Covid-19 : Le Pèlerinage D’Un Virus
Covid-19
Des pèlerins arrivent à l’aéroport avec le virus
La panique s’installe chez les personnes souffrant de maladie chronique
Le coronavirus est de retour au Sénégal. L’arrivée des pèlerins a permis de détecter des cas positifs. Une nouvelle vague de crainte secoue les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies chroniques. Les mesures barrières pour éviter la propagation du virus nécessitent l’interdiction des rassemblements, surtout des ganalés que les Sénégalais apprêtent fièrement, conviant des personnes venues de part et d’autre dans le pays.
Par Khadidiatou GUEYE Fall,
Cheffe du Desk Société
Le pèlerinage à La Mecque cette année 2024 a été marqué par des événements remarquables : plusieurs pèlerins ont perdu la vie à cause de la forte chaleur qui persistait en Arabie Saoudite ; à ce drame s’ajoute une détection de cas de coronavirus parmi les pèlerins sénégalais. En fonction des vols, un taux de positivité de 20 à 60% a été détecté chez les pèlerins sénégalais à l‘aéroport international de Blaise Diagne. Pour le moment, l’hypothèse d’une épidémie n’est pas encore évoquée. Mais certains Sénégalais se
sentent déjà menacés. Entre port de masque et respect des normes d’hygiène, certains citoyens prennent dès à présent les mesures de prévention.
Mohamed Sadbou n’espère pas attendre que les autorités recommandent des mesures barrières. Dès l’annonce des cas positifs notifiés parmi les pèlerins, il s’est muni des masques. “J’ai aussitôt acheté des masques quand j’ai appris la nouvelle; je prends juste mes dispositions vu que je suis en état de convalescence : j’étais grippé depuis deux semaines”, confie Mohamed Sadbou, un père de famille âgé de 35 ans. Pour lui, il faudrait mieux prévenir la maladie car “la pandémie a emporté beaucoup de proches”.
Retrouvée dans son salon adossée sur un coussin, Gnagna, une dame de 58 ans expose ses craintes face aux cas positifs signalés parmi les pèlerins. “J’ai vraiment peur que le covid revienne et que la situation se présente encore. La maladie avait tué plusieurs personnes affectées. j’en connais certains. et la plupart souffrait de maladie chronique. Ça me fait peur car je suis diabétique”, soutient madame Seck.
Pour prévenir la contamination, elle a décidé de renoncer aux ganalés prévus par certaines de ses connaissances et amis : ” Je ne peux aller à ces ganalés, ma santé est plus importante“. Après cette mesure, Madame Gnagna Seck décide de rester chez elle tout en respectant les mesures d’hygiène, c’est-à-dire port de masque et utilisation de gel hydroalcoolique.
Sokhna Ndiaye, une grande dame de la cinquantaine, avoue que la covid est un virus avec lequel on ne négocie, mais cela ne peut l’empêcher d’assister au ganalé. “Franchement, je suis pour le respect des mesures de prévention, mais je ne peux pas ne pas y aller au ganalé de ma cousine. Je porterai un masque et utiliserai du gel hydroalcoolique pour éviter de choper le virus” prévoit elle, l’air d’une vraie fêtarde.
Depuis l’annonce de cas de Covid décelés chez les pèlerins, des Sénégalais portent des masques dans les bus, au marché. Cette mauvaise nouvelle ne semble pas affecter les vendeurs de masques qui commencent à bien se frotter les mains, même si les conditions d’une épidémie ne se sont pas encore présentées pour parler de crise sanitaire.
Khadidiatou GUEYE Fall
Moins cérémonieux à Louga
A Louga, rapporte notre correspondant Mamadou Mansour Diène, tout est moins cérémonieux, des bains de foule canalisés avec le syndrome de la Covid19 limitant les festins, les dons de cadeaux et les ganalé.
Longtemps sous le choc : on a embrassé la Kaaba, salué et prié le Prophète Mohamed (Psl). Au souvenir des pèlerins longtemps confinés à l’aéroport et des consignes fermes des autorités. Egalement le traumatisme des Adja et Hadji avant l’embarquement pour des vols retardés par des couacs. Par un retour successif de ces images : l’effet multiplicateur des médias a glacé l’enthousiasme des ziarras et des ganalé : on s’est tout juste contenté de recevoir modérément les parents revenus auréolés de ces titres prestigieux. Tous les talibés dans des tenues miteuses sont repoussés, les embrassades évitées par précaution, les masques enlevés quelques minutes par prudence, les poignées de mains rares.
Mamadou Mansour DIENE