GMT Pile à l'heure, Génération Média&Technologies,la ligne du Devoir.

« Une ligne éditoriale très soixante huitarde, une approche iconoclaste sur fond de culture humaniste ».

Développement : Ces oubliés du Panafricanisme

Le panafricanisme politique

Ces sommités émérites

laissées en rade

De notre correspondant en France

Dans ce pays qu’est le Sénégal, il m’est difficile de comprendre comment on peut  laisser en rade des sommités émérites, économistes de talent, intellectuels rigoureux et panafricanistes jusqu’au bout des ongles dans la marche de notre développement économique et culturel.
Quelle perte énorme que de ne pas à chaque régime, s’approprier pendant qu’il est temps, les connaissances de ces géants que sont le professeur Chérif Salif Sy et beaucoup de ses congénères panafricanistes !
Quand bien même le panafricanisme fut, entre les deux guerres, un mouvement beaucoup plus culturel que politique, la politique n’en fut jamais absente : dès le départ, il y avait une coloration politique qui se ravivait selon le contexte historique.
Les congrès panafricains qui se tinrent jusqu’en 1927 traitaient déjà de thèmes politiques, depuis les invites à l’égalité raciale jusqu’aux pétitions et revendications pour la liberté et l’autodétermination en faveur des Africains présentées à la SDN et aux puissances coloniales.
Certes, les quatre premiers congrès panafricains n’eurent presque aucun effet concret immédiat, comme en témoigne cet aveu de Du Bois lui-même lors du quatrième congrès : ” Il s’agit d’un geste vide destiné à garder vivante l’idée du panafricanisme.” Mais l’action de Du Bois ne fut pas totalement vaine. Malgré l’interruption des congrès panafricains et la conjoncture politico-économique difficile de la fin des années vingt, le panafricanisme ne cessait de se développer.
L’étincelle politique était entretenue par les grands évènements de l’heure telles la crise économique, la montée du fascisme et du nazisme en Europe, et surtout la guerre d’Espagne et l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie.
Tout cela amena les Noirs à renforcer leur solidarité. C’est l’Angleterre, avec Londres, une des places fortes de la “Diaspora noire” (Africains et Antillais) qui allait être le cadre de cette fermentation. La population noire des grandes villes britanniques allait ressusciter le mouvement panafricain par la création d’associations qui vont prendre la relève des congrès panafricains de Du Bois. Ainsi naquit l’association internationale des Amis Africains d’Ethiopie (IAFA). En 1934, deux missions politiques de la Gold Coast, celle des chefs traditionnels et celle de la Société pour la Protection des Aborigènes, vinrent revendiquer auprès du Colonial Office une réforme constitutionnelle pour leur pays. Pour sensibiliser l’opinion publique anglaise, la communauté noire de Londres mit sur pied un comité ” ad hoc” chargé des deux missions pendant la durée de leur séjour. Un an après, c’était l’agression de l’Italie fasciste contre l’Éthiopie (IAFA). Son objectif était de défendre la souveraineté de l’Éthiopie et de gagner l’opinion publique britannique à la cause éthiopienne. Parmi les membres de cette association figuraient Moire, Wood, Dr Danquah, avocat originaire de la Gold Coast, ainsi que Cyril Lionel Rovert James, écrivain et journaliste de Trinidad, Péter Milliard, Guyanais, futur président du comité d’organisation du Ve Congrès panafricain, fervent militant panafricaniste, Jomo Kenyatta, Mme Amy Garvey (épouse Marcus) et George Padmore, écrivain et journaliste de Trinidad. 

L’IAFA eut une existence éphémère.
Est-il qu’à croire docteur Amadou Lamine Faye, ancien ministre, le combat pour le panafricanisme à de beaux jours devant nous ? L’essentiel est d’arriver enfin à une indépendance totale du continent par le biais d’une vraie solidarité entre les peuples Africains.

Tidiane SENE,

Toulouse