France : Marine Le Pen macronisée
Anticipées françaises
Bardella ou Nutella ?
Les Macronistes ont vendu Jordan Bardella comme la marque de produits Nutella : l’enfumage médiatique a appuyé une manipulation de masse très réussie qui a incité les Français à voter pour Bardella pour qui Macron a joué au porte-parole de ses intérêts dans cette campagne européenne.
Une fausse émotion hellène a submergé Emmanuel Macron le 9 juin dernier à l’issue des Européennes et le président français a dissous l’Assemblée nationale et appelé à de nouvelles élections, souvent d’ailleurs au mépris de la Loi fondamentale. Il faut barrer la route à la vague bleu-Marine qui surfe sur l’Europe. Le pari est risqué : jouer Bardella contre Marine Le Pen et c’est apparemment réussi.
De notre correspondant en France
Un taux d’abstention de 48,51% montre un désintéressement aux élections européennes des Français le 9 juin dernier : 1 Français sur 3 a voté prosaïquement pour Jordan Bardella, président et tête de liste du Rassemblement national de Marine Le Pen. Les votants sont tombés dans le piège de Macron ; ce dernier a semé la discorde chez les Gauchistes sur les questions de l’Ukraine et la Palestine, concomitamment à l’instrumentalisation de la Droite. Il fait croire que le Rassemblement national représente significativement la Droite et donc Marine Le Pen est son ennemie déclarée.
On se rappelle les élections législatives de 2022 durant lesquelles il a tenu dans ses discours que Marine Le Pen est son véritable combat. A quelques semaines des élections européennes, la perspective d’un débat entre lui et Marine Le Pen a agité les deux camps politiques. Certains candidats ont manifesté leur frustration en s’interrogeant sur le choix des journalistes de Gabriel Attal et Jordan Bardella sans les autres candidats. Il y a bel et bien anguille sous roche. Ça saute aux yeux : la médiatisation sur mesure de Jordan Bardella que les Macronistes ont vendu comme la marque de produits Nutella. Bardella n’est qu’un appât.
En réalité, Macron trame dans son esprit : « Je sais que le peuple français est fâché contre moi et il n’y a pas d’élection pour me sanctionner. Donc les Européennes sont une opportunité de me rappeler à l’ordre en votant pour mon pire ennemi RN. ». L’enfumage médiatique a appuyé cette manipulation de masse très réussie qui a incité les Français à voter pour Bardella pour qui Macron a joué au porte-parole de ses intérêts dans cette campagne européenne.
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“La constitution dit qu’il faut au moins 20 jours entre la dissolution et le 1er tour des législatives.
Dans le code électoral, il est dit que les listes des candidats doivent être déposées le dernier vendredi précédant 4 semaines avant le 1er tour des législatives.”
Macron a donc violé le second point”
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Qui est Bardella ?
C’est un jeune homme âgé de 28 ans, avec un seul diplôme en poche : le baccalauréat, sans aucune expérience professionnelle car il n’a jamais travaillé, d’ailleurs comme son concitoyen actuel Premier ministre Gabriel Attal, si ce n’est faire de la politique et baratiner à longueur de journée dans les chaînes télévisées, sans oublier les selfies TikTok. Ses débats ont clairement justifié son incompétence sur les sujets autres que l’immigration et l’Islam, ses 2 préférés qu’il ne maîtrise pas non plus. Son absentéisme au parlement européen ne fait pas de lui un bon élève. Il fait penser au dicton « Les tonneaux vides sont ceux qui font le plus de bruit ». En tête des Européennes avec un tiers des suffrages exprimés, exactement comme révélé par les sondages, aussitôt, dans son allocution, Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale, sous prétexte qu’il voudrait redonner au peuple le choix de l’avenir parlementaire par le vote. Cette dissolution n’est qu’un bis repetita du scénario de 1997 sous Jacques Chirac.
Voici un extrait de son discours il y a 25 ans, le 21 avril 1997 : « Mes chers compatriotes, après consultation du Premier ministre, du président du Sénat, du président de l’Assemblée nationale, j’ai décidé de dissoudre l’Assemblée nationale ». Ce coup politique s’était retourné contre lui. La popularité de son Premier ministre, Alain Juppé, était en chute libre et sa volonté de réformer les retraites avait provoqué des grèves spectaculaires dans le pays. La lutte contre le chômage qui était son cheval de bataille ne donnait aucun résultat. L’année précédant les élections législatives ne s’annonça pas plus radieuse et Jacques Chirac voulait donner un nouveau tournant à son action pour poursuivre ses réformes et conserver la confiance des Français. Ne voulant en aucun cas sacrifier son Premier ministre, il a voulu anticiper les élections législatives pour empêcher la Gauche de gagner du terrain avant 1998. Ce pari risqué fut un échec avec la Droite qui s’effondra et la Gauche avait obtenu la majorité absolue. Jacques Chirac était finalement contraint de cohabiter en nommant Lionel Jospin Premier ministre. Par analogie, c’est la même situation permutée qu’on va très probablement revivre dans ces élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains : une Gauche déchirée qui va s’effondrer si les acteurs ne s’unissent pas, une cohabitation avec l’Extrême-droite et Jordan Bardella Premier ministre. C’est ce pari risqué qu’est en train de jouer Macron pour mettre à l’épreuve le Rassemblement national et ainsi montrer son incapacité à gérer la France. Il ne prend pas conscience que si l’Extrême-droite accède au pouvoir, elle va s’y accrocher et cela marquera le déclin de l’Hexagone.
De nos jours, l’arène politique française est traversée par un vent du désert avec de multiples rebondissements : élections européennes désorientées, désagrégation de la Gauche, alliances aléatoires discordantes de la Droite, ruses macronistes, etc.
En effet, les élections européennes ont eu lieu ce dimanche 9 juin 2024. C’est un scrutin à un tour à la proportionnelle complète. Les listes qui arriveront à 5% minimum auront des représentants au parlement européen. Le nombre de sièges pour chaque pays membre est proportionnel à sa population. Le parlement est composé de 705 députés dont 81 pour la France. Depuis l’élection du parlement au suffrage direct dans les années 70, ce scrutin a beaucoup plus d’enjeux avec l’ascension de l’Extrême-droite partout en Europe. Pour la plupart des partis nationalistes xénophobes, l’objectif était de sortir de l’Union Européenne. Aujourd’hui, en tant qu’une des forces principales, ils commencent à s’entendre pour se dire : « Et si on changeait l’Union européenne de l’intérieur ? » ; ce qui pourrait donner une autre direction à l’Union européenne. Par exemple, Marine Le Pen a écrit à Georgia Meloni, la Première ministre italienne, pour lui dire : «Viens, on fait un groupe ensemble ; comme ça on sera la deuxième force européenne ».
Séga Fall MBODJI,
Paris