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Idrissa Seck et son maître

Idrissa Seck et son maître

Sublime, Jacob !

Idrissa Seck a finalement conduit lui-même ce vendredi 7 avril la délégation des femmes de son parti à l’audience avec le président de la République, rendant plus vive la fracture avec Yankhoba Diattara préalablement annoncé.

Des rumeurs de démission du ministre des Sports ont subséquemment fusé, sept mois à peine après la mise en place du gouvernement Amadou Ba.

Cette crise amoureuse dans le compagnonnage affaiblit un peu plus l’ancien maire de Thiès avec ses innombrables pirouettes et consacrent la maturité d’un compagnon jusque-là en première ligne.

 

Sublime, Yankhoba Diattara, qui a enfoncé un peu plus Idrissa Seck dans les méandres du ridicule : en lui rendant en effet son poste à la suite de son éviction du triumvirat du parti, le ministre des Sports mettait le leader de Rewmi plus que dans l’embarras, il lui demandait de prendre lui-même la responsabilité de trancher les liens avec le président Macky Sall.

Élément du quotat de la formation thiessoise du Rewmi, le ministre des Sports du gouvernement Amadou Ba I s’est estimé intrus dans l’attelage dès l’instant où sa position au sein du parti était remise en question et encore en pleine commémoration de l’Indépendance du Sénégal. Aussi est-il allé dès potron-minet renouveler son amitié à Idrissa Seck et en même temps le mettre à l’aise en lui remettant le poste qu’il lui avait confié.

Même s’il a eu la prudence de rejeter cette demande, Idrissa Seck n’en demeure pas moins marqué par la poussée d’adrénaline qui lui fait éjecter son ancienne ombre de son poste de deuxième vice-président de Rewmi : accepter serait rompre tout lien avec le pouvoir, au moment où il danse un timide dawrabine vers la candidature à la présidentielle 2024 ; Idrissa Seck avait fini sa séance de shooting pour ses affiches de campagne. C’est dire.

Pourtant Jacob, comme l’appelle une partie de la presse, n’est pas un foudre de guerre mais il a réussi ce jeudi un coup qui fait de lui le maitre de celui qui confond encore ruse et intelligence : pousser Idrissa Seck à se renier en acceptant tout de même l’audience du président de la République avec les femmes de Rewmi le vendredi 7. Avril est bien encore le mois du poisson, même si celui des hommes politiques est encore gros et pourri.

Il y a deux ans, Yankhoba Diattara a pris sa pose et sa dose. Et un célèbre cri d’indignation d’un mercredi 28 avril 2021 retentit encore : « Dans ce pays, on se  permet  tout sans-gêne  parce que  ceux qui doivent  parler ne font qu’observer  sans rien dire ».

Le Devoir du 3 mai 2021 rappelle que ledit Diattara avait franchi le Rubi…con républicain : au-dessus de la photo officielle avec le visiteur du jour, figure en effet son propre poster, dans le bureau administratif que l’Etat a mis à sa disposition.

Jacob avait en effet voulu immortaliser la visite du représentant de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation (Fao) dans les locaux de ses services en prenant sa pose : devant le drapeau national et sous le regard béat du maître de céans, le ministre a masqué ses quarante-deux  sous son masque hygiénique mais on devine sa jubilation.

Il a muri, le garçon.