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Éditorial : L’Histoire d’un mercenaire

L’Éditorial de Pathé MBODJE

Le mercenaire de l’Histoire

Le mercenaire de l’Histoire a appuyé sur les mousquets pour achever les anciens présidents du Sénégal ; promis au bûcher et avec le silence coupable et complice des autorités de 24 mars, Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall sont passés sous le feu de l’enfer. Le président Bassirou Diomaye Faye et ses confrères eussent pu atténuer ce massacre de Thiaroye en rendant hommage à leurs prédécesseurs d’ici et d’ailleurs : depuis les vraies et seules alternances de l’An 2000 et sous un nouveau soleil, l’Afrique combattante s’est redressée à l’Ouest, au Mali et au Sénégal, pour éviter le désastre qui s’est vérifié dimanche à Dakar avec ce mercenaire de l’Histoire.
Que vaut d’ailleurs la base scientifique qui expliquerait l’heuristique du docte professeur Mamadou Diouf et ses conclusions osées ?
La France explique qu’elle n’a pas tout dit et tout donné comme éléments d’analyse et de preuve dans le charnier du Premier décembre 1944 dans les environs de Thiaroye. Quatre-vingt-dix ans après, les chercheurs se perdent en conjectures et spéculent encore sur la réalité dispersée aux quatre coins du monde ; il faudrait peut-être aller jusqu’en Chine pour savoir.

Reconnaître aujourd’hui ce que l’Histoire a déjà qualifié de « massacre », c’est s’inscrire dans l’histoire à reculons. À Madagascar, au Sénégal, en Algérie africaine et métropolitaine même, la France a appliqué la même répression que les Allemands dans leurs protectorats en Namibie et au Togo, que la Belgique au Congo et au Rwanda, que l’Espagne en Amérique, que le Portugal au Cap-Vert, en Guinée-Bissau, en Angola et au Mozambique. Les massacres se sont succédé à Madagascar, au Sénégal, à Diapé et à Makoundié (Côte-d’Ivoire, juin 1910), en Algérie coloniale et métropolitaine, …
Comme si aux millions de morts de l’esclavage devait  suivre le nettoyage ethnique en terre coloniale, entre répression coloniale et violences interafricaines pour perpétuer le massacre.
Dans les Grands lacs, le massacre au Rwanda doit beaucoup à ces réminiscences et aux dysfonctionnements Nord-Sud qui se vérifient aujourd’hui encore avec la déstabilisation de l’Afrique manu militarisée.
L’Amérique en a fait de même avec les premiers habitants, du Canada Inuit au Puerto Rico.
L’Occident entretient aujourd’hui encore ces mêmes relations d’extermination avec l’Afrique et le Tiers-monde, sous couvert d’une coopération accentuant la pauvreté et la paupérisation des populations du Sud. Le déplacement des troupes militaires n’y changera rien : le Sdece et autres Osset barbouzes allègeront la tâche.