GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Diourbel: Un couvre-feu sous la bénédiction de Serigne Mountakha Mbacké ? Page réalisée par Habib KA, Bureau régional Matam

Le soutien du vénéré et respecté  Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, khalif général des Mourides  au président de la République Macky Sall «pour son  profond respect à la Cité religieuse, Touba »  semble ouvrir la voie à une extension du couvre-feu à Diourbel et à Touba.

Les manifestations de rue du 3 juin 2020  qui révèlent le mal-vivre des populations de la troisième région la plus touchée par la Covid-19 après Dakar et Thiès ; il n’empêche : avec le soutien du Khalife qui estime que « le couvre-feu est un mal nécessaire et une mesure légitime », rien ne s’oppose désormais à l’extension des restrictions sur l’ensemble du territoire national.

Au 20 janvier 2021, la région de Diourbel présentait ces statistiques :

  • décès : 102 sur les 536 au niveau national,
  • cas recensés : 1.200
  • taux de létalité : 8,5% contre 2,3% de la moyenne nationale.

En plus, les cas communautaires prennent des dimensions démesurées qui imposent nécessairement une réactivation stricte des mesures barrières en attendant un probable vaccin, “un levier incontournable” dans le contexte actuel, selon Dr  Mamadou Dieng, médecin-chef du District de Diourbel.

La situation des régions à forte densité de population se présente ainsi. Outre Diourbel, objet de notre analyse, les régions de Kaolack, Saint-Louis, Louga, Ziguinchor, voire Matam risquent de connaître des pics très élevés, si des mesures coercitives hardies ne sont pas prises à temps.

  • Dakar : 3.732.284 habitants
  • Thiès : 2.105.707
  • Diourbel : 1.801.991
  • Kaolack : 1.155.433
  • Saint-Louis : 1.063.542
  • Louga : 1.032.642
  • Mbacké à elle seule polarise 1.118.849 âmes.

Depuis le premier cas importé, attesté le 02 mars 2020, le Sénégal fait face à la pandémie Covid-19. Aussi, depuis un certain temps, autorités sanitaires et populations sont confrontées à une autre difficulté plus complexe : le cas communautaire de la transmission du virus.

Pour être la troisième région la plus touchée par la Covid-19 après Dakar et Thiès, les activités économiques, commerciales de Diourbel furent secouées, perturbées structurellement par les effets collatéraux de la pandémie de la Covid-19. Si bien que le secteur informel qui tirait toute sa substance dans ce vivier était à bout, obligé donc trois mois après de sortir clamer son indignation face au couvre- feu et à l’état de siège décrétés qui plombaient toute activité économique.

C’est dire que les mesures restrictives prises par les autorités pour freiner la propagation de la pandémie ont entraîné des conséquences négatives sur le vécu social des populations en quête d’une hypothétique dépense quotidienne, si l’on sait que le gorgorlu national vit au jour le jour. Une donnée sociologique qui avait certainement échappé à l’attention des décideurs publics.

Des manifestations de rue à Touba et à Diourbel le mercredi 03 juin 2020 où des édifices publics ont été saccagés, combinées à celles de nuits à Dakar sur les artères de Parcelles Assainies, Usine Ben Taly, Grand-Dakar, Médina, l’État du Sénégal était obligé de lâcher du lest en décrétant la levée de l’état d’urgence et du couvre-feu sur toute l’étendue du territoire ainsi que la levée de l’interdiction de circuler entre les régions.

Selon le reportage du journaliste Jacques Deveaux de France Télévision-Rédaction Afrique, le Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, est intervenu en personne pour inviter le retour au calme avec toute son autorité : “Je ne permettrai plus que des personnes se mettent à violer la sacralité de cette cité pour quelque raison que ce soit. Quiconque se hasarderait de passer outre cette recommandation me verra sur son chemin” et d’apporter clairement son soutien au président de la République qui, selon lui, “voue un profond respect à la Cité religieuse, Touba”. Quant au couvre-feu, Serigne Mountakha Mbacké le considère comme “un mal nécessaire et une mesure légitime” pour lutter contre la pandémie.

Aujourd’hui, la Covid19 fait des ravages parmi les populations, les communautés et comment venir à bout de ce tueur sans lui déclarer la guerre à mort ? S’il faut aller à un couvre-feu repensé dans la région de Diourbel, pourquoi pas ? D’autant plus que le Khalife Général Serigne Mountakha Mbacké a posé tous les jalons d’une déclaration de guerre contre la pandémie.

Il s’agit pour nous de lire et comprendre ses faits, gestes. Très tôt, sur son ordre, Touba a contribué financièrement au combat. Puis, le Khalife nous apparaît en plus de son traditionnel turban, portant toujours un masque, et qui lui va. Il avait aussi décrété une suspension des visites pendant quinze jours. Tout ceci constitue des signaux forts que Touba s’engage sereinement, sans équivoque, dans le combat de tous pour vaincre la Covid.

Face à la deuxième vague, la rigueur imposerait la reconduction systématique de toutes les mesures barrières, quel qu’en serait le prix, et la prise de nouvelles autres mesures coercitives pouvant endiguer la pandémie.

Ces mesures aussi contraignantes qu’elles soient pour les citoyens, sont cependant la condition sine qua non pour freiner la propagation du virus.

[sdm_download id=”4009″ fancy=”0″]