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Dominique de Villepin : L’angélisme rose-bonbon du bâtisseur de cathédrale

Dominique de Villepin
L’angélisme rose-bonbon
d’un bâtisseur de cathédrales
Depuis près d’une génération, Dominique de Villepin prêche l’Évangile dans un désert de plus en plus sec, de plus en plus chaud et de plus en plus vaste. Un désert de feu, de flammes et de haine.

 

L’historicité et la constance dans les idées qui contrastent avec le noviciat ambiant sans racine donnent un relief particulier à Dominique de Villepin et à sa probable candidature à la Présidentielle française de 2027. La tournure relève de la casuistique : avec ses gros sabots, on le sent venir. Certes, à l’heure du délitement actuel des sociétés frappées par l’incompétence et l’exclusion, son angélisme rose-bonbon des bâtisseurs de cathédrales fait sourire ; mais l’échec des classes politiques actuelles renvoie l’électeur à une contrition sincère qui peut augurer d’un désir de mieux. Au surplus, son penchant atlantiste n’a jamais pris le dessus sur une constante recherche d’un monde plus juste, plus équilibré, plus solidaire. Multilatéral parce que culturel. Et ceci depuis 2003 au  moins, avec sa prestigieuse prestation à l’Onu devant le général Colin Powell de triste mémoire.
Michel Crozier revient à l’ordre du jour du chercheur devant les sociétés bloquées, en particulier pour une terre des libertés sans autorité à la tête de l’État. Parler de la tête de l’État revient sur cette douce folie qui s’est emparée du génie politique depuis la Pérestroïka et le Vent d’Est qui anticipe sur le Printemps arabe et le déni de l’autre… et les présidences d’aujourd’hui.

Le défi est immense pour l’homme devant les écuries d’Augias : dans la France de ses rêves, le triangle Attal-Michel Barnier-Bayrou cherche un quatrième angle pour aider l’Hexagone à se stabiliser ; au Proche et Moyen-Orient, le fou du roi fuyant un procès se fait supplétif de l’Occident pour empêcher l’Iran de disposer de la bombe atomique, en plus de l’éternel jeu culpabilisant du Juif errant au nom duquel tous les coups sont permis ; le nouveau Tsar hitlérien joue lui aussi au peuple élu et se cherche un espace de survie entre la Crimée et l’Ukraine.

La sympathie de l’Afrique envers Dominique de Villepin ne devrait guère surprendre, à l’analyse : le premier trimestre 2003 a démontré à souhait ses qualités d’homme d’État épris de justice et d’équité et, chose rare chez un homme politique, de vérité.

Le monde entier a en effet découvert un homme tout court, un homme raisonnable, équilibré, dont le penchant atlantiste n’a pas pris le dessus sur une recherche d’un monde plus juste, plus équilibré, plus solidaire. Aujourd’hui, si l’ancien Premier ministre se rappelle au souvenir d’un pays qu’il veut “continuer à servir”, ce ne sera pas en désespoir de cause que l’électeur lui répondra, mais bien bien parce que le monde vit la fin des illusions démocratiques, un monde désormais sans institution reconnue de moralisation des relations internationales, un monde post-Organisation des Nations-Unies.

La crise irakienne pour relever un soufflet infligé à un père, pour ne pas la nommer, ses différentes prestations, en particulier durant le premier conflit ivoirien de 2002, ont laissé un impact certain dans l’esprit des hommes de l’Humanité qui cherchent un meilleur équilibre devant l’intolérance sociale qui ira grandissant. Don Quichotte est toujours à l’assaut des moulins à vent en mémoire de Saddam Hussein, de Mouammar Kadhafi, Ben Ali, de el-Assad père et fils. Le monde n’a jamais plus été sain et sécure depuis leurs départs mouvementés.

Alors, vivement le meilleur des mondes possible ?

Pathé MBODJE