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Etablissements privés d’enseignement supérieur: La République des copains-coquins Par Pathé MBODJE et Charles Thialys SENGHOR

Une République de coquins avait créé des établissements privés d’enseignement supérieur moins pour armer des jeunes face au marché de l’emploi que pour enrichir des copains. Au moment de la tentative d’assainissement de ce secteur sous Macky Sall (« distribution équitable »), les problèmes sont moins de respecter une parole donnée que de voler au secours d’une jeunesse sacrifiée dont le curricula évolue en dents de scie, si l’on en juge par le niveau des étudiants eux-mêmes ; il semble refléter celui d’un corps enseignant débordé par les heures de cours  et un encadrement technique plus proche de l’expulsion à cause de la rareté de l’argent : l’Etat semble en effet vouloir désormais y voir clair dans ce secteur gouffre de milliards.

Dans son rapport 2018-2019, l’Inspection générale d’Etat souligne une faille dans la gestion des bourses des étudiants, dont le paiement à l’intérieur du Sénégal est exclusivement assuré par une banque locale. « Celle-ci a remporté ce marché de plusieurs milliards de francs CFA de transactions par mois pour une durée de cinq ans. Malheureusement, il se pose un sérieux problème de communication entre cette banque et l’administration et même entre la direction des Bourses et la direction générale du Budget. Les deux structures n’ont pas les mêmes fichiers et donc pas les mêmes étudiants boursiers » (le360afrique.com, média digital marocain, 14 juillet 2020).

Avec deux structures censées collaborer mais n’ayant pas les mêmes fichiers, des accusations sont portées à l’Enseignement supérieur « dont la seule besogne a été de piétiner et anéantir, en l’espace de 5 ans, le fruit du labeur que des hommes et des femmes courageux et généreux ont mis 50 ans à construire. Oui, le secteur privé de l’Enseignement supérieur, exposé à des lendemains incertains depuis l’alchimie douteuse savamment orchestrée pour nous rouler tous dans la farine, mais qui n’a été profitable qu’à certains privilégiés, laissant au bord de la route ces nombreux Etablissements qui se voient immerger dans des difficultés abyssales, victimes qu’ils sont du très mauvais casting dans la répartition des bacheliers. Le Ministère de l’enseignement véritable gouffre à milliards, fonds perdus ».

Ces propos d’une responsable d’établissement sont vieux de trois ans au moins et confirment que depuis près de cinq ans, beaucoup d’établissements sont victimes d’une « distribution peu équitable » qui renvoie à un « clientélisme politique ».

Le dernier rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige, page 418) a soulevé un certain nombre de « réflexions » et conduit à une conclusion difficile de « favoritisme » pour certains : « Il se pose un sérieux problème de communication entre cette banque et l’administration et même entre la direction des Bourses et la direction générale du Budget. Les deux structures n’ont pas les mêmes fichiers et donc, pas les mêmes étudiants boursiers » relève par exemple la presse, ce qui évidemment donne lieu à toutes sortes de supputations en aval. En amont, certains majors du secteur ne sont guère surpris qui vivent pratiquement la même logique « depuis Diouf ».

« Les gens ont beaucoup jasé sur la question ; il faut éviter de tomber dans la délation. Le Mesri “Anne semble avoir confié à certains responsables…” il a parlé au conditionnel, les accusations avec des pincettes ».

Les activités totalement au ralenti

Pendant ce temps, les établissements privés d’enseignement supérieur continuent de broyer du noir. De nombreuses écoles, acculées par les bailleurs et les dettes, ont commencé à arrêter leurs activités. C’est le cas par exemple, entre autres, de César, au niveau de Yoff, d’Isma, à Colobane.

Selon des responsables des écoles que nous avons contactés, l’Etat est principal responsable des difficultés qu’elles vivent aujourd’hui au point de devoir suspendre leurs activités.

Les dettes de 2019-2020 ne sont pas payées. Les autorités n’en parlent même pas. Idem pour les dettes de 2020-2021. La facture des bacheliers de 2018-2019 n’est pas totalement payée. Il reste de cette facture un reliquat de 50% après le paiement de la moitié le 27 juillet 2020.

D’autres écoles continuent de dispenser les cours malgré la situation « intenable », nous signale-t-on. Parce que les étudiants vont faire leur examen professionnel en août prochain. D’ailleurs, l’on nous souligne que si demain, les écoles bloquent les étudiants, les gens devraient comprendre l’origine de la situation.

Les autorités sont également accusées dans cette affaire difficile de ne pas jouer franc-jeu. Selon certains responsables, elles n’ont pas la même considération pour tous les acteurs des écoles privées d’enseignement supérieur.