-il procédé pour “tenir” ses taupes ?

Par une traque ou des écoutes certainement. Une inquisition, diraient des   légalistes qui sont d’avis que certains utilisent la puissance publique à des fins privées.

C’est ce que pense le capitaine Oumar Touré. Celui-ci, directeur d’enquête dans l’affaire de viol, se dit “dans l’obligation de parler au risque de sa vie”.

“Depuis la fuite du procès-verbal concernant cette enquête, je suis suivi par des individus dont j’ignore la vraie motivation jusqu’à ce qu’on m’apprenne qu’il s’agissait des éléments de la Direction nationale du Renseignement sénégalais “, écrit Touré dans une longue lettre qui annonce sa démission. Depuis lors, il multiplie les sorties médiatiques et fait part de ses ” craintes ” pour sa sécurité et celle de sa famille.   Il affirme être soupçonné à tort « d’être à la solde d’un opposant qu’il n’aurait rencontré que le jour de la remise de sa première convocation ».

Il montre sa bonne foi mais tient un discours peu militaire.

“Jeunesse sénégalaise, n’écoutez pas le discours incitateur de ce ministre de l’Intérieur irresponsable, n’écoutez pas non plus le discours endormant de monsieur Idrissa Seck qui a fini d’être la risée de l’histoire et n’écoutez pas aussi ceux qui par des mots manipulent l’opinion publique. “

Des greffiers soupçonnés

Cinq greffiers, dont un membre de Pastef, ont été affectés dans d’autres juridictions, nous rapporte-t-on. Certains y ont vu une sanction à l’encontre d’opposants au régime “qui pourraient servir leur parti et non la patrie”. Comme dans pareille situation, une telle information n’est pas confirmée par des sources officielles. On souligne ici et là une normalité liée au statut du fonctionnaire.

Ceux qui parlent d’infiltration, sont d’avis que la précision avec laquelle Ousmane Sonko évoque certaines parties du dossier laisse présager des “remontées d’informations” venant de stations stratégiques. Les capacités de nuisance sont-elles surfaites ou exagérées ? Pastef a-t-il réellement des moyens pouvant lui permettre d’être au cœur du système ? A-t-il un dispositif particulier ?

En tout cas, ce n’est pas la première fois au Sénégal, qu’on soupçonne un homme politique, opposant de surcroît, d’avoir des “gorges profondes” dans l’administration sur qui ils s’appuient pour “arriver à leurs fins”. Une sorte d’agents de pénétration, ou agents d’infiltration, dont les activités consistent à avoir des informations déterminantes pour leur chapelle politique.

Le Devoir