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Diamalaye, Camberene et Ouakam: Trois pôles triangulaires de divinité et de spiritualité Ndiapaly GUEYE

Repères et repli identitaire d’une communauté en sursis, il aura beaucoup été question pour la collectivité léboue en procédure d’urgence de se retrouver en conclave pour enfin poser les vrais problèmes auxquels ses populations sont confrontées. Malmenée de toute part, cette collectivité continue de souffrir le martyr sur ses propres terres. Face à cette boulimie foncière, côtière et halieutique avec, pour être plus exhaustif, l’érosion côtière, la situation continue à s’empirer chez les nobles populations locales de la presqu’île du Cap-Vert.

Plus d’espaces d’épanouissement culturel, sportif, économique, chez la communauté lébou, contrairement à ce que des générations entières nées avant les indépendances auront eu la chance de connaître. Cette collectivité aura commis la grosse erreur d’avoir confié son destin à des leaders politiques lesquels une fois à la magistrature suprême leur tourneront le dos en se dressant contre leurs patrimoines fonciers. C’est ainsi qu’ils se verront spoliés de leurs terres, de leurs domaines maritimes, de leurs milieux d’expression naturels aux conséquences désastreuses. En effet, cette situation si alarmante est la résultante de la fragilisation d’une conscience collective naguère forte qui aura toujours caractérisé cette communauté.

Jamais l’autorité coloniale, la France pour ne pas la nommer, aura usé de son autorité pour bafouer les intérêts de la collectivité lébou de la presqu’île du Cap-Vert. Des rapports de gentlemen-agreement, des relations de civilité ont toujours existé entre ces deux entités. Les colons ont toujours respecté les contrats de location foncière et domaniale les liant à cette communauté. Même certains rites totémiques étaient sauvegardés par les autorités coloniales.

La relation de subordination entre le Lébou et une autorité centrale n’est pas foncièrement ancrée dans la conscience collective des membres de la communauté. C’est plus tard qu’ils adhéreront pour la plupart à la confrérie musulmane soufie layène, qui est bien implantée à Yoff–aujourd’hui une commune d’arrondissement de Dakar–et dont le fondateur est Seydina Limamou Laye (PLS). Il est né à yoff en l’an 1261 de l’Hégire (1843) sous le nom de Limamou Thiaw, fils de Alassane Thiaw et de Coumba Noye surnommée Coumba Diaguatta (Diaguata comme sociable), au beau milieu d’un paganisme triomphant qui déployait ses activités sous le regard impuissant d’un Islam superficiellement assumé.

Il était un pêcheur comme tous les Lébous et pratiquait l’agriculture aussi. Son enfance se déroula sans incident majeur ; cependant il ne manqua guère d’attirer l’attention de son entourage par son comportement sociable, sa promptitude à rendre service, ses qualités morales, sa piété, son amour de la propreté, son sens de l’hospitalité…

À l’âge de quarante ans, il perdit sa sainte mère. Deuil cruel qui le frappa le 27 du mois lunaire Rajab. Après trois jours de mutisme et d’isolement, il lança son Appel à Dieu ce dimanche matin Premier du mois de Chaban 1301 (24 mai 1883) aux hommes (Nitt en wolof) et aux jins (jinns en wolof) en disant lui-même qu’il est l’envoyé de Dieu et n’est autre prophète que Mouhamed de La Mecque. Il dit qu’il est revenu d’entre les morts et est le Mahdi, le prophète tant attendu à la fin des temps (Moudiouck diamono) en wolof (Ahiru jaman) en arabe. Il les appelle à pratiquer l’Islam à la modestie aux bonnes pratiques et surtout à la socialisation. Ainsi son audience croissante lui vaut, en 1886, un exil à Nguédiagua en Malika pour trois (3) jours et à Gorée pendant trois (3) mois. Des témoignages oraux affirment que le saint homme n’a jamais été photographié. C’est-à-dire qu’une fois pris en photo, rien n’apparaissait, comme le saint prophète Mahomet.

Cette communauté basée pour l’essentiel à Dakar a pour capitale Yoff. Un des éléments d’originalité de cette branche islamique est le renoncement volontiers aux patronymes habituels au profit d’un nom commun (Allah-Lahi) Dieu en français, devenu par déformation (Laay).

Son fils et digne héritier Seydina Issa Rouhoullah étendra ses tentacules à Cambérène, toujours en bordure de mer, face à ce géant bleu Atlantique, avant qu’un des leurs, appartenant à la même communauté lébou de Ouakam, feu Mohamed Seyni Guèye, ” Sang” “le choisi” ou ” le préféré” ne vienne boucler la boucle des cadeaux divins avec cette maquette divine tombée du ciel : ” la Mosquée de la Divinité”, une des 7 merveilles du monde. N’est-ce pas assez suffisamment évocateur et convaincant pour cette communauté lébou à s’approprier ces héritages spirituels qui n’existent nulle part ailleurs ?

Ndiapaly GUEYE,

journaliste indépendant, lanceur d’alerte,

email: ndiapalygueye@yahoo.fr