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Hautes personnalités : Chutes mortelles

Transport de hautes personnalités et accidents d’aviation

 The Bigger They Grow,

The Harder They Fall

Quelle que soit l’importance donnée au déplacement d’une personnalité, il ne faut jamais imposer à un équipage l’exécution d’un vol alors que les conditions de sécurité ne sont pas réunies ; dans certains cas, la sécurité, c’est la non exécution du vol quelle que soit par ailleurs l’importance du déplacement envisagé.

Le décès du président iranien (1) lors d’un accident d’hélicoptère et par mauvais temps rappelle d’autres qui l’ont précédé. En effet, ce n’est pas la première fois qu’une haute personnalité décède dans un accident aérien lors d’un vol par mauvais temps.

Certains se souviendront de l’accident en 1979 à Dakar de l’avion qui transportait M. Ould Bouceif, alors Premier ministre de la République islamique de Mauritanie. L’avion s’était abîmé en mer près de Dakar le 27 mai 1979 après plusieurs tentatives d’atterrissages. Ce jour-là, une sévère tempête de sable sévissait sur la région du cap Vert.
Plus ancien, le Premier ministre de la République centrafricaine, Barthélémy Boganda, a perdu la vie le 29 mars 1959 lors d’un accident d’avion près de la ville de Berberati. Il s’agissait d’un vol régulier d’une compagnie aérienne française opéré avec un avion de type Nord Atlas 2502 à la silhouette si caractéristique bi-poutres bi-dérives. Là aussi, le mauvais temps a été évoqué comme cause probable de l’accident : les turbulences très sévères auraient induit des vibrations qui auraient rompu la structure de l’avion. Signalons que d’autres hypothèses sur la cause de la catastrophe ont été avancées, notamment un attentat.
Un autre accident qui peut être évoqué est celui lors duquel le président ainsi que des membres du gouvernement polonais ont perdu la vie. L’accident a eu lieu en Pologne à Smolensk le 10 avril 2010, lorsque l’avion de type Tupolev 154 a tenté d’atterrir sur l’aéroport de la ville. Là aussi, le mauvais a été évoqué comme cause probable de l’accident. En effet, l’avion a percuté le sol sans perte de contrôle de l’équipage. Au niveau de l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI), le terme consacré est le CFIT (Controlled Flight Into Terrain).
Que peut-on tirer comme conclusions ?
Quelle que soit l’importance donnée au déplacement d’une personnalité, il ne faut jamais imposer à un équipage l’exécution d’un vol alors que les conditions de sécurité ne sont pas réunies. Il peut s’agir de problèmes de navigabilité (aptitude au vol) de l’aéronef, de fatigue de l’équipage, de conditions météorologiques défavorables ou de survol des zones dangereuses ou de conflits.
Souvent, l’accident se produit suite à des pressions sur l’équipage ou des exigences déraisonnables. Dans ces cas, il revient au commandant de bord de refuser d’exécuter le vol comme du reste la réglementation le lui permet. Même chez les militaires, il y’a un chef de mission mais qui ne peut et ne doit interférer avec les prérogatives du pilote commandant, lequel est seul responsable de la sécurité du vol et a pleine autorité pour ce faire.
Aux conseillers d’informer l’autorité que, dans certains cas, la sécurité c’est la non exécution du vol quelle que soit par ailleurs l’importance du déplacement envisagé. Et à cette autorité d’être suffisamment responsable et raisonnable pour se conformer aux décisions des techniciens.
Ainsi des drames évitables ne se produiront pas.

Ababacar Sadikhe DIAGNE,

Ancien élève des classes préparatoires aux Grandes écoles,
Ingénieur diplômé de l’ENAC-Toulouse, France, et du MIT Cambridge USA

(1) Toutes nos condoléances au peuple iraninen et à la famille des victimes. Qu’Allah SHWT les accueille au Paqradis et porte sur leurs familles une attention de miséricorde. Amine.