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Course pour la présidentielle de 2024: Macky réveille les gros appétits Une analyse de Habib KÂ, Bureau régional, Matam, Thilogne

Depuis sa phrase tirée du nez par des gens de la société civile qu’il rassurait d’un “Je n’ai jamais dit que je serai candidat pour un troisième mandat”, les esprits commencent à se délier, faisant renaître chez certains des ambitions étouffées. Qu’ils soient de son entourage très proche, de la mouvance présidentielle incarnée par l’alliance inaltérable de Bennoo Bokk Yaakaar, des derniers ralliés, le président du Conseil économique, social et environnemental, Idrissa Seck, du ministre des Mines et de la Géologie, Oumar Sarr, tous rêvent du fauteuil présidentiel dans leur for intérieur. Il n’est pas interdit d’avoir des ambitions démesurées encore faudrait-il qu’on ait l’étoffe et les reins bien solides pour le confirmer chaque jour davantage sur le terrain politique. N’est pas président qui veut, même s’il bénéficie du soutien de l’appareil du parti et de l’onction du président de la République.

Dans l’autre camp, celui des opposants, Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall notamment, le message est reçu 5 sur 5.

Ils souhaitent de tous leurs vœux la mansuétude du chef de l’État Macky Sall pour une signature qui les réhabilite, une amnistie qui rétablit leurs droits civiques dès maintenant pour être sûrs qu’ils seront dans les starting-blocks à la ligne de départ pour la Présidentielle de février 2024.

Que dire des chances de Idrissa Seck ? Minces, infimes. Il a abattu sa dernière carte, son deal avec le très calculateur, le fin et froid politique Macky Sall, mais, malheureusement pour lui, l’ouragan sonkogate est venu tout déconstruire, tout aplatir. Son contrat, s’il avait contrat avec le président de l’Alliance pour la République, est devenu caduc, sans objet.

Il ne peut plus compter sur les partis et mouvements, (ils ne sont pas des moindres) qui avaient soutenu la coalition IDY 2019. Côté APR et BBY, ils ne seront pas nombreux à miser sur un transfuge de surcroît très tortueux et imprévisible.

La candidature de Idrissa Seck serait irrecevable dans l’APR selon un dicton bien de chez nous qui enseigne que “gan du yeewi bey”.

Aussi, le bon sens voudrait que le candidat de Macky Sall soit un membre fidèle et constant issu de son parti.

Quid des militants, fidèles parmi les fidèles, membres de première heure de l’Alliance pour la République (APR) prêts ou à préparer pour porter la candidature du parti et de la grande coalition BBY ?

Nous avions à l’époque donné notre avis dans le Devoir édition du jeudi 22 octobre 2020 titré “PRIMATURE, ALY NGOUILLE, LA BONNE BOUILLE” où figuraient, outre le maire de Linguère le Directeur de Cabinet du président de la République Augustin Tine, le ministre des Affaires étrangères Amadou Bâ, le ministre de l’Économie Abdoulaye Daouda Diallo.

Il reste que le rétablissement du poste de Premier ministre est devenu impératif, non seulement pour le président de la République d’être hors de la mêlée mais aussi pour lui, d’accélérer la cadence pour finir certains grands travaux notamment le Train Express Régional (TER), le Bus Rapid Transit (BRT) entre autres, et initier d’autres grands projets structurants. Le président aura l’occasion sereinement, en toute responsabilité, en toute impartialité de gérer et d’administrer tous les conflits de la période transitoire d’ici 2024.

Il faut reconnaitre que le sonkogate a rendu involontairement service au chef de l’État, bunkerisé dans sa tour virtuelle d’ivoire, sans connaissance du vécu de la jeunesse, ses ressentis, ses attentes des pouvoirs publics. Les femmes, veuves, mères de familles, célibataires en quête de la dépense quotidienne et qui ne rechignent pas de faire aucun petit boulot, même les plus pénibles, pourvu qu’elles rentrent tard le soir avec quelque chose à se mettre sous la dent.

Désormais, il a une lecture assez objective du pays, de ses contradictions, qu’il peut rassurer qu’il ne fera point d’erreur, du moins de grosses erreurs.