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Élisabeth Borne : Debout, la France !

France-La perspectiviste et le déclinologue
Élisabeth Borne : Debout, la France !

Élisabeth Borne la perspectiviste demande à l’urgentiste Emmanuel Macron d’observer une pause dans l’intérêt d’une France dans l’impasse. Si elle accepte l’agenda établi par le président de la République qu’elle est chargée de mettre en œuvre, elle a exprimé un besoin de délai que son patron ne semble guère apprécier.
À l’observation, la France est en effet en butte à un problème d’agenda qui révèle une différence de styles à la tête de l’État : alors que le Premier ministre veut un souffle de vie tout en respectant un chronogramme défini par l’Élysée, le président Macron semble donner des signes d’impatience devant les manifestations rejetant son projet électoral de révision des retraites, donc son autorité et sa légitimité.
Le recours à une loi d’exception et les manifestations tournant à l’émeute avec des infiltrations secouent la France jusqu’au sommet : l’Élysée et Matignon rient jaune, surtout durant la visite de Macron en Chine dans la première semaine d’avril ; le Premier ministre qui a engagé avec succès sa responsabilité voudrait observer une pause perçue du coté du président de la République comme rejet d’un agenda d’un chef qui indique une voie que le Pm doit aider à suivre, surtout en fonction d’un calendrier établi à partir de promesses électorales. À la crise sociale avec le dossier des Retraites s’ajoute donc cette mini-tempête politique à la tète de l’Etat et les jours de la Première ministre seraient certainement comptés à Matignon, si les faucons de l’Élysée remportaient, ce qui ne serait pas la voie idéale pour régler une crise récurrent dans le landerneau français.

La solution, en attendant l’avis du Conseil constitutionnel ?

Il faut battre en Retraites, surtout qu’elles ont toujours posé problème au cours de ces 20 dernières années. Napoléon avait eu la sagesse de ce faire devant ceux qui ont préféré jouer au Néron plutôt que de subir l’opprobre de l’occupation étrangère.
La « chienlit » et la « crise de langueur » sous François Mitterrand avaient donné naissance aux pessimistes sur l’avenir de la France ; Ghislaine Oltenheimer, Alain Minc, Nicolas Baverez et Pierre Lellouche, principalement, révèlent une France de la sinistrose étudiée sous le vocable « déclinologue » : « Il désigne des Cassandre locaux qui se sont penchés sur le pays au cours de ces dernières années et qui arrivent à la conclusion selon laquelle la France serait sur le déclin et ne fait plus “flipper”. Une analyse fine des différents postulats se dilue dans un septennat doublé qui a conduit à une crise de langueur, comme naguère le soulignait François Mitterrand, qui est pourtant devenu, dix ans après sa mort, le meilleur président français à date, dans l’esprit des Français prompts à idéaliser et à rêver à ce qui n’est plus ou n’est pas encore » (Pathé Mbodje : Un déclin pour la France, avril 2006). Dix-sept ans après un Jacques Chirac qui avait battu tous les records de contestation de la réforme des retraites (déjà) en février, mars et avril 2003, des salaires, temps de travail et 35 heures entre janvier 2004 et octobre 2005 avec la crise du Contrat première embauche de février 2006.
Élisabeth Borne a-t-elle fait une meilleure lecture comparative entre Jacques Chirac et Emmanuel Macron poursuivis par les émeutes infiltrées depuis le début ? Son attitude invite à remettre la France debout en évitant ces crises cycliques qui semblent poursuivre l’image d’une puissance « paresseuse », selon les commentaires des Américains avec la crise des Retraites, et prise par les émeutes de la faim avec cette lutte pour le pouvoir d’achat qui fait rire jaune, avec ou sans gilet ?
Certains font le raccourci sans l’analyse et évoquent un François Fillon indéboulonnable « au milieu du gué ». Ceci voudrait dire que le désamour entre le président Macron et son Premier ministre est sans borne.

P. MBODJE

Références bibliographiques :

Libération n° 7713 du 24 février 2006.
Alain Minc : “Le crépuscule des petits dieux”, Grasset, 2006 (Contre-pouvoir et Non au référendum sur la Constitution européenne de mai 2005) ;
Nicolas Baverez : ” Le nouveau monde français “
Pierre Lellouche : ” Les illusions gauloises “, Grasset, 2006 : face à l’immobilisme et au conservatisme de la société, remettre la France debout !
Ghislaine Oltenheimer : “Nos vaches sacrées”, Nathan, 2006
Le Monde n° 18979 du 31 janvier 2006 révèle, par exemple, le cas d’un François Bayrou qui coupe les ponts avec l’Union pour la majorité présidentielle (mais refuse de voter la motion de censure déposée le 9 février contre le gouvernement de Dominique de Villepin) au moment où le parti de la majorité enlève le canton de Sèvres à…l’Udf du même Bayrou.
Le Parisien n° 19104 du 8 février 2006, page 8.