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Djoloff : Le Sérère, patrimoine immatériel

Louga-Culture

Sérères du Djolof un jour,

Sérères du Djolof toujours

Les intellectuels sérères de la région de Louga  veulent s’appuyer sur l’école pour codifier et ressusciter les contes populaires, la pharmacopée africaine sérère, les us, les coutumes, les affinités sociales et économiques hérités des aïeux. Le Sérère n’a jamais quitté le Djolof, malgré ses nombreuses et longues pérégrinations entre la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie.

Rédaction centrale du Devoir, avec notre correspondant à Louga

Mamadou Mansour DIENE

Les autorités académiques et l’inspection départementale de l’Éducation de Louga et tous les partenaires stratégiques locaux de l’école vont appuyer les établissements scolaires pour remettre le Sérère à l’honneur.
Les intellectuels sérères ont en effet manifesté l’intérêt et l’avantage de codifier et de ressusciter les contes populaires, la pharmacopée africaine sérère, les us, les coutumes, les affinités sociales et économiques hérités des aïeux. Le Djoloff traditionnel devenu administratif était composé de nombreuses tribus et aujourd’hui les Sérères modernisent leur patrimoine immatériel.

“L’Empire Djolof, également connu sous le nom de Grand Djolof ou Empire Wolof, est un État Wolof du Sénégal actuel, qui régnait sur des parties de la Mauritanie et de la Gambie du milieu du XIVe siècle jusqu’en 1549. Après la bataille de Danki, ses États vassaux sont totalement ou de facto indépendants ; à cette époque, il est connu sous le nom de Royaume de Djolof.
Après la bataille de Danki en 1549, les royaumes sérères rejetèrent le joug du Djolof et retrouvèrent leur indépendance. Les Sérères font partie, avec d’autres, de la région qui est devenue Djolof initialement habitée par les Soce puis par les Sérères, qui sont chassés vers le sud par les Wolof au 13e siècle“, révèlent ainsi les Encyclopédies.
Certes, la bibliographie sur les légendes et contes sérères sont légion, comme les variantes sérères elles-mêmes, du Nord, de Mont-Rolland, Safi, Ndut, Sine, Saloum, Ndiosmone, au fond le Sérère premier habitant qui a accueilli les autres est devenu troisième au niveau démographique après le Wolof et le Peul qu’il a pourtant installés et logés, de la Mauritanie à la Gambie, en plus du Sénégal.

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Déthié Faye

Sérères du Djolof un jour,

Sérères du Djolof toujours

Après le passage des Sérères au Fouta et au Djolof venant d’Égypte, il y’a eu dans une période plus récente un retour progressif de Sérères au Djolof.
Le premier peuplement est noté vers les années 1939-1940.
Les premiers déplacements connus ont eu lieu dans des villages situés dans la commune de Dealy                (Loumbouwalbé, Woyloré..)
A cette époque, les conditions de vie étaient particulièrement difficiles :
– Pas de points d’eau si ce ne sont les “séanes” qu’on creusait et qui tarissaient rapidement
– cohabitation avec des animaux sauvages tels que hyènes, chacal…
– contribution obligatoire à l’effort de guerre

Ces difficultés avaient obligé certaines familles à retourner au Baol.
Bien après, pour les besoins de conditions favorables à l’élevage et à l’agriculture, les Sérères ont progressé à l’intérieur du Djolof en s’implantant progressivement et massivement dans les zones de Gassane et de Thiel.
La présence des Sérères au Djolof a favorisé un brassage culturel et une intégration qui ont renforcé le sentiment de parenté et la solidité du cousinage à plaisanterie. Ce brassage fait que chaque ethnie parle couramment la langue de l’autre.

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Avec un réel savoir-faire, les ancêtres ont réussi à préserver le patrimoine immatériel des vestiges historiques des villages sérères du Djolof traditionnel ; le gestuel et le langage vernaculaire conservent leur dimension poétique : les gros arbres, les grands canaris remplacés petit à petit par des puits dispersés dans des espaces polarisant une vingtaine de points d’eau améliorés, des poulets qui se remuent hors de leur basse-cour, ces détails notés dans nos carnets durant les étapes  des campagnes électorales dans les contrées du Djolof administratif mettent en évidence l’intérêt et l’avantage de ressusciter la séduction adossée sur la publicité autour de l’appel des intellectuels sérères.

Ce peuple de l’eau symbolise par sa migration Nord-Sud le dessèchement du centre du Sénégal à la suite de l’arrêt des écoulements dû au dragage du fleuve pour le rendre navigable et à l’isolement du centre du Sénégal à la suite du bouchon de Keur Momar Sarr.

Les autorités politiques et municipales du Djolof retracent en effet la présence du Sérère depuis Déaly, en sortant de Touba en direction de Linguère, mais plus singulièrement à Thiel et à Gassane. Or, l’analyse du réseau hydrographique enseigne que Thiel et Gassane sont la source du Sine révélée par le Programme de revitalisation des Vallées fossiles et diverses autres études dont Claveau-1. Ce peuple d’agriculteurs et d’éleveurs a donc littéralement suivi l’eau dans son dépérissement du nord au sud.

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1 : (Le Ferlo des forages-Horizon, horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers15-06/010004749.pdf, JO de l’AOF, Supplément du 4/4/1914 par Claveau).