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Emploi des jeunes: Éviter l’effet boomerang Par Habib KÂ, Bureau régional de Matam, Thilogne

Désormais, le chef de l’État Macky Sall détient par dévers lui une arme magique, arme à double tranchant, qui fera ruer plus de centaines de milliers de jeunes pour être éligibles, sur financement des 450 milliards de francs cfa annoncés.

Une arme, cependant, qui pourrait se retourner contre son détenteur, si le président de la République ne leur parle le seul langage qui vaille :  il ne s’agirait pas d’une redistribution gratuite de bonus aux militants et à la clientèle politique.

Le président de la République se doit de dissiper la confusion entretenue, suite à ses déclarations, dans une atmosphère bon enfant, au Centre International de Conférences Abdou Diouf, le 22 avril dernier, devant un parterre de jeunes, rameutés des quatorze régions du Sénégal. Sa volonté supposée de prendre à bras le corps la lancinante question de l’emploi des jeunes doit l’être à l’aune des capacités du marché.

Et, pour ne pas arranger les choses, des voix fusent de partout, dans les directions générales, les agences, les ministères, etc . . . pour démontrer au président de la République qu’elles sont prêtes à recruter des jeunes pour des emplois à durée indéterminée. Il s’agit, pas plus, pas moins, que de distribuer à tous ceux qui en demandent, sans considération de critères d’objectivité ou de contraintes de rationalité qui pourraient obliger les Directions des Ressources humaines (DRH).

Un État doit agir sans à-coups, évitant aux décideurs des choix à l’emporte-pièce. Il faut à l’entreprise ou à l’Etat un plan directeur pour des décisions qui engagent l’économie nationale du pays. Toute erreur se paiera.

L’État du Sénégal risque encore de se retrouver avec une pléthore de recrutés sans qualification professionelle, des jeunes qui n’ont jamais entrepris, et qui n’ont aucun profil acceptable pour un quelconque emploi.

Ce qui va encore obérer les charges de la fonction publique, de l’administration pour finalement paralyser la rentabilité de celles-ci.

C’est vrai que la question d’un emploi stable, décent, des jeunes notamment, doit faire partie des urgences prioritaires du programme économique du chef de l’État ; mais ce programme ne saurait se réduire à cette seule demande pour les besoins de la Présidentielle 2024 en vue.

Ainsi, le potentiel candidat Macky Sall est interpellé sur d’autres sujets, aussi prioritaires sinon plus. Sujets dont il ne parvient pas encore à mettre un visage sur.

Le Train Express Régional (TER) dont la date de mise sur les rails est maintes fois fixée, maintes fois reportée, toujours à des dates inconnues.

Les lignes des Bus Rapid Transit (BRT) qui occasionnent sur toutes les routes et artères des excavations très profondes qui, si elles ne sont pas fermées d’ici la saison des pluies, risquent de faire empirer les récurrentes inondations en banlieue.

L’éducation, une supériorité

De nouveaux bacheliers, chaque année, qui ne réussissent pas à trouver une orientation, et l’ardoise de la dette de l’Etat dans les universités privées et instituts assimilés pesant sur ceux-ci, au point qu’ils ne parviennent plus à résorber le trop-plein d’étudiants laissés en rade.

Le problème de l’eau, la nécessaire démultiplication des forages, l’organisation judicieuse des trois prochains scrutins, sans entraves, sans restrictions, pour permettre l’expression souveraine du droit des citoyens par le suffrage universel, sont autant de priorité que le président Macky Sall doit prendre en charge correctement pour qu’à l’heure des bilans il puisse suffisamment brandir des arguments convaincants pour briguer ce troisième mandat qu’il souhaite de tous ses vœux.

A cette jeunesse, il faut tenir le langage de la vérité, que l’État ne peut offrir ce qu’il n’a pas, que le gouvernement doit commencer par lui-même, en premier lieu, à réduire son train de vie, ainsi que les salaires excessifs attribués à certains directeurs généraux, chefs d’agence, présidents de conseil d’administration caisses noires, fonds secrets, sans compter les éternels retraités au sein de la justice, de l’administration et qui refusent de passer le temoin.

Autant de directions dans lesquelles Macky Sall doit orienter son attention pour mener simultanément tout ce travail.

Eviter de poser à la jeunesse des leurres qui après se retourneront comme effet de boomerang sur le président Macky Sall en 2024, en quête d’un plausible troisième mandat.

450 milliards, distraits du budget du Sénégal de l’année en cours, c’est comme une goutte d’eau dans une étendue de désert et les résultats d’une véritable politique à l’auto emploi et à l’entreprenariat des jeunes restent à vérifier.