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Dr Aristide le Dantec – fondateur de la fac de médecine de l’Université de Dakar: L’un des rares humanistes français de l’époque coloniale Par Mohamed Bachir DIOP

La Faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop a fêté ses cent ans en 2016. Cette commémoration avait coïncidé avec l’organisation d’un concours d’agrégation du Cames qui a eu  lieu cette année-là dans notre pays. Aujourd’hui cette faculté qui a formé les professeurs et médecins qui luttent vaillamment contre la pandémie du Covid 19, comme le professeur Moussa Seydi a atteint l’âge vénérable de 104 ans. Occasion de rendre un hommage mérité au fondateur de l’Ecole de médecine de l’Afrique occidentale française qui deviendra plus tard la Faculté de médecine, de pharmacie, d’odontologie et de stomatologie de l’Université de Dakar, le docteur Aristide Le Dantec.

Dr Aristide Le Dantec
Dr Aristide Le Dantec

Comment cet officier de l’armée coloniale française dont un des hôpitaux de Dakar porte le nom a-t-il été amené à la création de l’école de médecine africaine ? Par le fait de ses tribulations militaires qui l’ont conduit sur tous les théâtres d’opération de l’armée française, ce médecin militaire a fini par se faire un nom auprès des autorités françaises et des représentants africains de l’époque en métropole.

C’est dans les colonies qu’il a fait ses armes, en Guyanne d’abord, puis en Indochine, avant de retourner en métropole. Il sera affecté en Afrique le 24 novembre 1913, avec le grade de médecin major de 1ère classe. Il est nommé médecin-chef de l’ambulance de Kayes, dans le Soudan français (aujourd’hui République du Mali) ; il ne garde pas, cependant, longtemps ce poste qu’il occupe depuis le 23 avril 1914, étant rapidement rappelé à Dakar. Le 2 août 1914, la Première Guerre mondiale le surprend exerçant à l’hôpital colonial de Dakar en qualité de chef des services médicaux. Mais sa valeur militaire et sa compétence chirurgicale l’appellent en France, pour prendre part à la campagne d’Allemagne. En bon soldat, il y accomplira des actes héroïques mais les circonstances l’amèneront bientôt à revenir servir en Afrique. Pour la petite histoire et selon l’un de ses biographes, c’est Blaise Diagne qui sera à l’origine du deuxième séjour d’Aristide Le Dantec en Afrique, qu’il mettra à profit pour accomplir une mission qui lui est confiée dans le bureau du chef du gouvernement français de l’époque, Georges Clemenceau. Voici ce qu’écrit le biographe de Le Dantec : «En mars 1918, Georges Clemenceau, alors président du Conseil, voulut donner à la Fédération africaine francophone un témoignage de la reconnaissance du gouvernement pour son effort exceptionnel de guerre ; il toucha, à cette intention, le haut-commissaire des troupes noires, Blaise Diagne, qui était à l’époque le député du Sénégal ; à la demande de ce dernier, Aristide Le Dantec fut attaché au cabinet de Clemenceau comme conseiller technique.

Lors de l’entrevue ménagée entre les deux hommes politiques pour résoudre la question suivante : «Comment récompenser les ressortissants d’outremer de l’Afrique noire française», Le Dantec, qui avait été convié à cet entretien, fit une proposition directe, ainsi rapportée, plus tard, par le Dr André Coulbary, ancien élève de l’Ecole africaine de médecine (première promotion – 1922) : «Les troupes noires ont fait leur devoir en s’illustrant dans les différents champs de bataille… Beaucoup de médecins blancs y ont trouvé une mort glorieuse… Des soins à prodiguer à la population noire africaine francophone se poseront à la fin des hostilités… Pour répondre à cette pénurie, la France doit créer, à l’exemple de Madagascar et de l’Indochine, une école de médecine d’où sortiront des praticiens de haute valeur morale et professionnelle, qui remplaceront ceux qui sont tombés au champ d’honneur». Blaise Diagne approuvera cette proposition que Clemenceau finira par accepter. Il fallait quelqu’un pour réaliser cet ambitieux programme dont la mise sur pied et l’aboutissement représenteraient «la plus belle récompense de la France à l’Afrique» selon les termes du biographe d’Aristide le Dantec. Le bien nommé médecin militaire était donc tout désigné pour accomplir cette mission.

 

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